par Khalid Cherkaoui Semmouni, Directeur du CREPS, Rabat, Maroc.
Presque neuf ans après l’intervention militaire occidentale qui a accéléré la chute de Mouammar El Kadhafi, la situation en Libye, caractérisée par la guerre civile et la montée des tensions entre les pays impliqués dans le conflit, n’a pas cessé de se dégrader. Les importantes réserves de pétrole expliquent l’enjeu principal de cette violence et de ce chaos devenus quasi-permanents.
La division tribale affaiblit le pays en interne et le transforme en proie aux appétits de plusieurs États dont la Russie, la France, la Turquie, les Émirats Arabes Unis et l’Égypte. En effet, en interne, deux principaux protagonistes au conflit déchirent ce pays : d’une part, le gouvernement d’accord national siégeant à Tripoli, à l’Ouest, reconnu par l’ONU et dirigé par le Premier ministre Fayez El-Sarraj. D’autre part, le maréchal dissident Khalifa Haftar, dans son fief à Benghazi, à l’Est, où il contrôle une part importante des ressources en pétrole.
Le Royaume du Maroc, grâce à sa politique étrangère fondée sur les principes de paix et de sécurité, aussi bien en Afrique que dans le monde arabe, et aussi à son expérience et à son capital de confiance et de fraternité entre le peuple Libyen et le peuple Marocain, a su jouer un rôle primordial dans le processus de négociation du conflit Libyen. Et ce, en rapprochant les points de vue divergents entre les parties belligérantes. Ce processus a abouti, le 17 décembre 2015, à l’ «Accord de Skhirat», en présence du représentant du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cet accord est actuellement perçu comme étant l’unique cadre devant permettre une sortie honorable de la crise libyenne. Le succès de cet accord réside en particulier dans l’application rigoureuse du principe de la neutralité positive du Royaume du Maroc, principe appliqué systématiquement au Maghreb pour éviter toute ingérence dans les affaires intérieures des États et pour garantir l’intégrité territoriale de la Libye.