La secte terroriste a repris un regain de vitalité dans la région du Lac Tchad multipliant des incursions meurtrières, des attentats suicides, le pillage des biens et des prises d’otages.
C’est une lapalissade de dire que la guerre contre le terrorisme ne se remporte pas facilement. Cela se vérifie un peu partout, y compris dans les pays industrialisés, disposant de gros moyens financiers et logistiques, et dont les progrès technologiques des forces de défense et de sécurité constituent un atout non négligeable.
Mener la guerre contre le terrorisme dans les pays sous-développés est encore plus difficile non seulement en raison des insuffisances structurelles, mais aussi parce que les terroristes y trouvent un terrain fertile à leurs activités macabres, profitant de la misère de la population pour recruter et étendre leur capacité de nuisance et semer la pagaille à tout va.
Un drame que vivent malheureusement les peules du Cameroun, du Niger, du Nigeria et du Tchad victimes au quotidien des attaques de la secte terroriste Boko Haram et dont les populations civiles souffrent plus le martyr.
Six ans après la décision des pays riverains avec l’appui de la Communauté internationale sous les auspices des Nations unies d’apporter une riposte appropriée contre ce mouvement obscurantiste, la situation semble s’enliser, voire se détériorer.
La secte terroriste dont les capacités militaires avaient été largement affaiblies au point d’espérer à son éradication reprend du poil de la bête. Telle une hydre de mer, les terroristes multiplient des incursions armées, des attaques suicides et des prises d’otages. Conséquences, des morts se comptent par milliers, des déplacés internes et des réfugiés par millions, créant et alourdissant les problèmes humanitaires, tandis que les dégâts matériels sont inquantifiables.
La Force multinationale mixte (FMM) constituée des armées des pays concernés et dont il convient de saluer le sacrifice consenti pour assurer la sécurité des personnes et des biens semble hélas, perdre de sa vitalité, faute de moyens adéquats. L’accompagnement de la communauté internationale est moins présent, alors que visiblement, les préoccupations des bailleurs de fonds et d’autres puissances qui régulent le monde sont ailleurs.
Sur le terrain, les peuples désemparés, traumatisés, tétanisés et déshumanisés ont le sentiment d’être abandonné à eux-mêmes, indépendamment des efforts déployés par les Forces de défense et de sécurité pour apporter une riposte appropriée aux terroristes.
Pendant que la liste des victimes s’allonge tous les jours, les atermoiements des dirigeants de la région favorisent plutôt l’encrage de la secte terroriste. La reprise en main attendue semble s’éloigner. L’attentisme de la diplomatie sous-régionale constitue du pain béni pour les terroristes dont des guerres de leadership auraient pu pourtant favoriser la décapitation de leur mouvement.
L’apathie de la Communauté internationale
Autant la diplomatie régionale est quasi inexistante, autant l’Union africaine reste inactive, pendant que l’ONU (Organisation des Nations Unies) ne semble pas inscrire au rang de ses priorités la lutte contre Boko Haram et son total démantèlement. En son temps, le Secrétaire général Antonio Guteres nouvellement porté à la tête de cette Institution avait engagé la communauté internationale à se mobiliser pour venir à bout de Boko Haram. Depuis, rien, même des simples déclarations, voire des condamnations de principe des Nations Unies sur cette problématique se font rares pour ne pas dire inexistantes.
Face à ce qui s’apparente comme un concert d’abandon la population est livrée à des affres terroristes. Les grandes puissances à l’instar des Etats-Unis, la Russie et la France dont on avait remarqué une certaine activité (activisme ?) au début de la crise ont également déserté la région. Un attentisme selon les tenants de cette thèse qui s’expliquerait par le fait que ces pays n’ont pas encore trouvé d’intérêts – exploitation des richesses – devant justifier leur engagement contre Boko Haram.
Sur le plan endogène, décriant l’absence d’une mobilisation des dirigeants de la région en vue de porter l’estocade à Boko Haram, le Président tchadien Idriss Déby Itno avait menacé de ne plus envoyer l’armée de son pays combattre hors du territoire national. Une déclaration qui a suscité un tollé général amenant les autorités tchadiennes à faire une « mise au point » pour repréciser « la pensée » du Chef de l’Etat. Sauf que cette sortie a fini par faire comprendre à l’opinion l’existence d’un malaise au sein de la coalition.
Dans la foulée, une visite annoncée au Cameroun début août du Président nigérian Muhammadu Buhari pour rencontrer son homologue Paul Biya « annulée pour des raisons de calendrier » en dit long sur l’absence d’un leadership régional contre le mouvement terroriste. Et pourtant, tout le monde s’accorde que seule une synergie d’actions est à même de venir à bout du terrorisme et de ses ramifications.
Sur le théâtre des opérations, malgré un bilan encourageant des soldats déployés contre Boko Haram, force est de reconnaître qu’aussi bien les armées nationales que la FMM semblent perdre de vitalité, faute d’un accompagnement logistique adéquat.
Et pourtant, que ce soit au Cameroun, au Niger, au Nigeria ou au Tchad, Boko Haram n’a eu de cesse de mener des attaques meurtrières, pillant des récoltes, incendiant des habitations, kidnappant des civils, réussissant comme au Nigeria à conquérir des espaces territoriaux.
Avec les pluies diluviennes qui s’abattent actuellement dans cette zone sahélienne, l’inquiétude de la population est encore plus grande. A cause des inondations, les terroristes multiplient des attaques avant de se réfugier dans des îlots difficiles d’accès.
En moins d’une semaine, plus de 300 personnes dans cette zone ont trouvé la mort dans des attaques de Boko Haram. Un lourd tribut humain qui s’accompagne d’importants dégâts matériels.
Au-delà des initiatives régionales qui nécessitent d’être réactivées, la mobilisation de la communauté internationale contre Boko Haram est plus que jamais d’actualité, pour venir à bout de ces obscurantistes dont la capacité de nuisance est réelle.