Symbole de la photographie d’avant le numérique, Kodak, le fabricant d’appareils photos et de pellicules, avait raté le virage mais semble depuis s’être ressaisi. Après un dépôt de bilan en 2012 et la mise en vente de 1.100 brevets pour solder des dettes et se donner un peu d’oxygène, l’entreprise fondée en 1892 s’était focalisée sur les services d’emballage, d’impression et de produits chimiques.
A la lumière de la pandémie du coronavirus, Koadak, qui avait entre temps, en janvier 2018, ouvert une page cryptomonnaie en lançant les Kodakcoin permettant de rémunérer les droits d’image des photographes, engrangeant une flambée de 245% de son titre en Bourse, s’est trouvé une toute nouvelle vocation en annonçant, le 29 juillet, la fabrication de principes actifs à la base de certains médicaments dont la fameuse hydroxychloroquine. Un prêt de 765 millions de dollars de l’administration américaine suspendu aujourd’hui aux résultats d’une enquête pourrait accélérer la mue.
L ‘objectif est que la société produise au total jusqu’à 25 % des principes actifs nécessaires à la préparation des médicaments génériques en cours aux Etats-Unis. Le président américain voit dans cette reconversion «une étape décisive dans le rapatriement de la fabrication de produits pharmaceutiques aux Etats-Unis».
Le marché avait bien accueilli cette reconversion. Le titre Kodak avait flambé de plus de 1.600 % à 33 dollars à Wall Street après l’annonce, le 31 juillet de l’accord de financement. Une forte flambée alimentée principalement par 79 000 petits porteurs inscrits sur la plateforme de trading Robinhood qui a poussé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren à demander à la Commission des valeurs mobilières (SEC) d’enquêter afin de déterminer si les lois sur le délit d’initié avaient été violées.
Selon Mme Warren, il y a eu «une activité commerciale inhabituelle» sur le titre Koadak avant l’annonce de l’accord. La SEC en est maintenant aux premières étapes d’une enquête, selon le Wall Street Journal, qui cite des sources anonymes. Il est vrai que la précédente flambée, intervenue lors de l’annonce du lancement de KodakCoin, n’avait pas eu de suite. Le projet tombée à l’eau n’est même pas mentionné dans les rapports annuels de l’entreprise. Aussi, les rumeurs vont bon train à propos de cette nouvelle flambée. En mai dernier, alors que Kodak était en négociations pour son prêt, 240.000 stock-options sont distribuées aux membres du conseil d’administration. Générosité suspecte.