Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo accompagné de Jared Kouchner, conseiller spécial et beau fils de Donald Trump, ont entamé à 3 mois de la présidentielle américaine une tournée en Israël au Soudan et aux Émirats Arabes Unis. Face à la percée de la Turquie qui ambitionne de contrôler la rive méditerranéenne de l’Afrique du Nord à partir de la Libye, la Tunisie et l’Algérie, Washington entend mener d’ une part une politique dissuasive dans la zone et, d’autre part, encourager les pays comme le Soudan à se rapprocher d’Israël
En effet, après Israël, Mike Pompeo est arrivé à Khartoum le mardi 25 août, pour inaugurer le premier vol de la liaison Tel-Aviv Khartoum. Ainsi, 15 ans après la visite de Condoleeze Rice en 2005, le Soudan a reçu un autre officiel américain de haut rang. Khartoum a connu des moments de brouille et de guerre techniquement froide avec Washington durant les 30 ans de pouvoir d’Omar el-Béchir, accueillant des islamistes radicaux, notamment Oussama ben Laden qui y a vécu de 1993 à 1996 avant de s’installer en Afghanistan.C’est d’ailleurs pour punir le Soudan de ses mauvaises fréquentations que les Etats-Unis lui ont imposé des sanctions toujours en vigueur à partir des années 1990.
Le Soudan a normalisé ses relations avec les Etats-Unis depuis le renversement de l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019, mais Washington n’a pas encore retiré Khartoum de la liste américaine des sponsors du terrorisme. Mettre fin à l’inscription sur la liste du terrorisme est une priorité absolue pour le conseil militaire civil de transition du Soudan et le gouvernement de technocrates qui en dépend.Tant que le Soudan figurera sur la liste, le pays ne peut pas bénéficier d’un allégement de sa dette ou de financements des bailleurs de fonds comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.
A Khartoum, les émissaires de Trump ont discuté de la « transition » dans ce pays qui a tourné la page de trois décennies de l’ère Omar el-Béchir. Lors de cette visite, le Soudan a mis en stand bye les espoirs des Israéliens et des Américains d’une reconnaissance rapide de l’Etat hébreu, en écartant une éventuelle normalisation avant la fin de la transition politique en 2022.
M. Pompeo doit également se rendre au Maroc selon des informations en notre possession mais non confirmés pour l’instant officiellement. Dans ce pays, le premier ministre, Sadeddine El Othmani, membre du parti islamiste PJD, s’est déclaré opposé à une reconnaissance d’Israël, s’exprimant dans le cadre de son parti. Une telle attitude a déclenché les critiques de certains organes de presse qui lui reprochent de ne pas pouvoir s’élever au dessus du parti. Les américains comptent évoquer avec le Maroc de la situation libyenne, mais aussi de la crise au Mali et, entre autres, de la la lutte contre le terrorisme dans la région sahelo-saharienne. Les deux émissaires, M. Pompéo et J. Kushner, arrivent dans une région en mutation (les Emirats Arabes Unis viennent de normaliser avec Israël) où l’enjeu reste avant tout, du Machrek au Maghreb, la sécurité et la reconnaissance de l’Etat d’Israël.