L’homme qui a dirigé la République populaire du Congo après l’ouverture démocratique en 1990 est décédé dans la nuit de dimanche à lundi 24 août 2020 à l’âge de 89 ans.
En l’espace de cinq mois, le Congo-Brazzaville vient de perdre deux anciens Chefs d’Etat. Après Joachim Yhongo Opango qui a dirigé le Congo entre 1977-1979, décédé le 30 mars 2020 en France à l’âge de 81 ans, c’est autour de Pascal Lissouba, un autre vétéran de la politique congolaise de tirer sa révérence à l’hôpital de Perpignan, des suites de maladie.
Ainsi s’achève la vie de celui que nombre d’observateurs et d’analystes présentent comme « le premier Président démocratiquement élu du Congo ». Cet ingénieur agronome est porté à la magistrature suprême de son pays à la faveur du retour au multipartisme au début de la décennie 1990.
Une ouverture démocratique favorisée par le Vent d’Est, à l’origine des alternances dans la plupart des pays d’Afrique, notamment les ex colonies françaises alors habituées à des coups d’Etat.
Après une participation active à la Conférence nationale en 1991 dont c’était la mode à cette époque à travers le continent, Pascal Lissouba fonde son parti, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS).
Cette formation politique a l’avantage de rassembler de nombreux Congolais épris de changement. C’est tout naturellement que bénéficiant de plusieurs alliés, Pascal Lissouba remportera l’élection présidentielle de 1992.
Pendant son mandat, il ouvrira le pays à un libéralisme économique planifié et fera avancer les libertés alors que le Congo vivait sous le marxisme.
Un mois avant la fin de son quinquennat, alors que le Chef de l’Etat se prépare à renouveler son bail à la tête du pays, une guerre civile éclate ayant entre autres pour principaux protagonistes, Dénis Sassou Nguesso.
En quelques mois, Brazzaville la capitale et la plupart des villes sont détruites, avec à la clé, des milliers de morts.
Sassou qui bénéficie notamment de l’appui de la France et à travers des milices armées, entre autres les « Cobras », mais aussi du soutien de l’armée angolaise réussira à renverser Pascal Lissouba, contraint d’abandonner le pouvoir le pouvoir le 15 octobre 1997.
Cette défaite consacre le retour au pouvoir de Dénis Sassou Nguesso après le premier passage entre 1979-1992, au terme d’un putsch contre le Président Yhombi Opango.
Sa défaite militaire actée, l’ex Président ne réussira plus à se relancer politiquement, d’autant que son parti est traversé par plusieurs courants divergents plusieurs cadres ayant opté d’intégrer les rangs du pouvoir.
Avec le décès du Professeur Lissouba, c’est une page d’une longue carrière politique qui se referme définitivement pour celui qui fut entre autres, Premier ministre du Président Alphonse Massamba de 1963 à 1966.
Né le 15 novembre 1931 à Tsinguidi dans le département du Niari, Pascal Lissouba deux fois marié et père de onze enfants vivait
en exil en France depuis 2004.