Présidé par Koné Mamadou, le conseil constitutionnel ivoirien vient d’enregistrer trois départs et trois arrivées dans un billard à trois bandes qui porte la signature de son auteur. Sur les 7 membres de cette assemblée des sages en charge de valider les candidatures et les résultats définitifs des scrutins présidentiels, le président Alassane Ouattara en a changé 3 à leur mi- mandat de 6 ans.
Parmi les juges remplacés, figure Mme Jacqueline Lohes Hoble, première femme agrégée de droit en Côte d’Ivoire ( 1983), ex-ministre de la Justice sous Houphouët-Boigny et ancien porte-parole de Laurent Gbagbo en décembre 2010, dans un contexte de crise post-électorale aux cicatrices mal refermées une décennie plus tard.
Les arrivants sont l’enseignant-chercheur Assata Koné Silué, qui faisait partie de la commission de 9 experts en droit mis sur pied, fin mai 2016, pour mener la réflexion sur la révision de la constitution, la magistrate hors hiérarchie Rosalie Kouamé Kindoh épouse Zalo et l’avocat Mamadou Samassi, ce dernier faisant partie du collège commis par l’Etat de Côte d’Ivoire en avril 2019 pour le défendre suite à un arrêt rendu par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) sur la composition, « déséquilibrée » selon l’instance africaine, de la Commission électorale indépendante (CEI).
Bref, ces trois personnalités prendront fonction en tant que conseillers au Conseil constitutionnel à compter du 1er septembre 2020 pour une durée de six ans. Sur les 7 membres dudit conseil, l’on compte 2 anciens ministres de la Justice du RHDP, au pouvoir ( Koné Mamadou et Loma Cissé) et deux 2 ex Avocats du président Ouattara, Emmanuel Aussi et Mamadou Samassi.
Les spéculations vont bon train suite à ce remaniement qui ne viole en rien toutefois aux dispositions de la CEDEAO. Mais d’ici les prochaines élections, beaucoup d’eau aura coulé sous le troisième pont d’Abidjan, baptisé Pont Henri Konan Bédié au nom de l’entente d’alors, aujourd’hui révolue, entre Alassane Ouattara le président sortant, qui a déclaré ne pas se représenter pour un troisième mandat, et son aîné, Henri Konan Bedié, le patriarche du PDCI, probable candidat à 86 ans révolus si l’on interprète les conditions fixées pour être candidat dans sa formation.
Selon l’article 128 de la Constitution ivoirienne, le Conseil constitutionnel se compose d’un président, des anciens Présidents de la République, sauf renonciation expresse de leur part et de six conseillers dont trois désignés par le Président de la République, deux par le président de l’Assemblée Nationale et un par le Président du Sénat.