La décision de la direction générale annonçant la mise en congés techniques des 2/3 du personnel en vue de poursuivre le plan d’exploitation de l’entreprise provoque un niet catégorique des syndicats.
Le bras de fer qui oppose la direction générale et le collectif des syndicats du transport aérien au sujet de la mise en congés techniques de 371 employés annonce-t-il le début de la fin de la Compagnie nationale de transport aérien du Cameroun (CAMAIR-CO) ?
Si ce n’est pas le cas, force est de constater que cette nouvelle spirale de ping-pong n’est pas de nature à favoriser un climat de sérénité pour le pavillon national affectueusement appelé « la onzième région » du pays.
Englué dans d’énormes difficultés avec un endettement de plus de 30 milliards de FCFA, la Compagnie nationale qui vat du mal à assurer la desserte domestique et régionale dans quelques capitales d’Afrique centrale et de l’Ouest a vu ses difficultés se renforcer avec l’apparition de la pandémie du Coronavirus.
La décision des autorités camerounaises du 17 avril 2020 annonçant le plan de riposte contre la pandémie avec entre autres, la fermeture des frontières n’est pas de nature à arranger les choses.
Ainsi, à compter de ce lundi 22 juin 2020, l’entreprise a mis en chômage technique « le personnel non essentiel » rapporte un communiqué du Directeur général Louis Georges Njipendi Kuotu, précisant que « la reprise totale de l’exploitation n’est pas envisagée avant trois mois, eu égard aux contraintes financières, mais également à l’indisponibilité de la flotte ».
Une mesure d’après la direction de la compagnie qui « vise notamment à limiter l’accroissement inutile de la dette salariale, réduire les risques de contagion du personnel et maîtriser les charges de fonctionnement ».
Une décision inacceptable d’après les syndicats, dont un collectif de six syndicats au terme d’une assemblée le 21 juin 2020 à Douala, s’oppose fermement à la direction générale, rappelant que « le dossier du chômage technique est actuellement au niveau du conseil d’administration dont ils attendent la position pour aviser ».
Par conséquent, « nous présidents des syndicats soussignés, demandons aux travailleurs de ne pas tenir compte de cette décision unilatérale et de vaquer normalement à leurs occupations ».
Les syndicats ont annoncé de mettre en œuvre toutes actions jugées utiles pour faire valoir la position des partenaires sociaux qui militent pour « une reprise des activités dès l’ouverture des frontières » soutenue par un plan d’exploitation soudé de nature à assurer la pérennité des emplois, à garantir au Cameroun, « l’instrument de souveraineté qu’est sa compagnie aérienne nationale ».
Avec une flotte de six aéronefs dont quatre bloqués au sol pour des raisons de maintenance, la CAMAIR-CO née des cendres de Cameroon Arilines (CAMAIR) et opérationnelle depuis bientôt dix ans a déjà connu plusieurs plans de restructuration, dont celui d’un cabinet américain Boieng consulting – adopté mais non exécuté – qui prévoit d’investir 60 milliards de FCFA pour relancer l’entreprise.