Par Mory Guéta Cissé.
Banquier et opérateur économique, Mory Guéta Cissé décrypte dans cette analyse l’incroyable histoire de détournements de devises à la Banque Centrale de Mauritanie. L’occasion de revenir aux origines de cette institution jadis symbole de l’excellence, aujourd’hui confrontée à d’importants défis.
Un véritable tremblement de terre avait secoué l’autre weekend tout le landerneau politique et financier Nouakchottois mais également le mauritanien lambda qui s’est senti trahi en ces périodes de grande pandémie Covid-19 avec ses conséquences immédiates de récession économique et des perspectives d’avenir alarmantes alors que notre institut d’émission communément appelé Banque Centrale de Mauritanie (BCM) avec ses 47 ans devrait rentrer dans un âge de sagesse et de plénitude.
Ses premières années furent dures pour ceux qui s’en rappellent avec une allocation touristique de 10.000 (Dix Mille ouguiyas) mais l’encadrement du système bancaire fut une réussite en ce sens que les taux d’intérêt étaient variables d’un secteur d’activité à un autre avec des plafonds globaux de réescompte pour soutenir l’activité économique nationale.
Certaines considérations de clientélisme politique avaient impacté négativement la situation économique du pays qui s’est petit à petit dégradée du fait des crédits de complaisance non productifs et les conséquences de la guerre du Sahara dont les effets immédiats furent la récession avec les plans d’ajustement subséquents ; il s’en est suivi une restructuration du système bancaire et sa privatisation progressive accompagnée d’une libéralisation de notre système de changes avec des effets moins contraignants tant pour les acteurs économiques que pour les ménages .
Il est important de rappeler que l’impact le plus important sur notre politique économique fut la décision d’interdire les transbordements en haute mer et même à quai avant inspection et contrôle et, d’imposer le débarquement de nos produits halieutiques au port de Nouadhibou et , non plus à Las Palmas de Gran Canaria avec pour conséquence immédiate la création d’un marché international pour la détermination du prix du poisson à Nouadhibou ; c’est ainsi que fut créée la Société Mauritanienne pour la Commercialisation de Poisson (SMCP) entrainant la domiciliation des recettes en devises des exportations des produits de la pêche directement dans les comptes extérieurs de la BCM pour un soutien à notre balance des payements et une meilleure visibilité du niveau de nos exportations.
Cette pertinente et courageuse décision prise en 1984 par le Président Mohamed Khouna Ould Haidallah avec ses conseillers économiques ne fut pas une idée de la BCM bien que sa mise en application lui ait été confiée en collaboration avec le Ministère des Pêches et l’idée de départ, combattue par la puissante fédération des pêches, véritable boite à idées et force de contribution positive, était de faire de cette institution un levier sous le contrôle exclusif des banques commerciales qui en seraient les seuls actionnaires.
Bien plus tard et avec l’expérience, j’ai reconnu que les armateurs avaient bien le droit d’être associé à la commercialisation des produits de leur pêche pour en réclamer le juste prix ; de fait l’attribution de certains postes d’administrateurs à une clientèle politique n’ayant aucune connaissance des activités de la pêche encore moins de la commercialisation des produits halieutiques ni des transactions financières n’a plus aucune raison d’être pérennisé et il y a lieu de marquer une rupture par rapport à certaines pratiques.
En cette période de pandémie COVID-19 alors que nous nous attendions à la mise en place d’une véritable politique de résilience sociale et économique de notre Institut d’émission, ce que nous souhaitions n’être que des rumeurs malveillantes persistantes ont fini par faire état d’un détournement de devises étrangères au niveau de la Banque Centrale de Mauritanie « BCM », confirmé par un communiqué laconique sans inspiration sur simple papier entête de cette haute institution financière sans aucune signature de référence.
Il ne s’agissait donc plus de rumeurs mais de faits avérés avec, selon certaines informations fuitées, de probables implications de fonctionnaires exerçant dans les plus hautes sphères de la République ; bien triste constat pour ce pays et pour la BCM dont la vocation première est de symboliser notre souveraineté monétaire et notre indépendance économique.
L’enceinte de la Banque Centrale a toujours été considérée comme une franchise où la police n’a pas droit de cité ; l’institution disposait d’inspecteurs bien formés et expérimentés, assermentés devant la Cour Suprême, maitrisant les règles de procédure de traitement des diverses opérations et transactions financières et, habilités à faire les contrôles et inspections appropriés dont les rapports dûment documentés sont déposés directement entre les mains du Procureur de la République pour diligenter son enquête en cas de besoin lorsque des implications extérieures sont greffées malencontreusement à des malversations internes.
Jeune étudiant au moment de la nationalisation de la MIFERMA devenue la Société nationale industrielle et minière (SNIM) et de la création de notre monnaie nationale, nous avions salué cette décision alors que le Doyen Maitre Wade en toute fierté et solidarité nous en expliquait les nouveaux mécanismes à la suite du retrait de notre pays du compte d’opérations au niveau du Trésor Français et de notre solidarité monétaire dont les autres Etats de la même zone monétaire bénéficiaient du fait de nos avoirs excédentaires qui faisaient de la Mauritanie et de la Côte d’Ivoire les locomotives de cette zone monétaire solidaire.
Nos ainés, Daddah, Bneijara, Zeïn, Khalifa, Boye, Yehdih, Dieng et tous ceux qui les ont suivis, étaient des exemples à suivre et sources de fierté pour nous tous, pour leur patriotisme, leur professionnalisme, rigueur intellectuelle et morale pressés que nous étions de terminer au plus vite afin de les rejoindre dans cette aventure nationale où même ceux qui n’avaient pas intégré l’Institut d’émission devaient se mettre au service du pays en se conformant aux nouvelles règles prudentielles contraignantes par rapport aux pratiques antérieures selon les normes de la BCEAO.
Belle réussite de l’avis de tous, la création de la BCM fut un instrument de régulation de notre politique économique et de promotion d’hommes d’affaires nationaux même si les critères de la préférence nationale n’étaient pas toujours équitables aux yeux de certains mais ; au moins cela avait l’avantage de créer une race d’hommes d’affaires mauritaniens apte à assurer la relève dans les leviers de commandes des divers secteurs de l’activité économique.
La Mauritanie a eu une bonne longueur d’avance par rapport à ses anciens collègues de la zone Franc qui peinent encore à se dégager de la tutelle de la France garante de la convertibilité illimitée du FCFA, mais également à s’entendre sur l’essentiel pour une monnaie commune FCFA ou ECO pour des questions de leadership ou de dénomination de cette future monnaie ; divergences accentuées par des critères de convergence économique irréalisables pour certains pays compte tenu des disparités au plan économique, financier et démographique des Etats au sein de cette nouvelle zone monétaire en construction.
Notre pays, malgré ses acquis de départ n’a pas pu capitaliser au mieux ses avantages ; négligeant petit à petit la formation continue du personnel pour ne faire de cette prestigieuse institution qu’un garage pour les enfants d’une certaine classe sociale, son gouvernement étant plus souvent confié par les différents pouvoirs militaires qui se sont succédés à une certaine clientèle politique souvent sans connaissance des techniques bancaires ou des rouages d’une économie de marchés.
Même si les Mauritaniens sont des génies, on ne peut pas continuer à confier à quelqu’un non préparé à certaines responsabilités, la conception et la gestion de notre politique économique et monétaire garante de notre souveraineté et indépendance dans ce domaine.
Donc, ce qui vient de se passer au sein de la BCM est la conséquence d’un mauvais casting au niveau de son gouvernement et des différents échelons de l’organigramme de l’institution avec un manque d’expérience notoire mettant en cause la crédibilité d’une si prestigieuse institution dont la défaillance de son propre système de contrôle et de monitoring peut nous faire également douter de l’efficacité des missions d’audit et de contrôle de son staff au niveau des banques commerciales privées placées sous son autorité directe.
Ce dysfonctionnement des organes de contrôle de la BCM et le manque de formation du personnel en charge des questions d’audit, de contrôle et d’inspection explique certaines carences constatées au niveau de certaines banques commerciales les exposant à des difficultés pour honorer les retraits sur les dépôts des clients portant ainsi un préjudice à l’ensemble du secteur bancaire dont la contribution à l’activité économique nationale est de plus en plus faible sinon généralement orientée exclusivement vers le financement de leurs propres affaires ou celles de leurs groupes en totale inobservation de la plupart des ratios prudentiels de gestion favorisant ainsi les facteurs multiplicateurs de l’inflation par la création sans contrôle de la monnaie sans que la BCM ne prenne des mesures de correction conformément aux dispositions en vigueur
Il est étonnant, compte tenu de l’ampleur des dégâts, que l’on nous présente un seul coupable au sein de la BCM sans aucune complicité interne, tous les autres mis en cause seraient des intervenants extérieurs ce qui pourrait non seulement faire penser à un maquillage mais également, confirmer l’inefficacité des procédures de contrôle journalier ou périodique des encaisses de la BCM sachant que le Caissier Central ne peut pas stocker dans ses réserves des montants en devises aussi importants sans les sceller par dénomination et valeur afin d’en faciliter le contrôle et les sorties.
Par ailleurs, même si, par extraordinaire, l’opinion publique accepte qu’un seul agent de la BCM est directement concerné par ces malversations, il n’en demeure pas moins qu’il y’a eu des failles dans les systèmes d’audit, de contrôle et d’inspection et que des mesures administratives appropriées doivent être prises à l’encontre des responsables concernés pour leur négligence afin que les sanctions infligées soient à la hauteur de la gravite de l’acte pour que cela puisse servir de leçon
En outre, l’identité des actionnaires des banques ainsi que des divers contrevenants aux mesures de sécurité dans le système bancaire devrait interpeler nos consciences d’autant qu’à l’origine il fallait joindre à son dossier d’embauche une attestation de bonne moralité et même une recommandation écrite d’une personnalité connue pour son intégrité pour donner un semblant de correction du postulant mais, hélas toutes les bonnes mesures ont été mises aux oubliettes.
De plus, les banques pour la commercialisation de leurs produits font appel à des cellules de communication et doivent utiliser ces mêmes cellules en cas de crise pour bien contrôler l’information afin d’éviter les risques de panique des usagers et, c’est pourquoi, il y’a lieu de s’inscrire en faux contre la déclaration de certaines voix autorisées qui semblent vouloir minimiser les faits incriminés au sein de cette institution en voulant faire croire que c’est une affaire somme toute normale et courante dans les institutions financières ; mais, on a tendance à oublier que comparaison n’est pas raison et, qu’il s’agit de notre institut d’émission avec toute la symbolique qu’il incarne et que, ce qui s’y est passé ne peut être comparé à un casse ou un détournement perpétré dans une banque commerciale ou ailleurs.
De plus, les banques commerciales devraient être assez outillées (ce que le dossier actuel de QNB met sérieusement en cause) avec des procédures toujours innovantes pour minimiser la survenance de tels risques et même en cas de dérapage, leur professionnalisme ainsi que leur maitrise de l’information devrait permettre d’éviter les risques de fuite en traitant les cas éventuels en interne pour éviter la panique que les éventuelles fuites pourraient causer au niveau de leur clientèle, sensibles et réfractaires à de telles pratiques frauduleuses.
La communication financière doit être laissée aux professionnels et rappelons-nous que le casse de l’Agence BCEAO de Bouaké en Côte d’Ivoire a été bien maitrisée par le siège d’Abidjan et le siège central à Dakar pour ne pas ajouter à la panique de la guerre civile la panique d’une éventuelle inflation, dévaluation du fait des fortes sommes dérobées sans aucune chance de les retrouver ; ce casse n’était pas le résultat d’une défaillance dans les procédures de contrôle mais plutôt dû à la guerre civile qui sévissait dans ce pays élément moteur de cette zone monétaire reposant sur le principe de la solidarité.
Il serait temps que les statistiques des différents cas de détournement ou de falsifications d’écritures conduisant à ces délits et crimes économiques au sein des banques servent de leçons pour instaurer un meilleur profilage au niveau des Départements des Ressources Humaines et des Coachs des institutions financières pour le recrutement, la formation et l’encadrement du personnel affecté à ses responsabilités de manière à changer radicalement de paradigme dans les méthodes de recrutement au sein des institutions financières publiques ou privées.
Par ailleurs, la formation des comptables affectés dans les divers projets de développement et autres ONG devrait être mieux encadrée de manière qu’ils puissent établir au moins en temps réel les états de rapprochement bancaire permettant d’identifier les opérations en suspens dans leurs livres par rapport à leurs écritures comptables afin d’en chercher les origines pour lancer les alertes ou pour les régularisations éventuelles après avoir écarté les possibilités de malversation
Notre Banque Centrale paie des honoraires à prix d’or à des cabinets étrangers qui ne sont pas capables de détecter ou de mettre en place des procédures de contrôle et d’audit fiables pour sécuriser les avoirs de la banque alors que, la première opération de l’auditeur externe est l’inventaire physique de l’encaisse et des immobilisations par son propre staff par rapport au grand livre général de l’institution en présence du personnel concerné et des services de contrôle et d’audit interne de la banque.
A mon avis, la BCM est devenue une vieille institution qui a pris de l’âge et une réforme s’impose pour corriger le mode de fonctionnement actuel de son gouvernement de manière à clarifier les prérogatives du gouverneur qui pourrait n’avoir qu’un rôle de conception, de coordinateur et de régulateur de la politique monétaire définie par le Comité (qui gagnerait à être réformé en y cooptant les Ministres des Finances, de l’Economie, du Commerce et non plus des représentants de ces ministères) alors que ses différents adjoints seraient des opérationnels de manière à ce que les responsabilités de chacun soient clairement définies pour éviter les conflits de compétence ou les interférences, ainsi chacun sera pleinement responsable de son secteur d’activité.
En conséquence les missions ainsi que la composition tant du Conseil Général que du Conseil de Politique Monétaire devront être revues pour mieux les adapter aux réalités de l’heure et de manière à ce que les interlocuteurs, lors des rencontres au tour de table, soient au même niveau hiérarchique pour des débats décompléxés et francs au cours desquels seuls les intérêts du pays et de l’institution seront pris en compte nonobstant les orientations visées par le Gouverneur pour quelque raison que ce soit .
La BCM ne joue plus depuis quelques années son rôle de conseil en ce sens que, sa direction des études ne fait plus de publication sur l’activité économique nationale et internationale ainsi que les diverses prévisions économiques et nous sommes dans l’attente de la contribution de cette direction dans l’élaboration d’un programme de résilience économique et social devant booster notre développement dans cette phase de pandémie et de post covid-19 , mais, c’est à se demander où sont les compétences sinon, sont -elles utilisées à bon escient.
Au stade actuel de notre développement économique et social et, en prévision des difficultés à affronter pour faire face aux problèmes post covid-19, on ne peut plus permettre la concentration de tant de pouvoirs entre les mains du Gouverneur de la BCM dont la nomination relève d’un simple Décret Présidentiel, nomination ne répondant souvent à aucun critère objectif alors que nous avons besoin d’idées nouvelles avec des compétences capables d’élaborer et de mettre en place un programme de résilience économique et sociale pour une relance effective de notre économie fortement impactée par le coronavirus.
Il y’a quelques mois, il avait été suggéré le rachat par la BCM des terrains de l’ancien aéroport pour cause d’utilité publique, sinon bénéficier d’un terrain sur l’espace au tour du centre universitaire afin d’y bâtir son nouveau siège avec tous les bâtiments annexes nécessaire dont un centre de formation intégré car il faut avoir une vue prospective et travailler pour les générations futures en s’inspirant des réalisations des autres et l’actuel siège serait dédié à l’Agence BCM de Nouakchott à créer.
Nous considérons que le rachat pour quelque raison par la BCM de l’immeuble de la SNIM initialement conçu pour recevoir des bureaux et donc non adapté pour le transfert de la BCM n’est ni pertinent ni envisageable du fait de son exiguïté et sa position géographique en plein centre- ville sans chambres fortes pour la sécurité des avoirs ni des places de parking pour le personnel et les usagers et que par conséquent, rien ne concourt favorablement pour ce transfert malgré que la transaction ait été actée.
De mon point de vue, l’argent qui pourrait être récolté par le rachat par la BCM des terrains de l’ancien aéroport ou de tout autre terrain pourrait servir à dédommager certains créanciers des Ets Najah ou de Cheikh Ridha car il y’a certainement encore des terrains non encore vendus ou destinés à leurs propres projets d’investissement (Qu’en est-il d’ailleurs du projet de construction de la grande Mosquée de Nouakchott sur le site de l’ancien aéroport).
En tout état de cause, l’immeuble de la SNIM non adapté aux besoins de la BCM pourra être loué ou vendu aux différentes compagnies pétrolières et gazières ainsi qu’aux différentes sociétés minières et faire des plateformes de bureaux à louer selon les besoins de la clientèle mais il y’a lieu d’aller vite en besogne avant que nos voisins et partenaires ne fassent signer à ces sociétés minières des contrats de location alors que l’immeuble fermé et sans entretien adéquat va se détériorer petit à petit ce qui n’est à l’avantage de personne
L’argent n’a certainement pas d’odeur mais il n’aime pas le bruit surtout quand il peut porter préjudice à une institution de prestige ou à tout un peuple lorsque l’on prête à notre institut d’émission des horaires d’ouverture de ses caisses en dehors des horaires normales de travail ou quand il est cité dans des questions de faux billets de banque en monnaies étrangères qu’un ou des employés indélicats auraient introduit dans les stocks de liquidités de la Banque Centrale et que l’information, vraie ou fausse, fasse la Une des journaux et revues de presse.
La BCM, garante de la gestion et de la crédibilité de notre monnaie nationale et, sous le management exclusif de cadres mauritaniens n’a pas connu à travers le temps les problèmes qu’ont connu certains pays comme la Guinée, le Mali, la Sierra Léone, Le Zimbabwe, le Libéria, etc….., mais, le pays risque de connaitre ces mêmes problèmes si les nominations aux postes de responsabilité continuent
à s’exercer de la même manière avec pour seul souci le clientélisme politique et la volonté de manipulations à des fins personnelles des collaborateurs subordonnés à la personne du décideur ; il est temps de retourner à l’orthodoxie pour que prévalent l’éthique et la déontologie .
En cette période de pandémie, nous attendions les interventions de la BCM pour des concertations avec les banques commerciales en vue d’une part de la mise en place d’une politique plus active de la vulgarisation de la digitalisation des opérations bancaires pour éviter les rush aux guichets en privilégiant et en diminuant les couts des cartes bancaires et, d’autre part, suivant l’exemple du Gouvernement, diminuer son taux directeur et solliciter en même temps le report pour une période de 3 à 6 mois les échéances de remboursement des crédits des entreprises et de ménages impactés par la Covid19 pour mieux porter assistance aux populations ; mais au finish nous assistons à un scandale de détournements de fonds.
Après une année de magistère, dont plus de 6 mois marqués par les effets de la pandémie de covid19, il est dommage de constater qu’en plus de cette crise sanitaire, le pays est toujours empêtré dans des problèmes de politique politicienne qui ne permettent pas au candidat devenu Président de présenter au peuple mauritanien en des termes chiffrés, son programme de résilience et de développement économique et social ainsi que son mode de financement sur la base de ses engagements de campagne fortement secoués par cette crise encore en cours à l’échelle mondiale.
Ce qui nous intéresse désormais c’est la quantification et l’évaluation objective de son programme économique et social et les moyens matériels, humains et financiers pour le réaliser au profit d’une grande majorité de notre peuple vivant dans la précarité et, il est bien heureux de constater que le Parlement ait terminé ses travaux pour que le nouveau régime qui naitrait de cette nouvelle situation puisse déployer sa feuille de route et se mettre au travail pour la satisfaction des besoins des populations.
Je ne saurais terminer sans m’indigner qu’en suivant l’autre jour le débat de CCME sur le thème : « La Mauritanie dans l’ère Post- Covid » , j’ai été choqué par les aveux d’impréparation de certains responsables à la face du monde agissant comme si le sujet n’était pas leur préoccupation quotidienne ; le rappel des problèmes que nous vivons et ceux que nous avons vécu ne sont plus nos priorités car, nos préoccupations principales sont orientées vers le futur pour savoir comment survivre à cette pandémie et quelles sont les mesures envisagées ou déjà prises par nos gouvernants pour amorcer une bonne reprise des activités et sauver et améliorer ce qui peut encore l’être.
Hélas, cette situation générale d’impréparation s’explique par les lacunes sinon par l’absence d’une planification étatique dans un contexte de gestion de risques multiformes et de développement durable auxquels nos populations sont exposées alors que nous avons tendance à tout prendre à la légère sans vraiment donner à chaque problème l’importance qu’il mérite afin de lui trouver avec diligence et pertinence les solutions idoines pour le mieux -être de nos populations.
Maintenant que la CEP a remis son Rapport et que le Parlement a fait ses recommandations à l’autorité judiciaire, il est temps de secouer le jujubier pour mettre un terme au pilotage à vue afin que l’on se remette tous au travail pour la mise en place d’un programme de résilience économique et sociale consensuel, bien élaboré grâce à la contribution de qualité de tous les secteurs d’activité en ciblant les sources de financement adéquats pouvant permettre une véritable relance de l’activité économique ainsi qu’un développement durable pendant ainsi qu’à la fin de cette pandémie.