Par Laurent Mucchielli, Sociologue, directeur de recherches au CNRS (Laboratoire Méditerranéen de Sociologie).
Dans un livre-témoignage, une urgentiste alsacienne décrit précisément la façon dont son hôpital a géré la crise du Covid entre la fin du mois de février et le début du mois de mai 2020. On y découvre l’ensemble des problèmes pratiques et éthiques auxquels ont été confrontées les équipes soignantes et la façon dont elles ont tenté d’y faire face.
Claudia Chatelus (49 ans) est médecin au service des urgences de l’hôpital Pasteur de Colmar, préfecture du Haut-Rhin. Ce département – et plus largement la Région du Grand Est – a été le premier à être massivement impacté par l’épidémie de coronavirus à la suite du rassemblement de quelques 2 000 évangélistes qui eut lieu à Mulhouse (autre ville alsacienne située à environ 40 km) entre le 17 et le 24 février, dans une structure fermée favorisant la propagation du virus. Durant la crise, cet hôpital de Colmar a accueilli 748 malades du Covid, avec un taux de mortalité de près de 10% (74 décès).
Écrit presque « à chaud », probablement durant la deuxième quinzaine du mois de mai, ce livre publié avec l’aide du journaliste Stéphane Loignon (grand reporter au Parisien) constitue ainsi un témoignage de premier intérêt. Il est par ailleurs très bien écrit, très accessible, organisé comme un récit chronologique, très descriptif, laissant parfois paraître la colère qui l’anime mais évitant de verser dans le pathos. On recommande donc sa lecture et on s’efforce ci-dessous d’en extraire quelques informations à portée générale.