Le président malien Ibrahima Boubacar Keita (IBK) a renouvelé sa confiance à son premier ministre, Dr Boubou Cissé, jeudi 11 juin, aussitôt que le gouvernement ait rendu son tablier comme conséquence logiques aux législatives tenues fin mars et début avril. La lettre de démission du gouvernement, intervenant cinq jours après une manifestation impressionnante d’une coalition de mouvements et partis politiques entrainés sous la bannière de l’imam Mahmoud Dicko au cri de « IBK dégage », laisse entrevoir une manoeuvre politique à ranger dans la catégorie des « je vous ai compris » du Général de Gaulle.
Dans les ajustements importants attendus, le chef de l’Etat malien semble dire que tout est négociable…sauf Dr Boubou Cissé, nommé le 22 avril 2019, suite au départ de Soumeylou Boubeye Maïga, et salué par sa « loyauté et son sens élevé du devoir », ainsi que mentionné dans un communiqué diffusé à la télévision malienne (ORTM). Aussi peu politicien rompu aux manoeuvres des alliances politiques que technocrate bosseur et distant, le premier ministre a la prouesse de se faire appeler « mon fils » à la fois par le premier magistrat du pays, IBK en l’occurrence, et par le désormais premier opposant, l’imam Dicko en personne.
S’il aura rendu le tablier sans faire de déclaration de politique générale, c’est que le technocrate, décrié par les enseignants, a bien compris que l’essentiel est de bien conduire le programme pour lequel IBK a été élu. « Ce n’est pas un chef de gouvernement, c’est un conducteur » dit de lui un fin observateur de la vie malienne qui sait que celui qui occupe la Primature et les Finances n’a qu’une mission: redresser les comptes du pays, présenter une feuille de route claire et précise aux bailleurs (le FMI et la Banque Mondiale ne jurent que par lui) et insuffler de la croissance à une économie bousculée par une interminable rébellion au Nord et des tueries inter-ethniques au centre.
Faisant confiance à la jeunesse, le président malien a porté une femme, madame Kamissa Camara, 37 ans, au secrétariat général de la Présidence de la République du Mali. Cette spécialiste des politiques africaines, notamment ouest-africaines et sahéliennes, n’aura pas droit à un état de grâce tant les dossiers urgents remontés au palais Koulouba par une rue en effervescence sont nombreux.
Ministre de l’Économie numérique et de la Perspective depuis le 05 Mai 2019, dans le gouvernement sortant et anciennement ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale entre Septembre 2018 et Avril 2019, Kamissa Camara, est née en 1983 à Grenoble en France, repérée par ses chroniques dans CNN, BBC et divers médias où elle n’était pas tendre envers le président IBK… qui a fini par l’embaucher. Déjà nommée en juillet 2018 (bien avant sa cooptation à la tête de la diplomatie malienne), conseillère diplomatique du Président de la République, la lauréate de l’université Pierre-Mendès-France de Grenoble (2007) et de l’université Paris-Diderot (2007) travaillera en collaboration étroite avec Dr Boubou Cissé.
Celui-ci s’apprêterait à former un gouvernement resserré avec, selon les indiscrétions, une équipe ministérielle réduite d’au moins une dizaine de portefeuilles, regroupés ou fusionnés. La question est de savoir si l’imam Dicko aura droit à son quota de ministres ?