L’opposant congolais Jean-Marie Michel Mokoko, 73 ans, condamné en 2018 à 20 ans de prison, a été hospitalisé jeudi au centre hospitalier militaire de Brazzaville, selon des sources concordantes. Les avocats du Général Mokoko et Amnesty International demandent sa libération, s’inquiétant pour son état de santé précaire. Selon ses conseils qui ont pu le voir, Jean-Marie Michel Mokoko est très fatigué. « Il n’a pas d’appétit et ne mange pas. Des prélèvements sanguins ont été faits et nous attendons les résultats », a déclaré aux médias son avocat Yvon Eric Ibouanga.
Candidat à la dernière présidentielle de mars 2016, le général Mokoko avait contesté la réélection du président Denis Sassou Nguesso dont il fut le chef d’état-major dans les années 90. Face à la détérioration de son état de santé, de nombreuses voix appellent les autorités à le libérer afin de lui permettre de bénéficier d’une évacuation sanitaire dans les plus brefs délais. L’avocat français Norbert Tricaud que nous avons pu joindre au téléphone appelle aussi à sa libération. De son côté, Amnesty International, dans un communiqué rendu public jeudi, a appelé les autorités congolaises à ne ménager aucun effort pour procéder « de toute urgence à la libération du général Jean-Marie Michel Mokoko dont la santé est en danger, alors que des cas de contamination au Covid-19 ont été rapportés à la maison d’arrêt de Brazzaville où il est arbitrairement détenu depuis quatre ans ».
Par ailleurs, il sied de rappeler qu’ en septembre 2019 , le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré que Paris attendait « des actes » du président congolais concernant son opposant Jean Marie Michel Mokoko , ancien élève officier formé à l’école militaire de Saint-Cyr. Le président Sassou Nguesso avait quant à lui, en mai dernier, lors d’une interview accordée sur skype à France 24 , souligné qu’il n’y avait « pas de raison » de libérer deux opposants politiques dont M. Mokoko dans le cadre du désengorgement des prisons face au coronavirus. Car, pour ce denier, les opposants Mokoko et Okombi étaient des prisonniers de droit commun.
Pour rappel, le général Mokoko avait été condamné pour atteinte à la sûreté de l’État, une infraction purement politique. Vu le caractère humanitaire qui nécessite une évacuation en urgence, tous les regards sont tournés vers le président Sassou Nguesso, interpellé devant la détérioration de l’ état de santé de son ancien adversaire aux présidentielles de 2016. Les Congolais et les organisations de droits de l’homme attendent un geste de haute portée humanitaire du président Sassou, lui qui avait, en son temps, supplié son homologue du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, de faciliter l’évacuation sanitaire de son ami et frère le général Djibril Bassole, en fera-t-il de même dans le cas d’un général congolais ?