Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, est accusé d’avoir balancé de faux chiffres pour étayer son argumentaire lors de son passage, le 24 juin 2020, devant la commission d’enquête parlementaire. L’accusateur, Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP), a adressé une lettre au président de l’assemblée nationale, dénonçant le fait que le médecin marseillais ait évoqué un taux de mortalité de 43% dans les réanimations au sein des AP-HP contre 16% à Marseille. « Ces déclarations qui mettent gravement en cause l’AP-HP, faites sous serment, me semblent s’apparenter à un faux témoignage ».
Des chiffres erronés ? Pas tant que cela puisque un document du réseau européen de recherches en ventilation artificielle se basant sur un rapport de la même AP-HP du 14 avril dernier, soit en plein pic, avançait le pourcentage de 43% de mortalité en réanimation dans le milieu AP-HP contre 41% en dehors. Une donnée confirmée par le professeur Eric Caumes, médecin infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière sur LCI: « pour Paris, je confirme, c’est de l’ordre de 40% malheureusement « . Dans les milieux proches de Didier Raoult, l’on a fait recours au VAR en ressortant aussi les déclarations de Karime Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine : « certains patients se dégradent en salle de médecine et doivent passer en réanimation […] à peu près 40 à 50% de ces personnes vont décéder », explique-t-elle.
De même, Martin Hirsch avait réfuté la thèse de Didier Raoult selon laquelle le patient chinois de 80 ans qui venait de la région de Hubei et non de Wuhan aurait été renvoyé à la maison. « Il avait de la fièvre, il avait 80 ans et il n’a pas été testé. Il est parti à la maison infecter sa fille pour revenir mourir à l’hôpital où on lui avait administré du remdesivir », déclarait Didier Raoult devant les députés. Faux, rétorque Martin Hirsch qui assure que l’octogénaire n’a jamais été renvoyé chez lui. Une prise de position contredite par une déclaration du 29 janvier du professeur Yazdan Yazdanpanah, médecin infectiologue à l’hôpital Bichat: « »Il avait de la fièvre mais il n’avait absolument pas de signes respiratoires […] Il y a eu un premier appel au SAMU puis à la Pitié, qui n’ont pas retenu le cas ». Emmené à l’hôpital Bichat ensuite, « on n’a pas pu le détecter », affirmait-il ».
Qui de Didier Raoult ou de Martin Hirsh dit la vérité, toute relative en somme, s’agissant de la médecine, un art avant d’être une science ? C’est certain, entre Paris et Marseille, un KO à l’odeur de chloroquine plane dans l’air.