Par Daouda Bakary Koné, correspondant permanent à Bamako.
Ce mardi 11 août, les militants et sympathisants du M5-RFP s’étaient donnés rendez-vous au boulevard de l’indépendance à Bamako, capitale Mali. La foule était nombreuse mais loin de l’ampleur des dernières manifestations. A sa prise de parole, l’Imam Mahmoud Dicko, le verbe haut, la main posée sur le coeur, n’a pas pu maitriser sa colère contre l’ingérence de certain pays étrangers dans les affaires intérieures du Mali. La France est nommée.
A 15h35 minutes, à la place de l’indépendance, plusieurs leaders étaient sur les lieux, à l’instar de Dr Choguel Kolla Maiga, porte-parole du mouvement M5-RFP, de maître Mountaga TALL, de Me Mohamed Aly Bathily, de Modibo KONE (ancien candidat aux élections présidentielles maliennes) , de l’ancien premier ministre Modibo sidibé, de Mme SY Kadiatou SOW et de tant d’autres. Mais une seule prise de parole importait à ses milliers de maliens hostiles au président Ibrahima Boubacar Keita (IBK), traité de tous les noms.
Prenant la parole à 18h, Mahmoud Dicko, l’autorité morale du mouvement M5-RFP, a galvanisé plusieurs fois la foule en puisant dans le répertoire religieux : « Dieu sait que nous avons des belles intention, Dieu est avec nous. Nous devons restaurer la nation Malienne », dit-il en faisant corps avec cette foule qui buvait ses paroles avec des applaudissements nourris. Pour le prédicateur le plus influent sur les bords du Djoliba, le Mali tanguera mais le Mali ne tombera point. Et de dénoncer «l’immixtion de personnes étrangères». « Il n’y a pas de bras de fer entre le peuple et celui qu’il a élu. Si IBK n’écoute pas le peuple, il sortira par la petite porte en grimpant», a-t-il martelé.
L’imam Dicko est aussi revenu sur les tragiques événements de la mi-juillet, confiant avoir demandé au chef du gouvernement l’identité de ceux qui ont pu envoyer « des forces pour aller tuer devant mon domicile. Cette gouvernance nous conduit vers l’abîme« . L’imam appelle ouvertement à la démission du premier ministre Boubou Cissé, révélant par ailleurs que des « instructions seraient venues d’un pays étranger afin d’imposer le maintien de ce dernier à la Primature pour un agenda qu’eux seuls savent». Et « l’homme de Dieu, oubliant sans doute qu’il ne bénéficie pas lui-même du suffrage de ses compatriotes, de marquer son étonnement qu’un chef de gouvernement qui «n’a aucune légitimité se mette à élaborer une feuille de route».
Au milieu de sa logorrhée, l ’autorité Morale du M5-RFP a eu une pensée pour les militants du M5 arrêtés et condamnés. «Voilà pourquoi j’ai appelé mes concitoyens à massivement participer au rassemblement de ce mardi, mais sans violence ».
Selon Yeah Samaké, ancien ambassadeur d’IBK, « nous, le peuple souverain du Mali, réclamons la démission du président corrompu ». A son tour, Dr Oumar Mariko, l’opposant historique de tous les régimes du Mali depuis 1991, y ira de son commentaire: « nous ne cesserons pas la lutte tant que IBK ne démissionnera pas. Nous resterons déterminés jusqu’à la victoire finale »
Dans son intervention, l’autorité morale du M5-RFP, ne semble plus exiger la démission du président de la république se limitant à exiger le départ du du premier ministre. Finalement, en écoutant la seule intervention de Mahamoud Dicko, l’ on se demande si l’objectif initial de faire partir le locataire de Koulouba (Dieu sait que la colline est difficile à escalader) est toujours de mise. Si au départ, celui que certaines chroniques rapprochent du Qatar alors que d’autres situent un peu plus à l’Est, était favorable à une démission du président de la république, ces derniers temps, les prétentions (revues à la baisse) semblent se focaliser sur la démission du premier ministre.
Celui qui, à plusieurs reprises lors de ce rassemblement, a levé sa tête vers le ciel, n’en continue pas de menacer le pouvoir de IBK: « Dieu me garde », « je reste témoin et médiateur de ceux qui sont ici sur la terre et dans le royaume des cieux », dira l’imam un brin prophète, peu amène envers la France et la CEDEAO.