Exercice plutôt fastidieux devant les représentants du peuple. Plus ou moins montrée du doigt pour de supposées collisions d’intérêt avec le laboratoire américain Gilead, l’infectiologue Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), à Paris, a eu le privilège de répondre, jeudi, aux questions de la commission d’enquête sur la gestion de la crise Covid-19, soit vingt quatre heures après la prestation de son collège et adversaire Didier Raoult. La partie n’était pas facile.
Car, mercredi, le très populaire Professeur Raoult, auréolé par l’échec de plusieurs études dont celle de The Lancet à mettre l’hydroxychloroquine hors course, avait une nouvelle fois mis en cause l’indépendance du Conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement dans la crise du Covid-19, assurant observer une « obsession de vouloir traiter les gens avec le remdesivir », et y voyant là le résultat de la stratégie d' »influence » du laboratoire Gilead.
Sur cette question, Karine Lacombe tempère: « Je n’ai aucune preuve qu’il n’y a pas eu (…) de conflits d’intérêt, de financements occultes. Je me prononce en tant que médecin, qui a été en contact avec certains membres » de ces instances : « je n’ai jamais eu le sentiment qu’il y ait eu un médicament plus poussé qu’un autre. Au contraire, on nous a poussé à monter les essais nécessaires pour montrer que certains médicaments étaient efficaces, et peut-être plus que la prise en charge standard », a assuré Karine Lacombe devant la commission.
Karine Lacombe a rappelé que ces liens d’intérêts étaient strictement encadrés par la « loi anti-cadeaux » de janvier 2017 qui limite les avantages que peuvent recevoir les professionnels de santé aux « défraiements » d’activités de recherche ou de conseil, et aux frais de repas, de transport ou d’hébergement « pour des manifestations à caractère exclusivement professionnel et scientifique ».