Plusieurs localités ont manifesté ces derniers jours au Sénégal pour réclamer la fin du couvre-feu en vigueur depuis la dernière semaine de mars. A Touba, capitale de la confrérie Mouride, à 230 km au Nord-Est de Dakar, un centre de traitement des malades du Covid-19 a été attaqué, une ambulance incendiée et des véhicules des forces de l’ordre saccagés.
Le khalife général de la confrérie des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, est intervenu à la télévision dans la nuit du 2 au 3 juin pour demander l’arrêt des manifestations dans sa ville, deuxième agglomération du pays avec plus d’un million d’habitants. «Le couvre-feu est pratiqué presque partout dans le monde dans ce contexte de covid19. C’est un moyen de lutte contre la propagation de cette pandémie. Par conséquent, c’est une mesure légitime. Certes, nous savons que ses conséquences sont dures. Mais il faudra que tout le monde sache que c’est un mal nécessaire. Le Président de la République voue un profond respect à la cité religieuse de Touba. Et ses attitudes au quotidien le précisent à suffisance», a dit le plus haut responsable de la confrérie.
Autre lieu ayant bravé le couvre-feu, Kaolack, à environ 200 km au Sud de Dakar où des jeunes ont brûlé des pneus. De même, dans certains quartiers de Dakar, des jeunes ont bruyamment manifesté avant d’être dispersé par les forces de l’ordre.
Ces mouvements sporadiques traduisent le ras-le-bol contre les mesures restrictives et le couvre-feu en vigueur depuis le 23 mars entre 21 heures à 5 heures du matin. Prolongé jusqu’à fin juin alors que le chef d’Etat avait annoncé, le 11 mai, un assouplissement des mesures comme l’ouverture des lieux de culte, cette interdiction de circuler sera-t-elle levée pour cause d’impopularité ?
Critiqué ces derniers jours dans sa gestion de la pandémie par une opposition qui a rompu l’union sacrée instaurée à la suite de l’annonce du premier cas, le 2 mars dernier, le président Macky Sall vient de repousser l’ouverture des classes à une date ultérieure. L’annonce intervenue tard, le le 1er juin, à la dernière minute, après la découverte du cas de 10 enseignants infectés au covid-19 en Casamance, a été diversement appréciée.
L’opposition tire à boulets rouge
«L’autorité doit s’assumer. Un président doit être une autorité qui s’assume. Nous l’avons tous vu. L’Etat dit ceci d’autres font ce qu’ils veulent», indique l’opposant Barthélémy Dias, le maire de Mermoz-Sacré Coeur sur les ondes Rfm. En raison de la ‘’cascade d’hésitations et de cafouillages’’ dans la gestion de la pandémie de Covid-19, ‘’on est tenté de se demander si le régime en place dispose réellement d’une stratégie de riposte contre’’ cette maladie, écrit pour sa part Sud Quotidien.
Abondant dans le même sens, Le Témoin titre: « l’incompétence du gouvernement est mise à nu’’. ‘’Sans être cynique, affirme ce journal, il convient de dire que la découverte de cas des cas positifs de Covid-19 chez des enseignants a été du pain bénit pour les autorités, leur permettant d’ajourner la reprise des cours parce que beaucoup d’éléments essentiels du protocole sanitaire’’ n’étaient pas réunis.
Au 3 juin, le pays comptait 3932 cas positifs dont 2063 guéris, 45 décès et 1823 encore sous traitement.