Adamou Sambaré, Directeur Général Creditinfo Group.
Le cœur-de-métier des banques commerciales et d’autres institutions financières, pour faire simple, est de vendre de l’argent. Prêter un montant en s’attendant un remboursement avec les intérêts permet à l’économie de se financer. Mais pour que ce cycle de « prêt-remboursement-prêt » soit soutenable à long terme il doit être mené avec vigilance et responsabilité.
Le risque d’un client, la probabilité de remboursement et la différentiation entre des « bons » et « mauvais » payeurs sont des éléments basiques mais essentiels pour prêter à grande et petite échelle. Creditinfo, conformément aux meilleures pratiques internationales, propose depuis des nombreuses années un outil novateur qui s’ajoute à la puissance informatique de ses Bureaux d’Information sur le Crédit (BIC) : le score CIP. Le score est un « indicateur statistique qui chiffre le risque potentiel du client et la probabilité qu’un prêt sera remboursé. Il a prouvé sa valeur en fournissant des évaluations de risques fiables et objectives, tout en réduisant les créances en souffrance, en diminuant les coûts opérationnels, en améliorant la qualité du service client et en modernisant le secteur du crédit ».
Comme exemple, au Maroc, un autre marché stratégique de Creditinfo, « les impayés bancaires [ont subi une] forte hausse à fin mai 2020, +6.5% par rapport à mai 2019… et totalisent 73,7 milliards de DH, soit un taux d’impayés de 8% ». Le réflexe « protecteur » serait de diminuer l’exposition à une clientèle de plus en plus risquée. Le score permet de filtrer correctement entre les bons et les mauvais payeurs, et de prendre des décisions rentables et sûres, en toute conformité avec les objectifs commerciaux. Cette tendance d’augmentation des impayés, comme déjà élaborée par Creditinfo, n’épargnera pas l’UEMOA (ou l’Europe), où les impayés augmenteront aussi.
C’est un phénomène potentiellement dangereux, que si laissé sans réponse risque d’avoir des conséquences sur une échelle macro. L’augmentation inévitable des créances en souffrance ne devra pas entraver les banques de l’exercice de leur fonction. Les banques auront la responsabilité de continuer à financer l’économie, en fournissant aux entreprises et aux particuliers la liquidité nécessaire pour faire tourner leurs activités.
Pour faire face à ces risques et pour donner « davantage de visibilité » aux prêteurs, il y a des nombreuses solutions, notamment dans un environnement de plus en plus digital. Une d’entre elles est le « score ».
Dans la région UEMOA, le Score CIP a été lancé en 2018, et il est le seul « score de bureau » dans la région. Depuis cette date, la base de données du BIC a été considérablement améliorée et ajustée. La qualité des données chargées a toujours été la priorité, et suite à des efforts techniques compréhensifs, cette base est aujourd’hui plus cohérente et efficace. Ces améliorations ont été décisives.
Notre base de données est plus riche, donc plus utile pour les prêteurs. L’analyse de risque plus récente des données de la région (ci-dessus) confirme l’applicabilité et la puissance prédictive du score. Sur une échelle de A (bon payeur) à E (mauvais payeur), l’outil évalue correctement la probabilité de défaut d’un client. Le score est disponible comme une composante intégrale de chaque rapport de solvabilité de Creditinfo West Africa, et peut être utilisé de manière automatisée ou en soutien aux décisions du personnel.
Comment prêter de manière soutenable et rentable dans une monde plus digital ?
La pandémie a révélé et exacerbé les inégalités et les vulnérabilités socio-économiques. Les ménages, les jeunes, et les PME informelles seront sans doute parmi les segments les plus affectés. Elle a aussi accéléré la digitalisation de tous les secteurs, dont le financier. Un financement fluide – mais responsable – sera le pilier de la reprise économique. La maladie à Covid-19 nous impose une urgence à laquelle nous devons faire face : le risque d’un blocage du système financier.
Le dilemme est donc de maintenir ou augmenter les flux de financement sans augmenter le taux de créances en souffrance. Le Score CIP est l’outil idéal pour prendre des décisions d’octroi de manière équilibrée et structurée. Il permet aux banques d’évaluer le risque de manière objective et fiable, et d’éliminer les biais et inexactitudes dans l’évaluation des clients. Avec le score, la subjectivité et les coûts des comités de crédit sont remplacés par un processus automatisé, objectif, et centralisé.
Dans cette phase d’incertitude post-pandémie, les lignes directrices seront la vigilance et la proactivité, deux éléments atteignables à travers le score. Le score est disponible sur tous les rapports de solvabilité, et en utilisant le score, tous les objectifs (commerciaux, de risque, etc.) peuvent être atteints en toute sécurité, avec une solution éprouvée et prête à être implémentée.