Par George Orido, Nairobi.
Denise Bucumi est-elle définitivement tirée d’affaire ? La veuve du président burundais Pierre Nkurunziza est sortie d’un hôpital de Nairobi où elle était soignée pour une affection sous-jacente après avoir contacté la Covid-19 alors que son mari a succombé à ce qui est officiellement présenté comme une « crise cardiaque »,’ il y a deux jours à Karuzi, dans l’est du Burundi. La veuve du président rentre dans son pays gagné par une psychose générale due au coronavirus.
Le destin semble suivre en effet la famille présidentielle. La propre mère du président Nkurunziza, Domtille Minani, est décédée des suites du coronavirus selon les informations. Par ailleurs, le président élu, Evariste Ndayishimiye, aurait été admis à l’hôpital Bumureki de Bujumbura alors que le président du Parlement, qui se présenterait au cas où le président ne serait pas en mesure de s’acquitter de ses fonctions constitutionnelles, est également malade.
Ces développements ont plongé le pays dans la panique et la confusion pour les décès et les maladies liés au coronavirus après que le regretté Nkurunzinza ait rejeté la pandémie COVID-19, refusant d’appliquer les mesures de distanciation sociale, ordonnant au championnat de football de reprendre et, dans un grand moment de poussée démagogique, décidé d’expulser les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du pays. Fervent chrétien, Pierre Nkurunziza avait placé le Burundi sous la protection céleste et organisé des présidentielles qui ont permis à son poulain de remporter le scrutin, ouvrant une alternance somme toute démocratique.
Du reste, la version officielle est toujours de mise. Le communiqué de la State House Burundi indique que Nkurunzinza est décédé d’une crise cardiaque « Le président sortant est tombé malade samedi après-midi après avoir assisté à un match de volley-ball », lit-on dans la déclaration laconique.
Nkurunzinza est décédé à l’âge de 55 ans après avoir gouverné la petite nation, jumelle du Rwanda, pendant 15 ans par un coup d’État militaire blanchi plus tard par le jeu de la démocratie. L’homme fort de Bujumbura laisse un pays par terre, en conflit avec les donateurs et en tensions avec certains de ses voisins. Avec une population jeune de plus de 11 millions de personnes et un PIB de 3,037 milliards USD en 2018 selon les statistiques de la Banque mondiale, le Burundi peut rebondir.