Le secteur pétrolier a pris un coup rude durant cette pandémie au Cameroun comme partout sur la planète. La société CALICAM, dirigée par Gael Steeve Malep a fondé toute sa stratégie sur l’humain pour une reprise qui s’annonce mouvementée.
F.A :Le secteur pétrolier connaît une crise sans précédent. Le baril de pétrole est même passé sous la barre symbolique d’un dollar en avril dernier. Comment maintenir un volume minimum d’activités et garder la confiance de vos équipes et partenaires ?
Gael Steeve Malep : Pour notre société de maintenance industrielle et pétrolière, la crise sanitaire actuelle a un impact significatif sur le volume de nos activités du fait de leur nature. Mais le secteur n’a pas attendu la COVID-19 pour être en crise. On observait déjà quelques temps auparavant une léthargie en raison de la décote des cours du baril. Cette baisse de la production influençait déjà le cours des investissements. Face à cette situation, notre stratégie de riposte se fonde donc sur la résilience organisationnelle. Il nous faut renforcer la fonction économique de l’entreprise, stabiliser la partie financière et préserver la ressource humaine.
Vous parlez de «renforcement de la fonction économique». Qu’est-ce que cela signifie?
A chaque crise, vous avez son lot d’opportunités. Nous profitons des périodes de faibles demandes pour réparer les systèmes internes, améliorer les chaînes de valeurs ou effectuer des reconfigurations internet. Durant cette période, nous avons travaillé dur pour améliorer notre fonctionnement. En somme, nous restons dans une position favorable pour un regain d’activités.
Comment une entreprise comme CALICAM peut-elle améliorer son résultat financier ?
Créer de la valeur ne suffit pas, il faut aussi réduire les coûts et consolider nos acquis sur le marché. Ce sont des données essentielles pour la pérennité des entreprises. Cela ne concerne pas seulement CALICAM mais aussi l’ensemble des TPE/PME voire grands groupes que compte le Cameroun.
L’ensemble de l’économie a été à l’arrêt, il pourrait donc y avoir un problème de l’offre et de la demande. Cela tend davantage les relations entre les acteurs économiques.
Au niveau des ressources humaines, comment conserver les meilleurs talents et fixer des objectifs à celles et ceux maintenus dans les effectifs ?
L’Homme occupe une place privilégiée dans notre entreprise due à sa position sociale et sa fonction. Les femmes et les hommes sont le premier maillon de notre chaîne de valeurs. Notre premier objectif est de les protéger tout en préservant l’entreprise. Il nous fallait respecter certaines mesures conjoncturelles bien que contraignantes. Ensuite, il faut sensibiliser notamment sur l’importance des gestes barrières. Enfin, il nous fallait déterminer entre deux choix parfois cornéliens: soit maintenir l’ensemble des équipes en réduisant les salaires, se séparer de certains collaborateurs ou maintenir un statut-quo autant sur les rémunérations que sur les femmes et hommes en place. Nous avons préféré la troisième option car une entreprise n’est pas qu’une aventure économique, ce sont aussi des instants d’humanismes avec des travailleurs entièrement dévoués et engagés dans leur mission. Enfin, en terme d’organisation: nous avons mis en place des réunions de sensibilisations hebdomadairement en internet et à chaque début de journée sur les sites de projets.
Lorsqu’une entreprise comme la vôtre est presque à l’arrêt. Sur quels leviers peut-elle s’appuyer pour recréer de l’attractivité autour de sa marque ou de ses produits/services ?
Peut-être que nous vous surprendrons mais nous ne changeons pas radicalement les choses. Nos partenaires et clients sont habitués à une certaine méthodologie, une rigueur, un fonctionnement. Donc il ne faut pas tout revoir sous prétexte que la COVID-19 nous y contraint bien qu’il faille s’adapter aux réalités de notre monde. Donc nous maintenons la communication avec nos clients traditionnels ainsi que nos prospects. Nous optons pour des alliances stratégiques avec des entreprises opérant dans le même domaine tant en local qu’à l’international pour élargir le spectre de nos actions et bénéficier davantage d’opportunités.
Quelle stratégie avez vous mis en place pour créer la croissance et tenir d’ici les prochains mois ?
Ce changement de paradigme économique nous impose de maintenir notre vision d’ensemble tout en peaufinant nos stratégies.
Les différentes formes de collaborations nous permettent de bénéficier d’éventuels travaux de sous-traitance dans la sous-région. D’autre part, la formation de groupements d’entreprises pour l’exécution des projets industriels locaux à caractère public, bénéficiant ainsi de l’expertise internationale, est une nécessité pour la relance de la croissance car c’est sur le terrain qu’un succès se bâti.
Comment peut-on créer des différences dans un secteur où la concurrence est tout de même assez rude ?
Nos cœurs de métiers étaient l’isolation thermique et le calorifugeage des procédés industriels dans l’industrie pétrolière depuis 1993. Nous faisons de la veille concurrentielle. Cela nous permet d’être alerte et nous adapter aux nouvelles technologies ou réalités du marché.
Nous sommes ainsi au parfum des récentes innovations du secteur. En ce qui concerne l’isolation thermique, nous fournissons avec nos partenaires des solutions composites pour le colmatage des procédés industriels. Cette solution vient révolutionner une partie du secteur de la maintenance industrielle dans l’industrie pétrolière.
Comment susciter la confiance auprès des partenaires ou prospects ?
En tant que directeur général depuis 13 ans, nous avons mis en place différentes formes de coopérations qui régissent les rapports d’une entreprise avec son environnement externe. Ensuite, nous travaillons au renforcement de la confiance entre les acteurs qui interagissent dans cet écosystème. Quelques unes des variables pour installer ce climat de confiance sont le savoir et l’expérience, la maîtrise des contraintes de notre marché. Ce sont trois éléments qui fondent la confiance de nos clients et nos partenaires.
Comment peut-on gérer une entreprise en période de pandémie ?
Résilience et flexibilité sont les mots d’ordre qui cadrent le management que j’implémente au sein de mon entreprise. Implanter ces valeurs dans l’esprit de chaque acteur -quelque soit son niveau de responsabilité – est l’une de mes missions. Nonobstant le fait que l’entreprise est une chaîne donc chaque individu représente un maillon essentiel, chaque salarié doit se sentir interpellé par le résultat de l’entreprise. Ce que j’appelle « la règle managériale du ‘un pour tous, tous pour un ». Il faut se serrer les coudes dans un environnement parfois incertain mais psychologiquement, c’est important d’embarquer chaque membre sur votre navire convergeant vers le même chemin sans subir les événements.