Les réponses des jeunes africains qui ont répondu au sondage de la Fondation Mo Ibrahim, publié le 23 juillet 2020, sont révélatrices. Pour 79% des interviewés, l’instabilité économique est le plus grand défi auquel leur pays est confronté à la suite du Covid-19. Derrière ce défi, vient le chômage, deuxième préoccupation pour 66% des répondants dans un continent où l’âge médian est de 19,7 ans et où 1 milliard de personnes ont moins de 35 ans.
Dans l’enquête Mo Ibrahim sur la perception de la covid-19 par les jeunes africains (lire ), les sondés ont fait état d’une importante inquiétude concernant la restrictions de leurs droits civiques et émis des réserves sur des politiques gouvernementales prohibitives. Interrogés sur les futures politiques de lutte contre la pandémie, les jeunes sondés ont appelé à des politiques économiques et sociales avec une dimension genre claire.
Par ailleurs, plus de la moitié des répondants souhaiteraient une amélioration des infrastructures de santé. Et 58% ont noté que l’accès et la fourniture des soins de santé dans leur pays sont «inadéquats». Plus de 52% de l’échantillon ne sont pas convaincus de pouvoir accéder aux soins de santé pendant la pandémie.
Facebook, Twitter et Instagram, les premiers canaux d’information
Plus 90% des jeunes interrogés estiment avoir accès à des données fiables concernant la pandémie. Sans surprise, les premiers canaux d’information ont pour nom Facebook, Twitter et Instagram, suivis de la télévision, des nouvelles en ligne et des applications de messagerie. La presse écrite peut se rhabiller, elle n’est pas de la fête.
L’on relève aussi une certaine distance entre ces jeunes et les institutions supranationales et régionales. Seuls 39% des sondés ont jugé les réponses des institutions internationales telles que l’ONU ou l’OMS «adéquates» et 36% seulement en pensent de même pour les institutions régionales. Quelque 64% des jeunes sont engagés dans une activité associative ou communautaire pour lutter contre le covid-19. Les jeunes sont optimistes quant à l’avenir, 84% des personnes interrogées estimant que la crise offrait une opportunité de réformer les politiques actuelles.
Un optimisme relevé d’ailleurs par Mo Ibrahim, le président de la Fondation éponyme: «Il est encourageant de voir cet optimisme prudent de nos jeunes – qui représentent près de 60% de la population africaine. Je partage leur optimisme et j’espère que, grâce à une saine gouvernance, les pays africains gèreront cette crise et se rapprocheront de leurs objectifs sociaux et économiques. La prise de décision doit inclure le plus grand atout de notre continent, ses jeunes, maintenant plus que jamais. ».
Le sondage a concerné 237 membres de la cohorte du Réseau Now Generation (NGN) de la Fondation Mo Ibrahim. 143 ont répondu à l’enquête et 105 l’ont rempli. Les formulaire remplis proviennent de citoyens de 35 pays africains, avec une moyenne d’âge de 33 ans, majoritairement féminine (52% et homme 48%). Avant la pandémie, tous les sondés avaient une occupation, principalement dans un emploi (57%), étudiant (15%), propriétaires d’entreprise (12%) ou pigistes (10%).