Les concertations nationales organisées par la junte militaire ont commencé samedi 5 septembre à Bamako et dans les capitales régionales. Partis politiques, syndicats, acteurs de la société civile et groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 sont invités à ce cadre élargi qui doit tout d’abord s’entendre sur l’objet.
“L’évènement qui nous réunit ce matin va nous permettre de décider de l’avenir du Mali”, a déclaré Djiré Mariam Diallo, maire de la commune III du district de Bamako. En réalité, les forces vives maliennes doivent définir l’architecture de la transition à venir. La junte entend dégager un consensus, une tâche compliquée tant les divergences sont nombreuses.
Au début des travaux, les membres de la coalition M5-RFP fidèle à l’imam Mahmoud Dicko avaient boudé avant de revenir à de meilleurs sentiments. Les travaux ont commencé immédiatement après la cérémonie d’ouverture. Mais sans le président du Comité pour le salut du peuple, le colonel Assimi Goïta, grand absent de la matinée. Une absence que les représentants du CNSP ont refusé de commenter.
Le début de la concertation a d’ailleurs été perturbé par les jeunes du M5-RFP, qui se sont plaints de ne pas être représentés dans toutes les commissions et ont ainsi commencé à élever la voix dans la salle. Une «tentative de sabotage», selon les militaires qui les ont autorisés à assister à toutes les discussions. Chacun a ensuite pu rejoindre son groupe de travail. Plus de 500 participants ont répondu à l’invitation de la junte militaire: représentants des partis politiques de tous bords, syndicats, organisations de la société civile et groupes armés du Nord, signataires de l’accord de paix de 2015, à l’exception des ex-rebelles de la CMA qui, tout en réaffirmant leur engagement à «collaborer avec le CNSP», dénoncent un « dilettantisme peu rassurant» dans l’organisation de cette concertation.
La junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali plaide pour une transition longue, de deux à trois ans, avant de rendre le pouvoir aux civils. Une offre rejetée par la CEDEAO exigeant avant tout le principe d’une transition d’un an maximum, dirigée par des civils. Sans quoi elle ne lèvera pas ses sanctions financières et économiques.
Prenant la parole, le Colonel Malick Diaw, vice-président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), a décliné les objectifs de la concertation: «depuis le 18 aout 2020, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l’existence de notre pays. Nous avons décidé de tenir cet atelier de validation des termes de référence de la concertation nationale et régionale sur l’existence de notre pays. Comme vous le savez, le temps presse, il faut aller vite et très vite, mais surement. C’est pourquoi, le comité national pour le salut du peuple a décidé d’organiser cet atelier national de validation des termes de référence sur les concertations nationales», a-t- il affirmé.
Une chose est sûre, les partis politiques maliens ne sont pas tous d’accord : la coalition M5-RFP, qui a mené pendant des mois la contestation populaire avant le coup d’État militaire, souhaite une transition d’un an et demi à deux ans, avec un président civil et un militaire au poste de premier ministre.