Alors que l’Union Européenne compte mutualiser une enveloppe de 750 milliards d’euros sur les marchés financiers pour son plan de relance post COVID- 19, en Afrique c’est le sauve-qui-peut. Chacun des 54 Etats y va de son petit plan de relance carabiné avec des taux d’endettement solitaires élevés, des coûts de transaction dissuasifs (les cabinets d’intermédiation se sucrent) et, au final, de petites levées d’argent qui serviront, tout au plus, à acheter une paix sociale de plus en plus coûteuse.
Face à aux plans solitaires africains, l’Europe oppose une cohérence réaliste et efficace. Plutôt que de laisser l’Italie seule faire face à la réalité du marché, l’Europe des 27 a opté pour un véhicule collectif permettant aux fourmis de tirer les cigales, le temps de vaincre la pandémie. A l’arrivée, la mutualisation permet d’obtenir des liquidités à moindre coût.
Quelle différence avec l’Afrique où les Communautés économiques régionales (CER) et la Commission de l’Union Africaine n’ont pas un mandat économique mais seulement une sorte de transfert de compétence de l’ONU pour aller jouer les médiations avec plus ou moins de bonheur comme en Guinée Bissau, au Mali ou encore en Guinée Conakry. La mutualisation de la dette européenne est facilitée par une Banque Centrale Européenne (BCE) et une monnaie unique sous-tendant des politiques de convergence économique et sociale. En Afrique, il y a longtemps que le projet symbolique de la Banque Centrale Africaine est rangée dans les tiroirs. L’on n’en a plus parlé depuis, semble-t-il, la mort de Kadhafi. A quoi sert le caucus des Banques Centrales Africaines ?
C’est clair, les solutions nationales à la dette illustrent les divisions profondes de l’Afrique par temps de Covid-19. L’Union Africaine c’est encore pour les chrysanthèmes et les conférences. La réalité est tout autre: les souverainistes ont remporté la bataille, demandant le déboulonnage des statues mais pas le démantélement, non pas des frontières mais, à tout le moins, des barrières non tarifaires entre africains.
Pour l’économiste sénégalais, Makhtar Diouf, l’on file tout droit vers le remake du scénario des années 1982, l’étouffement suivie de la demande d’annulation pure et simple de la dette africaine conditionnée aux politiques d’ajustement structurel. Un éternel et coûteux recommencement.