Le président Andry Rajoelina a annoncé le mardi 25 août le lancement d’un système de prêt afin d’aider les travailleurs du secteur formel à absorber la baisse des salaires due à la crise sanitaire. Une mesure destinée autant à venir en aide aux employés les plus vulnérables qu’à soutenir les entreprises dont le volume d’affaire à été aussi durement touché par la crise.
(1 dollar = 3850 Ariary). L’économie Malgache est dynamique mais vulnérable, elle a largement pâti de la désorganisation des chaines de valeurs nationales et internationales dues à la crise sanitaire. Une situation ayant poussé le président de la Grand-Ile à concevoir un plan de relance générale. Dans cette voie, il importe également de subvenir aux besoins immédiats engendrés par la crise qui touche de plein fouet le travailleur. En effet, on estime aujourd’hui que près de 67% des foyers ont été touchés par une baisse de revenus et que ces baisses ont pu aller jusqu’à une diminution de 30% du salaire d’origine. Une situation difficilement viable pour de nombreuses familles.
Un système de crédit souple
C’est la raison pour laquelle l’Etat a mis en œuvre, via la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNAPS), et en collaboration avec la banque BFV-Société Générale, le «Tsinjo Fameno». Ce système de prêts a pour objectif de venir en aide à environ 250 000 salariés dans les secteurs stratégiques de l’économie du pays : tourisme, textile, enseignement privé, etc. Pour se faire, le budget total alloué au programme est de 52 milliards d’Ariary et devra couvrir des prêts courant de 200 000 à 500 000 Ariary. La véritable plus-value de ces prêts sera leur taux à 0 % dont le recouvrement sera garanti par l’Etat. Souple, le système est conçu pour être mis en place rapidement via des procédures simplifiées directement gérées par les chefs d’entreprises sur demande de leur employé. Les remboursements débuteront dès janvier 2021, ils seront prélevés via une retenue sur salaire sans pouvoir dépasser 10% de son montant. En quelques jours, on ne recense pas moins de 24 212 demandes. En revanche, l’éligibilité aux aides nécessitent certaines conditions: une année en CDI pour les employés et deux d’existence (en règle avec la CNAPS) pour les entreprises.
Défendre les travailleurs et le «Made In Madagascar»
Le «Tsinjo Fameno» a été officiellement lancé le 25 août par le président au sein de l’entreprise Akanjo, située en Ambotomaro. Une entreprise prestigieuse (1500 employés) et symbolique car elle produit vêtements et accessoires de modes à destination des grandes marques internationales qui les commercialisent dans le monde entier. L’une de ses employées, parmi les premiers bénéficiaires du système de crédit, qui n’avaient jusqu’ici par les moyens de planifier son accouchement, a déclaré : « Ce prêt à taux zéro est très intéressant. Il nous sauve dans les moments difficiles. Qui accepterait de vous emprunter de l’argent, en ce moment ? ». Une seconde entreprise, plus modeste mais qui participe à la mise en valeur de la production artisanale malgache a été visitée, le Lisy Art Gallery à Antanimora.
Dans le cadre de la relance du secteur privé, il était difficile pour le gouvernement de ne pas venir en aide aux forces vives de Madagascar dont les conditions de vies optimales, et partant la disponibilité, sont fondamentales. Le choix des entreprises n’est pas plus un hasard dans la mesure où le soutien à leurs employés respectifs symbolise le soutien de l’Etat à des filières importantes pour la Grande-Ile et leur réinscription durable dans l’économie mondiale.