En Mauritanie, la brigade de répression des crimes économiques et financiers poursuit l’audition des personnalités du régime de l’ex-président Mohamed Abdel Aziz, au pouvoir entre 2009 et 2019. Nombre de ces personnalités – déjà placées sous contrôle judiciaire – ont été auditionnées entre le jeudi 3 et le samedi 5 septembre.
Ce 5 septembre, la brigade a entendu, à nouveau, Isselkou Ould Ahmed Izibih l’un des rares anciens ministres restés fidèles à l’ancien président. Il serait reproché à cette haute personnalité, qui a démissionné de son dernier poste d’ambassadeur à Rome, en juillet dernier, pour « laver son honneur « souillé par la calomnie, d’avoir participé – au temps où il était ministre des Affaires étrangères – à la vente d’une ile mauritanienne à l’ancien émir du Qatar.
L’intéressé parle de fabulation et dément la vente de toute ile tout en demandant à ses interlocuteurs de fournir un début de preuves. Sur cette question de l’Ile Almoravide vendue aux Emirats Arabes Unis, l’ancien président avait lui aussi parlé d’une histoire montée de toutes pièces. Autre personnalité entendue le 4 septembre pour la énième fois, l’ancien Premier ministre Yahya Ould Hademine et l’ancienne ministre Amal Mint Maouloud, ancienne ministre de l’Equipement et des Transports et actuelle DG de la compagnie publique Mauritania Airlines.
Hademine et Amal sont connus pour avoir apposé leur signature à l’attribution de la concession de financement, de construction et d’exploitation de l’extension du port de Nouakchott pour 390 millions de dollars à Arise. Les conditions de l’attribution sont aujourd’hui dénoncées par la Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la gouvernance d’Aziz, laquelle commission recommande soit l’annulation de la concession soit une renégociation.
Le 4 septembre, la brigade de répression des crimes économiques et financiers a interrogé aussi l’ancien DG de la Société mauritanienne d’électricité , Mohamed Salem Ahmed alias Merkhi, pour la septième fois. Merkhi est cité dans le rapport de la Commission parlementaire sur la gouvernance d’Aziz comme partie prenante dans la signature d’une foule de contrats dans l’attribution est entourée de mystère. La belle famille de l’ex-clan présidentiel n’est pas en reste.Y compris Didi Ould M’Sabou, auditionné le 4 septembre. Le père de Mohamed Ould M’Sabou, qui lui-même, gendre d’Aziz, a été interpellé et interrogé par la brigade de répression des crimes économiques, a été longuement entendu par les limiers. Plus longuement que l’audition de son fils Mohamed Ould M’Sabou qui s’est déroulée le 3 septembre.
Indexé comme le représentant d’entreprises gagnantes de juteux contrats de gré à gré sous le règne d’Aziz, Mohamed Ould M’Sabou avait été déjà gardé à vue 36 heures durant à la brigade de répression des crimes économiques et financiers. « Ma belle famille en question était nantie avant mon accession au pouvoir, » disait en substance Aziz lors d’une conférence à son domicile à Nouakchott récemment. Mais apparemment le plaidoyer de l’ancien président en faveur des Ould M’Sabou n’a pas servi à grand-chose.