Alors que la question autour de la transformation des matières et produits agricoles fait débat sur le continent, certains entrepreneurs ont trouvé la bonne parade. Transformer la matière en poudres et sirops. Les coûts de transformation sont moins onéreux et la capacité de rentabilité des business est plus conséquente. Parmi eux, Ibrahim Sulayman impose son style. Sa spécialité: la transformation de la datte. Il s’inscrit dans les pas d’Aliko Dangote qui avait déjà imposé sa patte avec les tomates. Et ce produit pourrait à son tour rapidement séduire tout le continent, à commencer par la zone CEDEAO et CEMAC.
L’ancien président nigérian, Olesegun Obasanjo, le déclarait: «l’agriculture est le nouveau pétrole du pays». Et il y a urgence à agir en la matière. Selon la FAO, la facture au niveau des importations pourrait grimper jusqu’à 110 milliards de dollars d’ici 2025. L’organisme spécialisé en agro-business est clair. «Il faut impérativement assister à l’éclosion de plusieurs centaines de PME/ TPE chaque année dans chacun des 54 états que compte notre continent. C’est une question de survie agricole, économique et sociale» , prévient-on au sein de l’organisation. Et les faits ne semblent pas la contredire tant les opportunités économiques demeurent importantes.
Si Aliko Dangote s’est emparé de la transformation de la tomate et y a fait fortune, un autre secteur pourrait aiguiser les appétits. C’est celui de la transformation de la date. Selon l’Institut nigérian spécialisé dans la Recherche sur les Huiles et Palmes et son directeur Hamza Abdulhameed Mohamed, le pays des Super Eagles consommerait 20% de dates produites localement et 80% seraient importées. Alors que ses bienfaits sont nombreux au niveau de la santé, il n’empêche que sa forme ou son mode de consommation n’attire pas les consommateurs. «C’est pourquoi nous avons eu l’idée de le transformer la datte en sirop ou en poudre au sein notre entreprise», affirme Ibrahim Sulayman – CEO de Dates Nature Support Nutrients Limited.
Il faut dire que le marché des dattes au Nigeria est en pleine expansion et la demande y est croissante. Selon certaines statistiques, l’on dénombre pas moins de 30% de stocks supplémentaires écoulés chaque année dans un pays qui compte plus de 230 millions d’habitants. Si le succès ne se dément pas, c’est parce que ses bienfaits sont nombreux. «Ils ont été cliniquement testés comme étant consommables par des personnes de tout âge et de tous les sexes, quel que soit leur état de santé», Puis il poursuit: «Même les personnes dont le diabète a été confirmé peuvent consommer les dattes traitées en toute sécurité, que ce soit sous forme de sirop ou de poudre, sans aucun effet néfaste sur la santé. Elles sont également très bénéfiques pour les femmes enceintes et les mères qui allaitent, étant donné leur capacité à favoriser l’allaitement». La poudre et le sirop de dattes serait aussi bénéfique pour les hommes souffrant d’une libido faible et d’une insuffisance érectile. La poudre de dattes serait aussi bénéfique en cas de constipation ou de surconsommation d’alcools.
Une discussion, un potentiel
La compréhension du marché est née d’une discussion au cours d’un séjour au Qatar. «Nous avons parlé des dattes et de l’édulcorant. Nous avons également discuté de la souffrance des gens, de la façon dont la santé mondiale est affectée par tous ces édulcorants artificiels», indique-t-il. C’est ainsi que sa réflexion a démarré. En 2017, le fondateur de Dates Nature Support Nutrients Limited s’est lancé dans de longs mois de recherche.«Puis, nous avons fait tester nos produits auprès d’un panel de potentiels clients. Enfin, nous avons commercialisé», dit-il. Le succès a été presque immédiat. Aujourd’hui, l’équipe compte 14 salariés au Nigeria. Mais le patron voit désormais plus grand. Membre d’une association dédiée à l’exportation, Ibrahim Sulayman vise les pays voisins dont le Cameroun. «Dans ce beau pays, l’agro-business est très importante dans le volume des affaires commerciales. Les Camerounais ont une vraie culture en terme d’agribusiness. Les relations entre nos deux pays sont anciennes dans le business et mon objectif serait de créer des emplois dans la transformation agricole», indique le PDG de Dates Nature Support Limited.
L’Afrique de l’ouest et du centre, une opportunité d’extension
Si les entreprises du secteur ne font aucun mystère de leur velléité d’expansion, certains pays semblent davantage prioritaire compte-tenu de leur expertise en terme d’agrobusiness et de la taille de leur marché. Le Cameroun, le Ghana ou encore la Côte d’Ivoire semblent être des points de passages obligatoires pour convaincre l’ensemble des consommateurs sous-régionaux. «Notre stratégie consiste à nous approcher d’un réseau de revendeurs de nos produits. C’est la meilleure façon de tester un marché. Ensuite, il nous faudra produire localement nos poudres et sirops de dattes», décrit-t-il. C’est dans cet esprit qu’il espère susciter l’intérêt des géants camerounais du secteur et du patronat local dirigé par Célestin Tawamba. «La communauté nigériane est massive à Douala. Et nous devons créer des relations de business de manière intensive entre la communauté nigériane et le Cameroun», indique le chef des patrons camerounais. A ce rythme, Ibrahim Sulaiman pourrait rapidement conquérir le pays du Mont Cameroun. Comme le dit un célèbre proverbe, « le sommet n’est souvent qu’à quelques encablures. Mais les derniers mètres sont souvent les plus difficiles à parcourir ». Pourvu que cet adage se vérifie encore pour le plus grand bonheur des adepte du sirop et de la poudre de dattes fertiles en création d’emplois.