À six mois de la fin légale du mandat du président Alpha Condé, la Commission électorale nationale indépendante veut anticiper les évènements. Accusée de rouler pour le pouvoir, la CENI a proposé la date du Dimanche 18 octobre 2020 pour la présidentielle. Cette annonce intervient dans un contexte marqué par des élections législatives et un referendum contestés, le covid-19 et un président de la République en fin de second et dernier mandat qui maintient le statut quo sur ses intentions. « Laissez-moi m’occuper du coronavirus, c’est la chose qui me préoccupe », répondait-il récemment à une radio guinéenne qui lui demandait s’il allait oui ou non solliciter le suffrage des guinéens pour se succéder à lui même.
Comme il fallait s’y attendre, l’opposition a rejeté de manière quasi unanime cette date. À l’exception de Dr Ousmane Kaba du parti PADES, qui s’est d’ores et déjà déclaré candidat. Pour sa part, l’ancien président du parti UDD (Union pour la Démocratie et le Développement) estime que cette annonce est une fuite en avant « Nous n’avons pas de constitution au regard de la loi dans un pays normal. Nous n’avons pas de fichier électoral permettant d’avoir des élections crédibles…. Nous n’avons pas une Cour Constitutionnelle capable de dire le droit en toute neutralité et en toute objectivité….si on veut nous parler d’une élection présidentielle sans les préalables, il va de soi qu’on envoie le pays dans l’abîme » a regretté Bah Oury.
Cellou Dalein Diallo, l’une de figure de proue du FNDC dont le parti UFDG a boycotté le double scrutin référendaire et législatif du 22 mars, exige pour sa part l’annulation pure et simple de ce scrutin. « Nous n’acceptons pas la Constitution. Nous ne reconnaissons pas le parlement… le fichier électoral a été tripatouillé à plusieurs reprises, tout le monde le sait. Nous voulons aller aux élections mais nous voulons que toutes les conditions d’un scrutin inclusif, transparent et juste soient réunies » a laissé entendre l’ancien chef de file de l’opposition sous la précédente législature.
Si la proposition de date en question doit être entérinée par Alpha Condé avant d’être officielle, seuls les partisans du Parti croient à la CENI. L’institution électorale a beau rassurer sur ses bonnes intentions quant à la révision « à titre exceptionnel » des listes électorales qui portera exclusivement sur la vérification et l’enrôlement des deux millions quatre cent trente-huit mille neuf cent quatre-vingt-douze (2.438.992) électeurs mis de côté lors des scrutins du 22 mars 2020 et l’enrôlement des électeurs ayant atteint 18 ans révolus, rien n’y fait, l’opposition y voit une nième manœuvre d’Alpha Condé pour se maintenir au pouvoir.
L’échéance présidentielle de 2020 s’annonce électrique et les agendas antagonistes des acteurs politiques risquent de plonger le pays dans une nouvelle crise politique aux lendemains incertains.