Par DR. CHEIKH KANTE – Ministre, auprès du Président de la République, en Charge du Suivi du PSE.
Pour répondre aux objectifs de politiques économiques, et lutter contre la rareté, la croissance quantitative de biens et services a toujours été particulièrement privilégiée. Au fil des ans, les fractures sociales générées par ce mode de création de richesse ont montré leurs limites, du fait de l’accroissement des inégalités qu’elle engendre. Depuis quelques années, en effet, de nombreux experts considèrent que la croissance n’est pas forcément synonyme d’émergence et de développement : la croissance sans création d’emplois, celle qui accroit les inégalités, la croissance sans progrès vers la démocratie, celle qui s’accompagne d’une perte d’identité culturelle, la croissance sans une gouvernance nécessaire à la préservation des ressources en faveur des générations actuelles et futures.
Face à ce constat sans appel, un nouveau concept est né, celui de la croissance inclusive qui, relativisant la croissance traditionnelle essentiellement quantitative, repose sur une approche éthique du développement économique, susceptible de générer une amélioration durable du bien-être des communautés. Traditionnellement, on estime que les sociétés peuvent faire un choix entre une croissance élevée corrélée à des inégalités importantes (comme aux États-Unis), ou plus d’égalité et d’équité sociale, mais au prix d’une croissance plus faible (comme en Suède ou en France).
Récemment, les travaux du centre des apprentissages de l’OCDE, ont établi la fin d’une vérité bien établie et qui a largement prospéré, celle d’un «trade off» entre inégalités et croissance. Pour ces experts, les inégalités ne peuvent en aucune façon être facteur de croissance supplémentaire, dans bien des cas, elles sont la cause d’une croissance moindre. Ces travaux montrent qu’au cours des vingt dernières années, l’évolution moyenne des inégalités, dans les pays développés, leur a fait perdre 0,35 point de croissance par an sur 25 ans, soit une perte cumulée de 8,5% du PIB. A titre d’exemple, ce rapport de l’OCDE estime que le creusement des inégalités a couté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle Zélande, prés de 9 points au Royaume-Unis, et environ 6 à 7 points à l’Italie et aux USA. A l’in- verse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant, en Espagne, en France et en Irlande.
Les experts ne croient plus à l’argument classique qui considère comme normal que la croissance s’appuie sur les inégalités. Ils soutiennent au contraire que les inégalités entrainent une perte du capital humain qui affaiblit la croissance.
Il est donc clair que les politiques de redistribution, qui réduisent les inégalités, ne sont pas un frein à la croissance économique, même si les mesures prises en ce sens n’ont pas toujours les mêmes effets positifs. Des politiques de redistribution mal ciblées et non centrées sur les outils les plus efficaces peuvent, en effet, se solder par un gaspillage de ressources et de- venir des sources durables d’inefficience.
Angus Deaton, le prix Nobel de l’année 2015, estime pour sa part que le progrès est source d’inégalités, qui creuse le fossé entre ceux qui en tirent profit, et les autres. Temporaires, ces inégalités sont acceptables. Les difficultés surviennent lorsque les informations issues des connaissances et des technologies ne profitent pas, à terme, à tous. Pour le père du concept aujourd’hui célèbre du «seuil de pauvreté», quelque chose est en train de changer. Plusieurs décennies durant, une certaine approche s’était imposée, qui considérait que lever les obstacles au libre jeu des forces du marché était une condition suffisante pour obtenir une prospérité qui bénéficierait à tous. Cette théorie est largement révolue et, même si elle peut expliquer, dans une certaine mesure, le décollage de certains pays comme la Chine, l’Inde, ou le Brésil, elle bute sur deux obstacles : une accélération forte des inégalités sociales, et la résurgence et la persistance d’une pauvreté extrême. Il ne suffit donc pas que les riches s’enrichissent pour que les pauvres en bénéficient automatiquement, via un effet de «ruissellement ». Une partie du succès de Trump peut sans doute s’expliquer par cette conception de l’économie qui prévaut aux Etats-Unis. Depuis l’antiquité, le débat sur la relation entre croissance, justice et inégalités a toujours passionné les esprits. Aristote, reprenant les idées de son maître Platon, prônait déjà une justice distributive, afin de remédier aux inégalités les moins acceptables. Depuis, de très nombreux économistes, dont certains Prix Nobel comme Simon Kuznets, Frederick von Hayeck, Amartya Sen, Joseph Stiglitz, et plus récemment Angus Deaton, se sont penchés sur cette question cruciale.
Si pendant des années on avait estimé que l’économie avait pour principal objectif de lutter contre la pauvreté, ce n’est plus sa mission essentielle aujourd’hui. Il est vrai que les économistes libéraux considèrent encore que le marché permet une allocation optimale des ressources, ce qui permet à chacun de recevoir une rémunération en fonction de sa contribution à l’activité de production. Dans ce cas de figure, les inégalités sont justifiées parce qu’elles sont économiquement efficaces. Les inégalités de revenus, par exemple, agissent ainsi comme un aiguillon qui pousse les individus à améliorer leur situation. Elles sont des incitations à la performance individuelle, et donc à l’efficacité collective.
Au demeurant, il est constant que les inégalités trop accentuées, quel que soit leur origine, sont un frein au progrès économique et social. La faiblesse des revenus des groupes vulnérables, comme de ceux qui sont marginalisés ou exclus, freinent et réduisent les ratio de consommation.
De la même manière, ne pas lutter contre les inégalités scolaires comporte des risques de compromettre le niveau général de la population active d’un pays, et donc sa compétitivité. De fortes inégalités de salaires provoquent également de la frustration, de la démotivation, des tensions sociales, et sont donc contre productives. Pour réduire ces risques, de nombreux pays européens ont mis en place des politiques de réduction des inégalités sociales. Parallèlement, au cours des dernières années, un nouveau concept, celui de l’équité, a vu le jour. Il favorise ce que l’on pourrait appeler «l’égalité juste », qui prône que chacun doit bénéficier des mêmes chances, et des mêmes opportunités, bien que les résultats puissent être différents. L’équité n’est pas aisée à atteindre : chaque individu doit être placé sur la même ligne de départ, chacun disposant des mêmes atouts, afin que la compétition ne soit pas biaisée.
Si l’on peut comprendre et soutenir le principe de l’équité, il est plus difficile de concevoir ce que l’on appelle les «inégalités justes ». On admet facilement, par exemple, qu’un président directeur général peut et doit gagner plus qu’un ouvrier. Cependant, combien de fois faudra-t-il multiplier la rémunération du PDG (10,100,1000 fois), pour que cela reste dans les limites de la «justice» ? N’oublions pas que l’effort individuel est difficilement mesurable, et que la plupart des rétributions récompensent des efforts réalisés par une communauté : groupe, équipe de travail, etc.
L’équité est en fait une «fiction nécessaire», importante car l’effort, le mérite, le travail sont de bien meilleurs critères que le milieu, la naissance ou la caste.
C’est pourquoi il faut, à tout prix, pour une gouvernance mondiale plus juste et plus équilibrée, chercher de nouvelles pistes d’analyse susceptibles de remettre l’économie de marché au service du développement social.
C’est le retour de l’économie politique qui apportera un nouvel éclairage à l’analyse de la croissance, en enrichissant les données quantitatives par des éléments qualitatifs tout aussi importants. Ce nouveau modèle de référence est essentiel, et c’est bien dans cette voie que s’est inscrit le Président Macky Sall, avec le Plan Sénégal Emergent (PSE). En effet, des Indépendances à 2013, nous avons connu plusieurs cycles de planifications en Afrique, et au Sénégal plus particulièrement, qui n’ont pas réussi à faire reculer la pauvreté. Rares sont les pays qui se sont approchés au mieux des 17 objectifs du Développe- ment Durable (ODD). Quand j’ai eu le privilège d’être nommé Ministre auprès du Président de la République, en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent, mon premier réflexe fut de mesurer l’impact de la mise en œuvre du PSE sur les populations, par des visites de terrain et une enquête de perception, réalisée entre le 20 novembre et le 06 décembre 2017 sur un échantillon de 7.619 personnes, sur l’ ensemble du territoire national. J’ai ainsi pu disposer d’éléments tangibles, pour fonder mon opinion sur les mutations remarquables que nous vivions alors, et que je rappelle dans un article, publié le 4 avril 2018 et que j’ai justement intitulé : «la Métamorphose».
A mon sens, une transformation profonde était en train de s’opérer sous nos yeux, et chaque citoyen devait accompagner ce processus exceptionnel, afin d’œuvrer pour un Séné- gal prospère, aussi bien pour les générations actuelles et que pour celles du futur.
En effet, la mise en œuvre du Premier Plan d’Action Prioritaire a permis à notre pays de faire de grands bonds en avant dans tous les secteurs. Ces avancées tangibles étaient largement reconnues par la Communauté Internationale, et ressentis par la majeure partie des sénégalais.
Grâce à l’implication personnelle du Président Macky Sall, des batailles clés ont été gagnées, des catalyseurs impulsés, et des marqueurs sociaux, dont la combinaison a permis de lutter efficacement contre les inégalités, durablement mis en œuvre dans notre pays.
Impact des différents programmes mis en œuvre dans le cadre du PSE
J’ai eu l’opportunité de revenir largement sur les performances sectorielles de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, dans les éditions 2,3 et 4 de notre Magazine. Et de fait, les études réalisées, pour mesurer l’impact des différents programmes mis en œuvre dans le cadre du PSE, ont confirmé l’amélioration de la qualité de vie des acteurs concernés. C’est pourquoi, pour rendre compte de cette dynamique de transformation structurelle, je me limiterai, dans cet éditorial, à compléter ces ana- lyses en donnant des exemples précis, relatifs au redressement stratégique du secteur de l’électricité, et aux marqueurs sociaux mis en place dans le cadre d’une politique assumée de développement communautaire et d’équité territoriale, point nodal de cette présente Edition du TamTam.
Redressement stratégique du secteur de l’électricité
Les performances réalisées dans le cadre de la mise en œuvre du PSE, à travers son programme de redressement stratégique du secteur de l’électricité, sont remarquables. Il faut rappeler que, jusqu’en 2013, notre pays a vécu des moments très difficiles de délestages insupportables, qui ont engendré d’importantes pertes économiques, et de graves perturbations sociales.
D’une puissance installée de 573 méga watts en 2012, le Sénégal est passé à 1026 méga watts, résorbant ainsi un gap énorme de production énergétique, combiné à une réduction des coûts. Concomitamment, la part de l’énergie renouvelable a été consolidée, avec un objectif de 386 méga watts pour 2023, presque réalisé en 2019 avec 159 méga watts de la centrale solaire de Taïba Ndiaye, et des centrales solaires de Bokol (20 MW), Malicounda (22MW), Santhiou Mékhé ( 30MW), Merina Dakar (30MW), Kahone( 20MW), et Sakal (20MW).
En outre, avec le projet hydroélectrique de Sambangalou, l’interconnexion sous régionale va jouer un rôle très important dans les volets production et transport d’énergie, agriculture et fourniture en eau potable. Pour le volet rural, le taux d’électrification est passé de 24% en 2012, à 53% en 2019, avec un objectif d’accès universel de 100% en 2023. Des années d’indépendance à 2012, seuls 1648 villages avaient été électrifiés. Dans le cadre du premier plan d’action prioritaire, 4231 villages de plus ont été électrifiés, entre 2014 et 2019. A titre de comparaison, le rythme d’électrification rurale fut de 27 villages par an entre 1960 et 2012.
Les programmes du PSE ont permis d’atteindre un rythme de 846 villages électrifiés, chaque année, pendant cinq ans. Mon passage à Kidira, où j’ai reçu l’ensemble des chefs de villages du département, est resté gravé dans ma mémoire. L’un d’entre eux avait tenu à remercier tout particulièrement le Président de La République, grâce à qui ils se sentaient désormais sénégalais à part entière. Pour la toute première fois, les habitants du village avaient droit à des pistes de production, ils avaient accès à l’eau, à l’électricité, et à des équipements d’allègement des travaux pour leurs femmes, obligées de faire des kilomètres au quotidien pour aller puiser de l’eau.
Programmes et services sociaux de base
Les programmes sociaux, réalisés dans le cadre du PSE, fruit de la vision prospective du Président Macky Sall, ont permis d’obtenir des résultats considérables. Il s’agit, en particulier, du programme d’urgence de développement communautaire (PUDC), de la couverture maladie universelle (CMU), des bourses de sécurité familiale (BSF), du programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (PUMA), et du programme de modernisation des villes (PROMOVILLES).
-Le PUDC est un programme composé de quatre axes essentiels, orientés vers le développement des infrastructures de base, l’amélioration de la productivité rurale, de la production agricole et de l’élevage ; il prend en compte l’environnement, l’ingénierie sociale, la communication et le genre, ainsi que l’appui à la gestion et la coordination de projet. Ce programme, lancé en 2015, a permis la réalisation de 626 km de linaire de piste, l’électrification de 294 villages, la réalisation de 229 forages et de 163 châteaux d’eau. 1480 villages et 425 500 personnes ont pu avoir un accès à l’eau potable en milieu rural. 99 périmètres horticoles et 73 coopératives ont également été opérationnalisés et encadrés. La phase 2 de ce programme, définie dans le second Plan d’Action Prioritaire 2019-2022, permettra à d’autres localités comme Ziguinchor, Kolda, Sedhiou, ainsi qu’aux départements de Kébemer, Mbacké, Malem Hodar et MBirkilane, entre autres, de bénéficier d’important projets. Il est prévu la réalisation de 110 km de pistes rurales, la construction de 41 forages, l’électrification de 110 villages, la réalisation de 30 postes de santé, et l’équipement de 284 plateformes multifonctions, afin d’alléger les travaux des femmes.
–La Couverture Maladie Universelle (CMU). Ce programme a permis la réalisation de 676 mutuelles de santé, pour un total de 2 500 197 personnes bénéficiaires. 1 965 881 enfants de moins de 5 ans ont bénéficié de la gratuité de soins, 18 996 femmes de la gratuité de la césarienne, 40 584 personnes âgées de 60 ans ont bénéficié du Plan Sésame, et 688 patients de la gratuité de la dialyse. Il faut rappeler que seules 20 % de personnes avaient accès aux soins de santé en 2012, contre 49% en 2019, avec un objectif de 75% en 2023.
– Le Programme National de Bourse de Sécurité Familiale (PNBSF) a permis d’inscrire dans le registre national unique (RNU) 550 045 ménages en mai 2020, contre 442 053 en 2018. L’objectif initial de 300 000 ménages, qui avait été fixé, est aujourd’hui largement dépassé, et 92% des ménages ont reçu au moins 3 transferts sur l’année civile. Les analyses de la Banque Mondiale, réalisées dans plusieurs pays d’Afrique, montrent que les filets sociaux permettent de stimuler la consommation et de réduire la pauvreté. La consommation des ménages augmente en moyenne de 0, 74 USD pour chaque dollar transféré, et si les filets sociaux étaient portés à une plus grande échelle, les simulations montrent que les transferts monétaires de 50 USD par mois pourraient réduire la pauvreté de 40%. Au Sénégal, des études d’impact ont permis de constater que la pauvreté a reculé dans les zones bénéficiaires de ce programme, particulièrement à Kolda, qui détient le pourcentage le plus élevé de ménages bénéficiaires, avec 37% de ménages, contre 6% à Dakar, 7% à Louga, et 10% à Matam.
– Le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires Frontaliers (PUMA). Il s’agit essentiellement de corriger des inégalités constatées entre les habitants des villes et les populations des zones frontalières, en mettant en place des programmes de désencla- vement et de lutte contre le niveau élevé de pauvreté et d’accès limité aux services sociaux de base. Sur la période 2017-2019, le PUMA a réalisé 15 postes de santé, 33 loge- ments pour les sages-femmes, et il a contribué à la réduction du taux de morbidité avec 13992 personnes consultées, dont 5364 femmes, 1241 femmes enceintes suivies, et 399 naissances vivantes enregistrées.
Il faut aussi noter les évacuations sanitaires de plus de 5000 personnes, entre 2018 et 2019, grâce aux 43 ambulances médicalisées mises à la disposition des localités. Dans le domaine de l’hydraulique, 6 forages ont été réparés, 5 châteaux d’eau sont en cours de construction, et l’extension de 5,4 km de réseaux d’addiction d’eau a été réalisée, en faveur de 529 ménages bénéficiaires. La construction de 55 km de pistes a permis le désenclavement de 35 villages, 3 687 ménages et 43 444 personnes ayant ainsi accès aux services sociaux de base.
Le volet promotion économique a permis la dotation de 132 équipements post- récoltes et de 39 moto- pompes pour 3182 ménages touchés, dont 9,5% de femmes dans les zones frontalières. 181 hectares ont aussi été aménagés, avec 25km de clôture. 357 jeunes et femmes ont été formés dans les domaines de la pisciculture, aux techniques de la transformation du lait, des fruits, aux métiers du BTP, à la teinture, à la gestion des microentreprises, à la restauration, et aux énergies renouvelables. La construction et l’équipement de deux foyers de jeunes ont été réalisés, les projets en activité et projets communautaires de résilience de 17 GPF et GIE soutenus, et 48 cages flottantes pour la pisciculture installées et approvisionnées.
Enfin pour la sécurité frontalière, 52 services de sécurité et services déconcentrés ont été renforcés en équipements ; deux logements de sous-préfectures ont été réhabilités, trois postes de sécurité mixtes sont en cours de construction, et 30 000 personnes ont bénéficié de l’appui du programme, pour l’obtention de la pièce d’état civil, dans le cadre de la lutte contre l’apatridie.
-Le Programme de Modernisation des villes ( PROM0VILLES). Tenant compte de la forte croissance démographique couplée à l’exode, la cadence d’urbanisation de nos villes évolue à un rythme alarmant, en dehors de toute planification, laissant la majeure partie des populations sans les services de base essentiels que sont la voirie, l’éclairage, le drainage, l’assainissement, les espaces verts, etc. Le coût prévisionnel de ce programme est estimé à 280 milliards de FCFA, sur la période 2015-2025. Le Gouvernement du Sénégal a démarré l’exécution du programme par une phase pilote, à hauteur de 74 milliards FCFA sur fonds propres, et qui est en cours d’exécution pour un linéaire de 103 Km de voiries, le drainage des eaux pluviales, l’éclairage public, et les aménagements paysagers. Une première phase d’un montant de 89 milliards, dont 75 milliards apportés par la Banque Africaine de développement (BAD), est également en cours dans la région de Dakar, et dans 10 communes du pays qui sont principalement des capitales régionales (Saint -Louis, Zi- guinchor, Matam, Louga, Kolda, Tambacounda, Kaolack, Diourbel, Thiès, Mbour).
La phase 2, d’un montant de 84 milliards de FCFA, financés par La Banque Islamique, va concerner les villes de Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Mbour, Touba et Tambacounda. D’emblée, PROMOVILLE se décline en 4 composantes :
-Le développement d’infrastructures routières et leurs dépendances, avec l’objectif de réaliser plus de 700 km de linéaires de voiries, des ouvrages de drainage, d’assainissement, et des aménagements paysagers ;
-La réalisation d’équipements socioéconomiques de base (écoles, postes de santé, gare de gros porteurs, plateformes multifonctionnelles);
– L’appui institutionnel aux collectivités locales, avec en particulier la mise en place d’un système d’information géographique, pour servir d’instrument permettant aux autorités locales de planifier, de réaliser, et de faire le suivi des projets et programmes de développement ;
-Et enfin la gestion des différents projets du programme.
Après cinq années de mise en œuvre, les réalisations sont notables :
– 86 Km de voiries ont été réceptionnés, 42 Km de lignes électriques dont 1400 lampadaires installées, 121, 6 km de réseaux de drainage des eaux pluviales aux alentours des chaussées et 3 stations de pompages sont réalisées dans les zones d’intervention du programme ; 72Km de voiries sont en cours de réalisation ;
-A Matam, 3,5 Km de digue ont été réalisés, et à NGuet NDar, des aires de stationnement des camions frigorifiques, d’une superficie totale de 13 260 M2 ont été érigées ;
-Sur le plan social, 1487 jeunes ont été formés, ainsi que 336 agents de collectivités locales. Ce programme a permis de générer environ 2568 emplois directs.
Concernant l’appui aux collectivités territoriales, le programme a permis la mise à disposition, au niveau de 7 communes, des bases de données urbaines pour l’appui à la mise en place d’un système d’information géographique, et de 13 lots d’équipements pour leurs services techniques.
Ces marqueurs sociaux, combinés à la croissance quantitative née de la mise œuvre du premier PAP, ont, sans aucun doute, donné un nouveau visage social au Sénégal et, au delà, des habits neufs d’un néo-libertarisme africain, basé sur le modèle sénégalais, où plusieurs partis politiques de formations doctrinales différentes, s’unissent autour d’un même programme de développement économique et social, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.
Une nouvelle représentation de la citoyenneté est née avec le PSE et, pour son aboutissement, il faut absolument y associer la pensée de ceux sans lesquels le Sénégal ne serait pas ce qu’il fût et ce qu’il est aujourd’hui. Il s’agit bien des valeurs culturelles de nos ancêtres, sèves nourricières de toutes les actions fécondes basées sur le travail, la connaissance et la foi en Dieu, qui nous permettent de combattre, par l’action, la dépendance et la pauvreté de notre pays. L’égalité est une question fondamentale dans tout programme de politique économique. On se doit de reconnaitre que les performances quantitatives ne se sont pas automatiquement traduites, en Afrique, par la réduction des écarts de revenus et la diminution des gaps en termes de bien-être entre minorité de riches et la grande majorité de pauvres.
Par ailleurs, il est fondamental que la génération, qui bâtit aujourd’hui la croissance de demain, ait en permanence en visière des enjeux de durabilité et de solidarité. Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie de 2001, est l’un des premiers experts à avoir insisté sur le rôle des inégalités comme cause de ralentissement économique. Il est, aujourd’hui, rejoint par plusieurs autres auteurs. Pour le célèbre économiste, la situation sur le plan de la santé et de l’éducation, les liens sociaux, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, la sécurité des personnes, et l’environnement, sont autant d’aspects non monétaires importants du bien-être.
L’ancienne directrice du FMI, Mme Christine Lagarde, insistait, à l’occasion de nos entretiens avec Jean Hervé Lorenzi, sur les dangers de l’inégalité croissante, un thème désormais en toute première ligne de l’agenda poli- tique mondial. Nous avons besoin, soulignait-elle, d’un système financier qui soit plus éthique et davantage tourné vers les besoins de l’économie réelle, un système financier qui serve la société, et non l’inverse.
L’évolution de l’économie mondiale en général, et celle de l’Afrique en particulier, lui donne raison. Bien entendu, nous voulons de la croissance, mais nous voulons également nous assurer :
– Que les gens aient des emplois, ce qui constitue la base pour se sentir intégré à la société et pour accéder à un sentiment de dignité ;
– Que les populations les plus vulnérables et la classe moyenne reçoivent leur part dans la prospérité d’un pays ;
– Que les femmes et les hommes se voient offrir les mêmes chances de participer à l’activité économique ;
– Que la richesse ne soit pas accaparée par une poignée de privilégiés, ce qui implique de la vigilance en matière de gouvernance ;
– Que la croissance soit partagée au sein d’une génération mais aussi avec les générations futures.
Ces paradigmes en matière de gouvernance inclusive me permettent d’ouvrir une parenthèse, pour relater l’histoire de ce roi, toujours au service de son peuple, qui passait sa journée à méditer sur trois questions fonda- mentales: quelle est la personne la plus importante du monde ? Quelle est la chose la plus importante au monde ? Quel est le moment le plus important pour agir ? Il avait posé ces questions à ses ministres et courtisans, et personne n’avait pu lui donner les bonnes réponses ; il se sentait désemparé. Il décida un jour de quitter son palais, vêtu comme une personne ordinaire, et après avoir marché longtemps, il arriva dans un quartier où un vieillard lui offrit l’hospitalité.
En pleine nuit, un grand bruit le réveilla et une personne, les habits couverts de sang, surgit brusquement dans la maison. L’inconnu expliqua qu’il était poursuivi par des hommes qui voulaient l’arrêter. «Eh bien, abritez-vous chez moi, lui proposa le vieil homme», qui le cacha dans une pièce. Le roi, terrifié, ne pouvait se rendormir et, peu de temps après, des soldats arrivèrent en courant. Ils demandèrent au vieillard s’il avait vu passer un fugitif. «Non, répondit-il. Il n’y a personne ici». Les soldats repartirent en hâte, et l’homme qu’ils recherchaient remercia le vieillard, et s’en fut à son tour. Le vieil homme ferma la porte et retourna se coucher. Le lendemain, le roi lui demanda : «pourquoi vous n’avez pas eu peur d’accueillir cette personne ? Il aurait pu nous tuer ! en plus, vous l’avez laissé partir sans même lui demander qui il était ? Dans ce monde, lui répondit tranquillement le vieillard, la personne la plus importante est celle qui est devant vous et a besoin de votre aide ; la chose la plus importante est de l’aider ; et le moment le plus important pour le faire est l’instant présent, et il n’est pas question d’hésiter une seconde».
Les trois questions philosophiques qui tourmentaient le roi venaient de trouver leurs réponses. Ce roi, et tous les dirigeants du monde moderne, doivent comprendre qu’en réalité, l’homme est au début et à la fin de tous les processus de développement, et une croissance non inclusive, qui ne prend pas en compte la multi dimensionnalité des besoins des populations, est de l’opulence sans but, vouée à l’échec.
Si l’Afrique veut réaliser son plein potentiel de développement, et devenir un pôle de croissance mondiale dans les décennies post Covid, elle doit plus que jamais mettre en œuvre des politiques volontaristes, pour réduire les inégalités et promouvoir l’inclusion. Avec une croissance inclusive, clé de voûte de la stabilité et de la durabilité du développement, tous les segments de la société sont concernés et impliqués. C’est bien là l’objectif pour lequel le Sénégal s’est en- gagé depuis quelques années, et cette politique commence à por- ter ses fruits. Malgré la crise de la Covid-19, elle sera poursuivie et amplifiée, à travers le PAP2 A A.
Source: Magazine Tam Tam, numéro 5, septembre 2020
Un commentaire
Bla bla bla bla Le Sénégal champion de la corruption à tous les étages de la mauvaise gouvernance , des incompétents au pouvoir, soutenu par des religieux de pacotilles et des Marabouts gansters. Vive les moutons Sénégalais