Droit dans ses bottes, le professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Marseille, faisait face le 24 juin à la commission d’enquête parlementaire avec cette question brûlante: comment la France est-elle venue à interdire la chloroquine, recommandée pour une population d’à peu près 4,5 milliards de personnes dans le monde ? « Il n’ y a eu que quatre études randomisées dont trois montrent que l’hydroxychloroquine est plus efficace que le placebo”, affirme Didier Raoult en pointant du doigt les liens et relations d’intérêt sans avancer de noms.
S’il refuse par ailleurs de se prononcer clairement sur le confinement, « décision politique » à ses yeux, le praticien a fustigé l’approche prônée par les autorités, s’interrogeant sur la surmortalité de 17% en milieu hospitalier français contre une moyenne européenne de 10% et surtout un taux de létalité qui atteint 43% en réanimation. « Quelque chose s’est passé à Paris », déclare le professeur opposant à ces chiffres morbides ceux de Marseille.
Critiquant l’étude de The Lancet, le professeur n’a pas mâché ses mots: quand ils [les auteurs de l’étude] rapportaient le sexe, l’âge, les facteurs de risque, ils disaient qu’en Afrique, on fumait autant qu’en Asie, je vous assure que ce n’est pas vrai, ils disaient qu’on était aussi obèse qu’aux États-Unis, et ce n’est pas vrai !”
Pour Didier Raoult, la santé publique en France c’est 70 à 80 % de politiques et 20 à 30 % de science et de médecine. Alors que le médecin répondait aux parlementaires, quatre groupements, à savoir la Société française d’infectiologie, le Collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales, le Conseil national professionnel des maladies Infectieuses et Tropicales et le Conseil national des universités section Maladies infectieuses et tropicales, publiait un communiqué fustigeant ceux qui « voudraient faire croire que l’intuition est suffisante pour imposer des choix thérapeutiques en médecine ».