Le gouvernement zimbabwéen accepté de verser 3,5 milliards de dollars d’indemnisation aux agriculteurs blancs dont les terres, acquises sur les autochtones durant la colonisation et la ségrégation raciale, avaient été expropriées sous le régime de Robert Mugabe invoquant les accords de Lancaster House signés le 21 décembre 1979. Le montant majoré des intérêts a été négocié à partir d’une évaluation gouvernementale de 1,2 milliard de dollars -au lieu des 5,4 milliards de dollars fixé par les anciens agriculteurs – et fait partie d’un accord de compensation globale entre les deux parties.
L’accord a été annoncé, mercredi 29 juillet 2020, par le président Emmerson Mnangagwa lors d’une cérémonie de signature à la State House à Harare. Pour réaliser cette levée des fonds, le Zimbabwe émettra un instrument de dette à long terme sur les marchés financiers internationaux, qui arrivera à échéance dans 30 ans.
Il est peu probable de convaincre les créanciers des justesses d’une telle opération compte tenu de la dégradation des comptes du pays confronté à une inflation de 700%. A court d’argent, Hararé a dû demander l’aide des partenaires du développement pour parvenir à l’évaluation convenue, ce qui a soulevé des questions sur sa capacité à obtenir le financement requis. L’assistance technique en matière d’évaluation a été fournie par la Banque mondiale grâce au soutien et au financement de l’Union européenne (UE) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en collaboration avec d’autres partenaires de développement internationaux basés au Zimbabwe.
Mais, selon l’accord, le Zimbabwe est convaincu qu’il est à la hauteur de l’opération. Le montant global de l’indemnisation sera payable par versements, le premier étant un acompte de 50% payable 12 mois après la signature de l’accord. Un quart du solde sera payé chaque année de sorte que le paiement intégral soit effectué sur cinq ans. Cependant, l’intégralité du montant de la compensation globale pourra être versée dans les 12 mois suivant la signature de l’accord si des fonds suffisants à cet effet sont mobilisés dans ce délai », selon les informations fournies par le ministère des Finances.
Sur 2 963 réponses reçues d’agriculteurs lors d’un référendum organisé par l’Union des agriculteurs commerciaux (CFU) du Zimbabwe et la Southern African Commercial Farmers Alliance (SACFA), 2 801 (94,5%) ont accepté l’offre du gouvernement. Le président Mnangagwa a qualifié l’accord de « capital » et « historique », affirmant qu’il « ferme une page et offre un nouveau départ ». Au nom des agriculteurs, Andrew Pascoe, président du Syndicat des agriculteurs commerciaux, a déclaré que l’accord était une étape importante qui permettrait de résoudre « ce problème en suspens ». Le secteur agricole Zimbabwéen autrefois grenier de la région a déjà subi plusieurs coups durs. A travers cet accord de compensation, l’ex Rhodésie du Sud se donne les moyens de regarder en avant.