Jamais visite n’a soulevé autant de questions entre les tropiques et l’équateur. Le Chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, sera reçu, jeudi 6 août, par son homologue camerounais, Paul Biya, à la tête de la première économie de la zone CEMAC, suspectée de vouloir, elle-aussi, rejoindre l’eco. A la BEAC, l’information n’est pas confirmée. “L’Eco est la monnaie de la CEDEAO”, rappelle doctement notre interlocuteur, nous renvoyant aux préparatifs de la table ronde des bailleurs en décembre, “seul sujet de l’heure”.
N’empêche, ils sont nombreux à penser que cette visite du président Buhari, annoncée à la dernière minute, s’apparente à une opération destinée à dissuader la CEMAC d’adhérer à la nouvelle monnaie.
Pourtant, de l’avis des observateurs, la rencontre est portée sur les enjeux bilatéraux liés à la sécurité, notamment la sécurisation des frontières communes, l’échange d’informations et la coordination de la riposte.
La visite du président Buhari a été annoncée après une réunion, mardi, entre l’exécutif et les plus hauts gradés de l’Armée, élargis aux responsables de la police et aux chefs des différentes agences de sécurité intérieure. Un constat s’est dégagé de cette rencontre: la
dégradation de la situation sécuritaire notamment dans le centre et le nord et la porosité de la frontière avec le Cameroun. Les groupes armés profitent largement de l’absence de coordination entre les deux armées.
L’autre point délicat concerne un point sur les importations massives du riz et autres denrées provenant du Cameroun qui fragilisent le “Made In Nigeria” et, partant, le Naira. Reste à savoir si le président Biya évoquera avec son homologue la question sensible de la crise anglophone.