Contre toute attente, Cellou Dalein Diallo, le chef de file de l’opposition guinéenne, annonce sa candidature pour l’élections présidentielle du 18 octobre 2020. Selon l’Union des forces démocratiques de Guinée )UDFG), son parti, cette décision a été prise à la suite d’une consultation interne. Cellou Dalein Diallo va finalement défier une troisième fois Alpha Condé dans les urnes après ses échecs de 2010 et 2015.
Après les hésitations de ces dernières semaines, Il faut dire que Cellou Dalein Diallo était attendu au tournant sur sa décision de participer à la présidentielle, quitte à légitimer le double scrutin législatif et référendaire ou de s’abstenir comme Sidya Touré de l’UFR et Lansana Kouyaté du PEDN, pour poursuivre le combat au sein du Front National de Défense de la Constitution (FNDC) afin d’empêcher Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, de briguer un troisième mandat à la tête de la Guinée.
En attente d’être officiellement investi par son parti, l’UDFG, ce dimanche 6 septembre, Cellou Dalein Diallo voit les choses différemment » je suis candidat à l’élection présidentielle pour faire perdre Alpha Condé dans les urnes (…), Il a déjà perdu la confiance du peuple, je veux être là pour être le porteur de l’espérance du peuple de Guinée » assure-t-il, » c’est pour honorer la mémoire et la dignité des jeunes tués, il faut continuer à nous battre. Se retirer pour se taire, c’est être complice des malfaiteurs. (…) » renchérit, Fodé Oussou Fofana, le vice-président de l’UDFG
Cette décision somme toute invraisemblable, qui aura évidemment de lourdes conséquences politiques pour lui et son parti, sera difficile à défendre devant l’opinion publique et auprès de la coalition du FNDC. Puisque cela revient en quelque sorte à assumer que le principal parti d’opposition fait fi de toutes les violations constitutionnelles qui ont permis au président Alpha Condé de » s’offrir une nouvelle constitution » et de faire élire un nouveau parlement, légitimant par la même occasion la candidature du président sortant.
Le tout en étant conscient que la présidentielle d’octobre qui se dessine n’offre aucune garantie de transparence et se déroulera sous la bannière de la nouvelle constitution contre laquelle des dizaines de ses militants pour la plupart ont été tués.
Pour l’heure, les responsables de l’UDFG ne donnent pas d’arguments irréfutables qui expliquent ce revirement à 360 degrés de leur position sur le fichier électoral et de toutes les conditions de transparence posées pour aller à l’élection présidentielle notamment le retrait pur et simple d’Alpha Condé du processus.
De la réalpolitik outrancière ou une envie démesurée d’accéder au pouvoir quelques soient les conditions? Cette candidature qui prend tout le monde à contre-pied n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets.