Par Daouda Bakary Koné, Bamako.
Après la prière du vendredi, une jeune manifestante en transe, lance : «Depuis 7 ans IBK ne fait que reconduire les fausses promesses. La semaine dernière, il nous a annoncé la fin de la crise scolaire et insisté sur l’application pleine entière de l’article 39 », crie-t-elle à bout de souffle déjà emportée par la marée humaine. Des têtes anonymes, barbues, enturbannées, dénudées.
Puis une célébrité, le président du Parti-mouvement Mali Kanu (PMK), catégorique: « IBK a fait une gestion calamiteuse et il gère le pays avec la famille, le Mali n’est pas sa famille ». Ses propos sont perdus dans l’ambiance de clameurs. « Il doit dégager c’est ce que nous voulons », lance deux islamistes reconnaissables par cette mode du caftan blanc et pantalons courts. Un ancien proche du président Ibrahim Boubacar KEITA exprime lui aussi sa colère: « je suis natif de Bamako, je suis sorti pour montrer mon indignation. IBK nous a trop dérangé, nous ne voulons pas qu’il dirige encore. Aujourd’hui c’est la fin de son régime. C’est ce qui me motive aujourd’hui, c’est pour défendre l’espoir; c’est défendre la vérité, c’est défendre le Mali, et la démission dépend de la motivation du peuple », témoigne Boubacar Touré.
Des émissaires pour remettre la lettre de démission au chef de l’Etat
Dans sa déclaration, Cheick Oumar Sissoko, l’un des organisateurs du mouvement du 05 juin, dénonce «une gestion désastreuse au mépris du peuple malien et des crises politiques, scolaires ; économiques et sanitaires. Nous décidons de maintenir la mobilisation de toutes les forces vives de la nation jusqu’à la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et de son régime. Nous décidons de nous rendre au palais de la république à Koulouba pour lui remettre sa lettre de démission. Le peuple occupera toutes les sorties des grandes artères des coins et les recoins de la capitale jusqu’à l’acquisition de la démission du président Ibrahim Boubacar KEITA », a- t – il déclaré.
Puis vint le tour de l’imam Mahmoud DICKO de prendre la parole. Le silence se fut. L’on entendrait une mouche voler sous la canicule de 45 degrès. « ma vocation est de diriger la prière. Ils m’ont demandé si je veux diriger le pays, je leur ai dit que moi, ma vocation est de diriger la prière, et cela, il y a 40 ans. Alors je vous exhorte à designer des émissaires parmi vous et les envoyer à Koulouba pour remettre la lettre de démission aux chef de l’Etat. Il ne faut jamais envoyer tous ces gens à Koulouba. Moi et vous, resteront ici à la place de l’Independence et nos émissaires iront remettre la lettre de démission au président de la république. C’est le peuple qui l’a élu et c’est le peuple qui l’a aidé à accédé au pouvoir et c’est le même peuple qui demande, qui revendique son départ. Je lui ai (IBK) dit hier, qu’il ne pas faut insulter le génie Malien, le Génie Malien est fort».
Le M5-RFP veut occuper le palais de Koulouba
Selon des sources sécuritaires, ce jour est un «vendredi, où tous les plans sont tracés au sein du M5 pour renverser les institutions maliennes au mépris de l’offre du dialogue de la part du Président de la République et de la médiation ouest-africaine. Et donc, après le plan de la descente programmée sur la maison du Président, il nous est revenu que Mountaga Tall a opté pour une occupation du palais présidentiel de Koulouba après le monument de l’indépendance. Une autre tournure des événements qui sort carrément du cadre légal », a-t-on reçu en copie, sous l’anonymat.
Notre source affirme ceci : « il a bel et bien été clamé et précisé par les initiateurs de la manifestation et le Gouverneur du District que le monument de l’indépendance est l’unique lieu où tout se passera et pacifiquement. Un responsable de la Convergence des Forces Républicaines, joint au téléphone, tonne que les responsables du M5 seront tenus responsables de tout débordement et désagrément qui pourrait surgir s’ils ne respectent pas le périmètre demandé et autorisé pour leur évènement ».
Des émissaires du M5-RFP dispersés à coup de gaz lacrymogène à la porte du Palais de Koulouba
Selon Issa KAOU DJIM, «nous étions parti à Koulouba pour lui remettre la lettre de démission, mais malheureusement, ils nous ont tiré avec du gaz lacrymogène. Ce que nous vous demandons c’est de vous demander de sursoir à voyager sur Koulouba », a-t-il annoncé. «Je vous demande ne pas casser quelque chose. Je vous exhorte à respecter ma parole et mes promesses. Allez-y, dans le calme. Nous ne pouvons pas insulter la communauté internationale. Respectons la communauté internationale. Je vous demande encore une fois de sursoir votre montée à Koulouba car le Pardon n’a pas de limite », a-t-il demandé l’Imam Mahmoud. Aussitôt les manifestants ont accepté sa décision. «Nous acceptons votre parole. Vos désire sont des ordres »
Echec d’une première négociation de la CEDEAO
«Nous avons dit aux responsables de la CEDEAO d’aider le peuple malien à se débarrasser de l’élément déstabilisant de la république du Mali. C’est le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita et sa gestion calamiteuse, les responsables de la déstabilisation de notre paysé», martèle Dr Oumar MARIKO à la sortie de sa rencontre avec la délégation de la CEDEAO. Pour sa part le coordinateur de CMAS M. Issa DJIM à sa sortie de rencontre avec la délégation de la CEDEAO composée des ministres des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Nigeria et du Burkina Faso : «Nous sommes des Maliens, nous voulons la paix, nous vivons sur la terre Malienne nous voulons la cohésion, nous voulons le vivre-ensemble, nous voulons la réconciliation. Nous ne sortons pas pour bruler quoi que ce soit, nous sortons aussi pour que la démocratie et le vivre ensemble soit à la règle. Ce qu’on a expliqué à nos visiteurs les a rassurés. Nous ne sortons pas pour casser. Demander la démission du président n’est pas quelque chose de trop si cela peut apporter la paix, la démocratie. », dit-il.
Abondant dans le même sens, Dr Choguel Kokalla Maiga, à sa sortie de la rencontre avec les ministres des affaires étrangères de la CEDEAO, de conclure que « la position du M5 à la date d’aujourd’hui c’est l’exigence de la démission du président de la République et de son régime. Nous avons indiqué très clairement à la délégation de la CEDEAO qu’il nous est pratiquement impossible sur le plan organisationnel de reporter le grand rassemblement patriotique du vendredi 19 juin », a- t- il conclu. Ladite délégation ministérielle de la CEDEAO, conduite par M. Kalla Ankouaro, ministre nigérien des Affaires étrangères, Jean-Claude Kassi Brou, président de la commission de la CEDEAO, Ally Coulibaly, ministre ivoirien des Affaires étrangères et l’Ambassadeur Zubairu Dada, ministre délégué aux Affaires étrangères de la République fédérale du Nigéria, cherche avant tout à rétablir le fil du dialogue. .