Dans son dernier rapport trimestriel, Euler Hermès estime que la pandémie Covid-19 est susceptible d’intensifier le risque social systémique élevé en Afrique dans un proche avenir, « en raison des soins de santé très faibles combinés à des prix des produits de base actuellement bas, ce qui réduit la capacité des gouvernements à réagir par des mesures de relance budgétaire à la crise ». Dans l’ensemble, il ne peut être exclu que plusieurs manifestations publiques puissent avoir lieu à travers le continent dans la seconde moitié de 2020 à 2021, indique Euler Hermès qui signe son rapport avec l’assureur Allianz.
Maurice, qui se classe au 52 ème rang, est le seul pays avec un indice d’un peu plus de 50 dans la région. Dans l’ordre décroissant, voici le classement africain, allant de Maurice, pays le plus stable au regard de ce critère au Nigeria, le moins stable: Maurice (51 points); Egypte (47); Tunisie (46); Tanzanie (44,9); Ghana (44,2); Senegal (42,4); Kenya (42); Algérie (41,8); Afrique du Sud (41,1); Gabon (40,6); Côte d’Ivoire (40,6); Maroc (37,6); Cameroun (37,5); Ouganda (37,2); RDC (27,4); Angola (27,1); Nigeria (19;8)
L’indicateur de risque social à la base du rapport identifie les pays qui sont particulièrement vulnérables aux risques sociaux systémiques tels que le mécontentement social, les manifestations et les protestations. Celles-ci auront un impact sur l’orientation politique et l’élaboration des politiques d’un pays, de ses entreprises et de sa capacité à générer et à attirer des investissements.
« L’épidémie de Covid-19 a accru, à notre avis, les inégalités sociales en Afrique », indique le rapport. L’impact financier est très négatif pour de nombreux ménages et entreprises à travers le monde, ce qui pourrait conduire à une nouvelle vague de mécontentement social. On peut donc craindre un renforcement significatif du risque social dans de nombreux pays cette année », analyse Ana Boata, directrice de la recherche macroéconomique chez Euler Hermes.
Marchés émergents: disparité régionale du risque social
Chez les pays émergents, la situation est hétérogène. Dans les pays émergents d’Europe, le risque social est modéré, 12 des 18 pays ayant un score ISR supérieur à 50, dont neuf avec un score supérieur à 60. Le pays le plus vulnérable aux troubles sociaux dans la région est la Turquie avec un ISR de seulement 38,8, en deça de celui de l’Afrique du Sud. Les facteurs contributifs comprennent la dépréciation continue de la monnaie, la faible participation à la population active, l’instabilité politique et l’inégalité des revenus.
En Asie émergente, sept pays sur 14 ont un score ISR inférieur à 50; y compris la Chine (49,3). Généralement, ces pays ont des conditions d’emploi et de revenu défavorables et une faible perception des institutions publiques. Cela suggère une vulnérabilité importante aux troubles sociaux systématiques à l’avenir. Au Moyen-Orient, la situation est inégale, certains pays présentant un risque social systémique très élevé, comme l’Iran (28,7), tandis que d’autres semblent moins exposés, comme le Qatar (66,9). Le risque social est particulièrement élevé en Amérique latine. Presque tous les pays obtiennent un mauvais score ISR dans ces régions. « Nous nous attendons à une vague de protestations publiques à travers l’Amérique latine au cours des 18 prochains mois environ », indique le rapport.
En clair, les auteurs disent s’attendre en 2021 à un renforcement modéré des risques sociaux au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Belgique, et à un fort renforcement des risques sociaux en Amérique latine et dans certains pays africains et au Moyen-Orient.
Les pays à faible risque
Sans surprise, toutes les économies avancées figurent parmi les 35 pays présentant le risque social le plus faible. Le Danemark occupe la première place du classement avec un score SRI de 82,5, devant la Finlande (81,3) et la Suède (78,1). L’Allemagne (76,5) occupe la 5e place, suivie de l’Autriche (76,9). L’Italie (30e – 63,9) et la Grèce (35e – 61,4) figurent parmi les pires de ce groupe de pays. Malgré son classement, le score de la Grèce reflète une amélioration de + 6,2% par rapport à il y a cinq ans lorsque le pays était en pleine crise de sa dette souveraine. De même, l’Italie s’est améliorée de + 2%. Dans les deux pays, l’amélioration est due en partie à une croissance plus forte du PIB réel par habitant au cours des trois dernières années et à de meilleures conditions d’emploi. Bien que nous nous attendions à ce que l’ISR des deux pays se détériore à la suite de Covid-19, l’ISR des deux pays ne devrait pas tomber en dessous des niveaux de 2015, également parce que les mesures de relance locales et européennes devraient atténuer les effets négatifs sur les économies.
Les États-Unis sont classés 23e avec un ISR de 66,4. Des faiblesses sont observées dans la participation au marché du travail, l’égalité des revenus, les dépenses publiques et la confiance dans le gouvernement. En revanche, le pays obtient de bons résultats sur la stabilité politique, l’efficacité du gouvernement, la perception de la corruption, la croissance par habitant et la faible part des importations de marchandises dans le PIB.
Un commentaire
Qui est Euler hermès? (Pas besoin de répondre).
Surtout que disent les africains eux-mêmes?