« Je suis africain avant tout et tunisien ensuite »! Tout de suite, Hosni Zouali se définit et pose en même temps le défi des africains. « Nous devons avoir conscience de notre africanité même si on est noirs, blancs, musulmans, chrétiens, tutsis, hutus … L’Afrique unie devient plus forte », lance celui qui vit à Toronto, la ville la plus cosmopolite au monde: on y parle 36 langues, le ministre de l’immigration est un ancien réfugié somalien et le ministre de la Défense porte un turban. « Autant de petites choses qui font que je me sens bien ici ».
« Le Canada est beaucoup plus aligné à mes valeurs », déclare celui qui a démarré la vie d’entrepreneur avec « Tuteur of Toronto » qui enseigne le français aux enfants anglophones. Puis, « Voilà Learning » qui posera les bases de sa startup actuelle, Tech Adaptika, qui propose un campus virtuel. Destiné aux universités, aux grandes entreprises, institutions et autres, le campus virtuel a vu son succès quintupler depuis la fermeture des écoles et des universités en raison de la pandémie de COVID-19. La solution Tech Adaptika, utilisé dans une centaine de conseils scolaires au Canada, aux États-Unis et en France, attribue un avatar à chaque étudiant et lui permet de se mouvoir dans un campus virtuel.
Comme avec les jeux vidéos
Le président fondateur de Tech Adaptika doit ce succès fulgurant à une ingénieuse idée qui lui a valu plusieurs années réflexion: « nous avons scrupuleusement étudié les différentes règles qui rendaient les joueurs accros aux jeux vidéos, avant de mettre en place le campus virtuel. Ce qui suscite l’intérêt chez l’apprenant c’est avant tout le contenu, les interactions et le travail en groupe. Les interactions sociales et le travail en groupe représentent 60 % de l’apprentissage, une possibilité que les applications comme Zoom, Skype, Teams n’offrent pas. »
Outre les universités, le campus virtuel suscite aussi l’intérêt des grandes entreprises, indique le CEO de Tech Adaptika, formé dans les neurosciences. » Nous avons été contactés par une entreprise minière Brésilienne, qui compte 50 milles employés. Nous leur avons construit une mine virtuelle, qui leur sert pour l’apprentissage, la formation et les simulations ».
Bien entendu, Hosni Zaouali compte déployer sa technologie en Afrique. Il est convaincu qu’avec l’arrivée de l’Intelligence artificielle, les africains doivent prendre le virage de l’enseignement numérique pour se former aux métiers de demain. » Le 1er septembre 2020 nous allons réunir sur le campus virtuel 100 universités américaines, canadienne et africaines intéressées à nouer des partenariats. Nous allons offrir les programmes américain et canadien à la jeunesse africaine afin de les inciter à rester dans leurs pays d’origine pour aider l’Afrique à fleurir et freiner la fuite de cerveaux, fuite dont je suis une illustration ».
Aujourd’hui, avec mon campus virtuel, je n’aide pas l’Afrique, ceux qui en bénéficient c’est le Canada et les États-Unis Unis. Si j’avais eu l’occasion de recevoir une éducation de qualité en Afrique, je l’aurai monté au sein du continent et je serai entrain d’aider l’Afrique. »
Fort de son succès grandissant, Tech Adaptika a vu ses effectifs passer de 10 à 47 employés en l’espace de 3 semaines. Le covid-19 est bien un accélérateur des mutations économiques et sociales… et de l’enseignement.
Un commentaire
Très bon sujet Mme Dominique Mabika
A suivre de très près.
Comment peut-on contribuer à ce sujet?