Alors que trois des quatre auteurs de l’étude controversée publiée dans le Lancet sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine se rétractaient jeudi soir, une nouvelle étude apporte des conclusions tout aussi défavorables au protocole associant la molécule au traitement contre le nouveau coronavirus. L’hydroxychloroquine ne montre « pas d’effet bénéfique » pour les malades du Covid-19, selon les responsables de l’essai clinique britannique Recovery dans un communiqué du 5 juin 2020.
Les auteurs ont décidé de l’arrêt « immédiat » de l’inclusion de nouveaux patients pour ce traitement. Selon le communiqué diffusé sur le site de l’essai clinique, un essai randomisé a été mené sur 1 542 patients traités à l’hydroxychloroquine.
Recovery est un essai clinique contrôlé et randomisé (patients choisi par tirage au sort), méthode d’expérimentation considérée comme la plus solide pour tester des médicaments. Il est mené au Royaume-Uni sur plus de 11.000 patients de 175 hôpitaux pour évaluer l’efficacité de plusieurs traitements contre le Covid-19. Les tests sur les autres pistes de traitement continuent.
La partie hydroxychloroquine a concerné 1.542 patients ayant reçu la molécule, comparés à 3.132 patients ayant bénéficié d’une prise en charge standard. Les chercheurs concluent qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes ni pour la mortalité à 28 jours, ni pour la durée d’hospitalisation. “C’est décevant que ce traitement soit inefficace mais cela nous permet de nous concentrer sur les soins et la recherche sur des médicaments plus prometteurs”, a commenté Peter Horby, principal responsable de l’essai.
L’étude Recovery a testé sur les autres patients les traitements suivants : le Lopinavir-Ritonavir (un traitement utilisé contre le VIH), l’Azithromycin, le Tocilizumab (un anti-inflammatoire), le Dexamethasone à faible dose et l’injection de plasma provenant de personnes guéries du Covid-19 et présentant des anticorps. Les résultats de ces tests ne sont pour le moment pas complets. Recovery, essai clinique majeur dont les résultats étaient très attendus, était l’un des seuls à n’avoir pas suspendu ses tests sur l’hydroxychloroquine après une étude controversée du Lancet, depuis retirée, qui pointait du doigt l’inefficacité voire l’effet néfaste de la molécule controversée.