« Le gouvernement togolais participant à l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 (DSSI) offre un allégement de liquidité à court terme, mais n’empêchera pas sa dette d’augmenter au milieu de la crise du nouveau coronavirus », estime l’agence de notation Moody’s dans une note datée du 18 juin 2020. Aux yeux de l’agence, la participation du gouvernement togolais comporte des risques pour les créanciers privés étant donné l’appel du G20 à leur adhésion sur une base comparable, ce qui pourrait avoir des incidences négatives sur la notation du pays.
Pour rappel, le 15 juin, le Club de Paris a approuvé la participation du Togo (stable B3) dans l’initiative G20 de suspension de la dette des pays en développement (DSSI), destinée à libérer des ressources financières au profit des programmes nationaux de lutte contre le coronavirus. Les termes du DSSI suspendent les paiements du service de la dette bilatérale au Club de Paris du 1er mai au 31 décembre 2020. Ladite initiative offre un allégement de la liquidité à court terme. Mais, estime Moody’s, ‘l’ampleur de l’allégement de liquidité est faible et n’empêchera pas la dette du gouvernement du Togo d’augmenter au milieu de la crise des coronavirus ».
Cependant, poursuit l’agence, étant donné la composition de la dette extérieure du pays, les risques de défaillance et les pertes potentielles qui y sont rattachées sont pris en compte dans la notation B3 du Togo, « au moins pour l’instant ».
Le DSSI s’applique aux frais de service de la dette bilatérale largement concessionnelle du Togo envers le Club de Paris. Les paiements au titre du service de la dette à tous les créanciers externes s’élèvent à 80 millions de dollars ou 1,4% du PIB en 2020, dont 0,8% du PIB aux créanciers bilatéraux. Ces montants sont modestes par rapport aux besoins d’emprunt bruts, que Moody’s estime à près de 18% du PIB cette année. La Chine (A1 stable), par le biais de la Banque d’import-export de Chine (A1 stable), représente la majeure partie des coûts du service de la dette bilatérale du Togo (0,7% du PIB). La participation de la Chine à l’initiative DSSI en maximise l’impact.
L’étendue de l’allégement de liquidité du DSSI est faible, en particulier par rapport aux paiements au titre du service de la dette intérieure, qui s’élèvent à 770 millions de dollars ou 13,8% du PIB en 2020. Soixante-cinq pour cent de la dette publique du Togo est due à des créanciers nationaux, dont la majeure partie est émise sur les marchés de l’UEMOA. Ces émissions domestiques ont également des échéances plus courtes. En conséquence, les risques de liquidité intérieurs resteront élevés et l’allégement des liquidités ne réduira pas sensiblement la vulnérabilité des finances publiques du Togo aux chocs. « Nous prévoyons que le fardeau de la dette du Togo atteindra 71% du PIB en 2020, contre 66% en 2019″, conclue Moody’s.
La participation à l’initiative du G20 reste un risque pour les créanciers privés selon Moody’s
Les termes de la DSSI, tels qu’énoncés dans la feuille de conditions du G-20 publiée le 15 avril, invitent les créanciers du secteur privé à participer dans les conditions comparables aux côtés d’autres créanciers externes. À ce jour, les souverains participants et leurs créanciers privés externes n’ont pas convenu d’un moratoire, mais la participation du secteur privé sous quelque forme que ce soit reste un risque aux yeux de Moody’s.
En conséquence, l’agence a ancé des examens pour la rétrogradation pour un certain nombre de souverains participant au DSSI, dont la Côte d’Ivoire (Ba3 en révision-), le Sénégal (Ba3 en révision-) et le Cameroun (B2 en révision-). « La période d’examen nous permettra d’évaluer le risque d’une modification des conditions du service de la dette des créanciers extérieurs du secteur privé qui pourrait qualifier par défaut selon la définition de Moody. « Nous pourrions conclure ces examens en confirmant les notes des souverains respectifs à leur niveaux actuels. Nous le ferions si nous concluions qu’une restructuration de la dette du secteur privé est peu probable, ou, mais cela est moins susceptible de se produire, si nous concluons que toute perte associée à une restructuration serait suffisamment faible pour être compatible avec les notations existantes ».
Dans le cas du Togo, la dette extérieure due aux créanciers privés consiste en un prêt bancaire dû à un seul créancier. Le prêt a une garantie de l’Agence Africaine d’Assurances Commerciales (A3).