De notre correspondant permanent à Bamako, Daouda Bakary Koné.
C’est à travers une courte adresse sur la chaîne publique (ORTM) que le désormais ancien président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a présenté sa démission. « Pendant 7 ans, j’ai eu le bonheur et la joie d’essayer de redresser ce pays. Qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires. Je voudrais, en ce moment précis, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment et avec toutes les conséquences de droit: la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement.Qu’ Allah aide et bénisse le Mali. Je n’éprouve aucune haine vis-à-vis de personne. Mon amour pour mon pays ne me le permet pas. Que Dieu nous sauve. Merci » , a déclaré l’ancien président de la République sur la chaîne nationale.
Cette démission apparemment enregistrée depuis la garnison militaire de Kati où le président avait été conduit de force dans l’après midi, aux côtés du premier ministre, Dr Boubou Cissé, sera-t-elle acceptée comme telle par la communauté internationale ? Poussera-t-elle la CEDEAO, qui a annoncé de facto un blocus économique et la suspension du Mali de toutes les transactions économiques et financières, à revoir sa copie ?
En attendant, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), nom de la junte qui a renversé le président IBK, explique son action par la volonté de sauver la nation malienne. «Nous ne tenons pas au pouvoir mais nous tenons à la stabilité du pays », a déclaré Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP. «Afin d’éviter au pays de sombrer, nous, forces nationales regroupées au sein du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire pour assurer la continuité de l’Etat et des services publics », poursuit Ismaël Wagué .
À compter de ce jour, 19 Août 2020, toutes les frontières terrestres et aériennes du Mali sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est instauré de 21h à 5h du matin jusqu’à nouvel ordre. La continuité des services publics sera assurée par ceux qui en ont droit au regard des textes en vigueur, a promis le CNSP ( Comité National pour le Salut du Peuple).
Déclaration intégrale d’IBK
« Mes chers compatriotes, officiers supérieurs, officiers généraux, soldats; Pendant sept ans, j’ai eu le bonheur et la joie d’essayer de redresser ce pays du mieux de mes efforts car bien d’abord, dès ma première mission de chef de gouvernement de ce pays, j’étais convaincu de l’effort fabuleux qu’il fallait mettre en œuvre pour donner corps et vie à l’armée Malienne d’où cette idée de loi de programmation et d’orientation militaire. Je pense qu’a chaque moment sa vérité.
Si aujourd’hui après des semaines de turbulences et de manifestations diverses ponctuées, hélas, par des victimes devant lesquelles je m’incline, que je n’ai jamais souhaité, chacun dans le pays le sait, vu que, quand on mène des manifestations dans la rue, on ne sait jamais ce qui peut en résulter de bien ou de pire, hélas le pire en a résulté ….. Si aujourd’hui, à certains éléments des nos forces armées de conclure que cela devrait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix de m’y soumettre car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires.
C’est pourquoi je voudrais en ce moment précis, tout en remerciant le peuple Malien pour son accompagnement le long de ces longues années, de la chaleur de son affection, de lui dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes les fonctions, à partir de ce moment, avec toutes les conséquences de droit, de la dissolution de l’Assemblée nationale et de celle du gouvernement. Qu’Allah aide le peuple du Mali. Je n’ai aucune haine, mon amour pour mon pays ne me le permet pas. Qu’Allah nous sauve ».
Ibrahim Boubacar Keita Ancien président de la République du Mali.