Global Witness et PPLAAF dénoncent la Gécamine d’avoir reçu 25 millions USD de Dan Gertler, sous sanctions américaines depuis 2017, en échange de permis miniers avant les élections de 2018 en RD Congo.
« Parmi les transactions révélées aujourd’hui, au moins 21 millions de dollars ont été envoyés sur des comptes inconnus détenus en dehors de la RDC et 25 millions de dollars ont été versés à la Gécamine, la compagnie minière publique controversée de la RDC. Gertler a apparemment utilisé des mandataires pour effectuer ces paiements à la Gécamine, en échange de nouveaux permis d’exploitation minière, et ce juste avant les élections de 2018. Cela rappelle les accords que Gertler avait passés avec la compagnie minière publique avant les élections de 2011, opération qui avait contribué à l’imposition de sanctions pour corruption à son encontre », relèvent les deux ONGs dans leur rapport.
Ces organisations estiment que l’élection du nouveau président Félix Tshisekedi, en décembre 2018, n’a pas mis un terme « à la longue et lucrative alliance entre Kabila et Gertler ».
« Kabila semble avoir conservé une partie de son pouvoir politique et de son influence sur de nombreuses institutions du pays. Ce qui aurait pu aider son vieil ami Gertler à continuer à opérer librement en RDC, malgré les sanctions », signalent Global Witness et PPLAAF. «
« Sous le nouveau président Félix Tshisekedi, le gouvernement congolais s’est engagé à donner la priorité à la lutte contre la corruption. Si l’engagement de l’administration en ce sens est sérieux, elle doit commencer par geler les avoirs de Dan Gertler et réaliser un audit de toutes ses transactions avec des entreprises publiques », selon Bourdon-Fattal.
Dans ses conclusions, le rapport note que Gertler, avec l’aide de mandataires, a relocalisé en RDC ses sociétés qui étaient basées dans des paradis fiscaux opaques.
« Gertler et son réseau de mandataires ont ensuite ouvert des comptes bancaires dans les succursales congolaises d’Afriland First Bank, basée au Cameroun. De nouveaux noms ont progressivement fait leur apparition sur des registres des sociétés et comptes bancaires connectés à Gertler de manière subtile et diverse. L’un de ces noms était notamment celui d’un individu impliqué dans une fraude à la TVA sur la taxe carbone qui a coûté 5 milliards d’euros à l’Union Européenne », précise-t-il.
» Au total, entre juin 2018 et mai 2019, au moins 100 millions USD ont transité par des comptes bancaires associés à ce réseau. Une grande partie des montants en question était libellée en dollars américains, malgré les sanctions américaines, et près de 70% des fonds ont été déposés en liquide sur des comptes apparemment liés à Gertler ou ses associés », affirme le rapport.
Les sanctions américaines contre Gertler, ami personnel et proche de Joseph Kabila, président de la RDC entre 2001 et janvier 2019, lui interdisent de faire des affaires avec des citoyens, banques ou entreprises américaines.
Réagissant au rapport de cette enquête, Gertler, certains personnages et entreprises au sujet desquels Global Witness et PPLAAF ont trouvé des preuves indiquant des efforts concertés pour contourner les sanctions américaines, ont rigoureusement nié toute tentative en ce sens.
« Ils affirment tous avoir exercé leurs propres activités commerciales légitimes et ne pas avoir agi au nom de Gertler. Il n’y a pas eu, affirment-ils, de tentative ou de conspiration pour échapper aux sanctions », signale le rapport.