La milliardaire angolaise et fille de l’ex chef de l’Etat Angolais Isabel dos Santos a dénoncé ce lundi un déni de justice après les déclarations du procureur général de Luanda, Helder Pitta Gros, la semaine passée, n’excluant pas la possibilité d’émettre un mandat d’arrêt dans la procédure ouverte contre elle pour corruption. Nommée en 2017 après que son prédécesseur soit limogé, le procureur général, surnommé « monsieur anti-corruption », agit-il en toute indépendance, pour les beaux yeux de Dame Justice ou, à contrario, pour des motifs politiques comme le déclare celle devenue, à son corps défendant, la victime expiatoire de l’alternance pacifique qui a vu deux présidents se succéder en se serrant la main ?
La fille de l’ex-président Eduardo dos Santos fait face à un mur. L’appel intenté contre le gel de ses avoirs n’a pas prospéré. Soupçonnée d’importants détournements de fonds publics, récemment évalués à 5 milliards de dollars, elle doit en plus apporter les preuves de son innocence. En dépit des pressions, la défense de celle qui n’exclut pas de se présenter aux prochaines présidentielles en Angola n’a pas varié, invoquant un règlement de comptes purement politique.
En décembre dernier, un juge civil de Luanda avait ordonné le gel des comptes bancaires et des actifs d’Isabel dos Santos et de son époux Sindika Dokolo. Dans la foulée, un groupe de journalistes d’investigation publiait une enquête, intitulée les “Luanda Leaks”, qui l’accuse, sur la foi de documents piratés, d’avoir “siphonné les caisses du pays”. Surfant sur les révélations, la justice portugaise avait à son tour gelé les comptes et certains actifs au Portugal où la milliardaire avait également effectué des investissements dans le secteur bancaire et les Télécoms.
Dans son communiqué publié lundi, Isabel dos Santos se dit “déniée de toute justice de la part des tribunaux en Angola et au Portugal”. “Ce déni, argue t-elle en substance, provient des tribunaux angolais, qui ont rejeté mon appel, affirmant qu’il n’avait pas été reçu dans les délais ”, a-t-elle expliqué,. “La juge a même refusé de reconnaître les preuves manifestement falsifiées (…) qui ont servi à justifier le gel de mes avoirs”. L’on se souvient, le mois dernier, Isabel Do Santos avait notamment affirmé que ce gel avait été décidé sur la foi d’un faux passeport.
La fille de l’ex president Do Santos affirme que les allégations de détournement portées à son encontre par la justice ne sont pas tangibles et elles sont fondées sur des preuves falsifiées. La semaine dernière, le procureur général de Luanda, Helder Pitta Gros, en charge du dossier, a indiqué à la presse qu’il n’excluait pas de délivrer un mandat d’arrêt international contre Mme dos Santos, qui vit hors d’Angola.
Depuis son accession au pouvoir en septembre 2017, le président Joao Lourenço a lancé une opération mains propres qui vise les proches de son prédécesseur José Edouardo Do Santos dans le cadre de la lutte contre la corruption et le blanchiment .