Les conséquences économiques du COVID-19 seront rudes partout et l’Afrique n’échappera pas à cette terrible vague. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), plusieurs pays africains devraient connaître une croissance au point mort voire une récession – une première en 25 ans – à l’instar du Ghana dont la croissance ne dépassera pas le seuil des 1% selon les prévisions du gouvernement contre plus de 6% envisagés en début d’année. Si la résilience panafricaine n’est plus à démontrer, les sphères économiques seront plus impactées mais le continent possède quelques ressorts non négligeables sur lesquels les décideurs pourront s’appuyer.
L’entrepreneuriat social: un outil au service d’une émergence inclusive
En premier lieu, la diaspora a investi le champ du développement solidaire, économique et social. Selon Peggy Sefolosha, fondatrice de Sillage Association basée en Suisse, le monde post-covid devra s’appuyer sur l’Education, l’autonomie des jeunes et des femmes pour créer les conditions de l’émancipation sociale en Afrique centrale et sur tout le continent. «Il y a de nombreuses raisons pour poursuivre une quête de développement durable. Avec notre équipe de 24 salariés, nous coordonnons sur le terrain à Kinshasa des actions visant à promouvoir un entrepreneuriat social et solidaire. Il nous faut impacter en ce sens pour permettre une autonomisation sociale et économique des jeunes et des femmes», affirme-t-elle. Un constat qui semble être partagé par d’autres structures comme l’organisation nationale et supranationale The Global Union & Gu’s Ghcf qui est également sensibilisé à ces problématiques. Une orientation qui converge vers le sens de l’histoire en marche quand on sait que, selon la BAD, 40% des femmes actives sur le continent sont entrepreneures bien qu’il s’agisse de micros structures souvent informelles.
Développer les axes forts, une nécessité
Si l’essor d’un entrepreneuriat social et dynamique semble être une clé de voûte indispensable à une reprise économique vigoureuse, l’Afrique doit jouer sur deux stratégies complémentaires. «Il faut développer les initiatives intra-africaines – une vision qui devrait être facilitée par la ZLEC. Et dans le même temps, nous devons créer des synergies avec l’ensemble des structures réparties afin de favoriser les investissements intra-africains et entre l’Afrique et le reste du monde», explique Joseph Boguifo, président de la Fédération ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises. Un avis également partagé par Célestin Tawamba, président du Groupement interpatronal du Cameroun. Bienvenue Angui, Directrice de la section Afrique du Mittelstand – plus grand réseau de PME allemandes- et issue de la diaspora ivoirienne, estime pour sa part qu’il faut créer des ponts durables entre l’Afrique et les secteurs privés notamment européens. «Nous avions organisé une série de conférences-wébinaires où nous avons permis à des entrepreneurs de l’Afrique et des diasporas de réseauter entre eux. Plus de 300 personnes ont participé issues des pays francophones et anglophones. Les investissements devront reprendre malgré la COVID-19» indique-t-elle.
La double culture: une arme efficace
Selon la présidente de Sillage Association, si la diaspora peut jouer un rôle actif, c’est en raison de leur positionnement. «Mon expérience de vie dans différents pays et ma double culture ont renforcé mon intérêt croissant pour les questions internationales. J’ai découvert la force d’un entrepreneuriat social original et les différentes façons d’aider les personnes vulnérables dans les pays que j’ai visités», explique cette jeune leader qui entend mettre sur pied un Centre d’accueil et de soins de jours pour les jeunes mères en RD Congo après s’être investie avec force dans la lutte contre le COVID-19 grâce à ses équipes par la distribution de nourritures, masques et gels hydro-alcooliques.
Enfin, sur les plans politiques et financiers, la diaspora sait aussi faire résonner sa voix à l’instar de Sira Sylla, députée française de la majorité présidentielle, très engagée pour l’émergence de nouvelles relations durables entre l’Afrique et la France. Elle s’était prononcée pour un abaissement des commissions financières sur les transferts de fonds et pour une possibilité de bi-bancarisation des diasporas, facilitant ainsi l’implantation de banques africaines en France. Pour rappel: la diaspora envoie près de 70 milliards de dollars chaque année vers le continent africain. Cela représente une manne financière non négligeable provenant de la diaspora considérée comme «la 6ème région d’Afrique» par l’Union africaine. Un avis également partagé par le PNUD. «Les diasporas ont un rôle décisif dans l’aide qu’elles peuvent apporter également au niveau des compétences et c’est toujours positif d’être en relation avec elles», estime-t-on au sein des équipes du PNUD RDCongo (Programme des Nations Unies). Donc, si les projets concordent vers des objectifs précis de développement et que les synergies se poursuivent, le continent pourra alors traverser cette crise mondiale en limitant la casse économique et sociale.
Un commentaire
C’est un atout que le Maroc n’utilise pas.
Par contre Israël l’a bien utiliser et le résultat est là en technologie Israël dépasse tout les pays européens et même les USA.
Au Maroc ce qui tiennent les rouages de la politique et de l’économie ne pensent qu’à leurs intérêts et non à l’avenir de leur nation et le futur de leurs propres familles.