Jeudi 13 août 2020. L’Imam Mahmoud Dicko, figure proue de la contestation contre le président Ibrahima Boubacar Keita, a effectué une visite à Nioro du Sahel pour rencontrer le chérif Mohamed Ould Cheickne dit Bouyé Haïdara. L’imam Dicko qui conduisait une forte délégation du M5-RFP a échangé avec son vis-à-vis durant 7 heures, de 16h à 23h 30mn.
A l’issu de cette rencontre médiatisée, les deux leaders religieux ont affiché une convergence de vues sur la crise sociopolitique que traverse le Mali. L’Imam Dicko affirme avoir donné des explications nécessaires au guide des Hamalistes. Ce dernier, dit-il, a aussi donné son point de vue sur la crise que traverse le pays. « Dieu Merci, nous nous sommes compris », a conclu l’ancien président du Haut Conseil Islamique.
La rencontre intervenait vingt-quatre heures après la visite du médiateur de la CEDEAO, l’ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, reçu avec les honneurs et les égards dus à son rang mais sans résultats saillants. Car, estiment les communicants de l’imam Dicko, le chérif de Nioro dit toujours soutenir la demande de démission du président IBK, convaincu que celui-ci ne pourra plus gérer le pays.
Pivot des manifestations qui paralysent le Mali depuis le mois de juin dernier, l’imam Mahmoud Dicko reste ferme sur sa position, apportant un bémol au satisfecit distillé dans l’entourage de l’envoyé spécial de la CEDEAO quant à d’éventuels progrès enregistrés avec l’implication des chefs religieux.
« Aujourd’hui, nous avons rendu visite au cheikh Mohamed Ould Cheickne Hamaoula, le très respecté shérif de Nioro. Je suis encouragé par son message de paix et la détermination d’autres dirigeants comme lui, à croire que la crise politique prolongée au Mali sera bientôt résolue », avait déclaré Goodluck JONATHAN, médiateur de la CEDEAO, à la sortie de ses échanges avec le Chérif de Niro.
Certes, Bouyé Haïdara, très influent dans la vie politique malienne, s’est engagé à demander aux uns et aux autres d’accepter l’apaisement mais dans le fond rien n’a bougé. Un autre chef religieux, Chérif Ousmane Madani Haidara, président du Haut conseil islamique du Mali, a abondé dans le même sens.
Seul avancée à mettre dans le compte de l’ancien président nigérian, le règlement des questions liées aux élections législatives contestées. Durant son séjour à Bamako, Goodluck Jonathan a effectivement assisté à l’installation de la nouvelle Cour constitutionnelle. Reste à déterminer le sort des 30 députés dont l’élection est contestée. Sur ce point, pouvoir et opposition s’observent en silence.
En clair, Goodluck Jonathan repart sur un semi-échec. Il n’aura pas obtenu l’entretien entre le président IBK et l’opposition, annulé à la dernière minute. Les opposants maliens avaient posé des conditions (jugées inacceptables par le pouvoir) pour aller à cette rencontre. L’ancien président nigérian aura en tout cas usé d’énergie pendant son séjour de cinq jours, rencontrant IBK, les délégations des partis de la majorité, les religieux et les visages du mouvement de 5 juin à l’origine de la contestation. Sans résultats. La crise malienne est profonde.
.