Les deux lots des Bons du Trésor congolais (RDC) ont été adjugés, mardi 14 juillet 2020, à des taux d’intérêt records de 15% pour les titres de trois mois d’échéance et de 20% pour ceux de six mois d’échéance. En effet, les souscripteurs aux Bons du Trésor, réticents au vu de la faiblesse du taux de souscription, ont exigé plus de gages à la suite de la volatilité du Franc congolais, monnaie dans laquelle ces titres sont émis.
Ainsi, avec les titres de trois mois d’échéances, il a été levé 8,5 milliards FC sur les 20 milliards FC visés (équivalent de 10,2 millions de dollars USD), soit un taux de couverture du montant mis en adjudication de 42,5%. Ces Bons du Trésor ont été servis à deux soumissionnaires au taux d’intérêt limite accepté de 15%.
Sur les 10 milliards FC visés (1 dollar = 1956 franc congolais), pour le lot de 6 mois d’échéance, seuls 5 milliards FC ont été levés, soit un taux de couverture du montant mis en adjudication de 50%. Ces titres ont été servis à trois soumissionnaires au taux d’intérêt limite accepté de 20%, soit la peine maximale pour le Trésor congolais.
En comparaison, les Bons du Trésorlancés en octobre 2019 étaient souvent adjugés aux taux d’intérêt compris entre 4,5% et 10% avant de commencer petit à petit à franchir le cap de 10% à mesure qu’il était observé la dépréciation du franc congolais sur le marché de change. Selon la Banque centrale du Congo (BCC), la monnaie nationale s’est dépréciée d’environ 15% pendant les six premiers de 2020. Outre le fait que le taux d’intérêt est de plus en plus élevé, il s’observe aussi que le taux de couverture des montants mis en adjudication est de plus en plus bas, traduisant un manque d’appétit des investiseurs ou, pour être plus prosaïque, une montée de l’appréhension du risque par rapport à la signature de l’Etat congolais.
À la suite de la faiblesse dans la mobilisation des recettes, le gouvernement congolais avait lancé, en octobre 2019 les Bons du Trésor pour diversifier ses sources de financement afin de faire face à ses dépenses publiques toujours élevées. Un Bon du Trésor est un titre d’emprunt émis par l’État et remboursable à échéance. En RDC, c’est le gouvernement qui émet ces titres d’emprunt par le canal du Trésor public. Quand un opérateur économique ou un particulier achète un Bon du Trésor, il prête de l’argent à l’État et devient, en quelque sorte, son créancier. Garanti à 100 % par le gouvernement qui l’émet, le Bon du Trésor est l’un des placements les plus sûrs sur le marché monétaire.
2 commentaires
Votre analyse ne tient pas compte de toutes les dimensions du marché (notamment celui de sa liquidité).
Tout d’abord, vous observerez que les seuls investisseurs sont les banques. Il n’y a quasiment pas d’autres investisseurs pour le moment. Il urge que le régulateur donne accès au marché aux individus.
Ensuite, je tiens à vous signifier que la signature de l’Etat Congolais sur les bons du Trésor ne fait pas l’objet de suspicion.
Pensez-vous que l’Etat fera défaut sur votre propre monnaie alors qu’il lui suffit de réémettre un autre lot de titres pour rééchelonner (en dernier ressort) une échéance à laquelle il ne parviendrait pas à faire face ? Allons donc!
Les taux haussiers sont simplement le reflet d’une situation: la BCC n’octroiera plus d’avance à l’Etat. Les « investisseurs » y voient donc une opportunité car le seul moyen de financement dont dispose l’Etat en ce moment est l’émission de bons du Trésor. L’augmentation des ressources est une option sur laquelle on ne peut compte au regard de la crise que traverse le monde et la RDC…
Quid de l’analyse de la liquidité en CDF sur le marché? c’est cet élément qui explique le faible volume des participations.
Il s’agit donc de trouver les moyens de stimuler la liquidité. Je vous laisse procéder à une analyse un peu plus poussée sur cette question lors de votre prochain article.
Merci pour votre commentaire Strive Africana
Bien évidemment, il ne serait pas question d’un défaut sur sa propre monnaie. Mais le taux d’intérêt, plafond dans les derniers cas, reflètent la dégradation de l’engagement de l’Etat. Les investisseurs réclament plus de gages sous forme de taux élevé. Le faible volume des participations s’explique par le faible attrait de ces titres auprès des banques qui suivent de près le taux de change avec le dollar.
La rédaction