La conférence annuelle de l’agence Bloomfield Investment Corporation sur le risque pays a charrié du monde. Mais cette quatrième édition, à 43 jours des présidentielles tendues, et dans un contexte de pandémie de la Covid-19, comportait des enjeux particuliers. Tous, analystes financiers, observateurs, diplomates, banquiers et économistes attendaient le rapport annuel et, dans ce document assez fouillé, la note attribuée par rapport à celle de l’année dernière, résume l’érosion du contexte socio-politique de la première économie de l’UEMOA.
Cette note dévoilée en marge de la conférence annuelle Risque-Pays est concentrée sur le tableau ci-dessus, offrant une comparaison immédiate avec l’année dernière. Ainsi, il ressort que le pays a obtenu une note globale de 5,7 points contre 6,1 l’année dernière. En décomposant ce chiffre, l’on remarque que le score sur le climat des affaires (7 points) reste inchangé entre 2019 et 2020. Idem pour la gestion des finances publiques (6 points) et la solidité du système financier (5 points). Par contre, sur le risque socio-politique, le pays subit une décote avec une note établie à 3,5 points contre 4,5 points l’année dernière.
Il faut le dire, le risque socio-politique posé par le troisième mandat du président sortant, ajouté à l’exclusion des personnalités politiques de la course aux présidentielles et les manquements présumés de la Commission électorale indépendante (CEI) ont exacerbé les tensions politiques à l’approche de la date fatidique du 31 octobre. « Cette situation, qui a déjà conduit à des pertes en vies humaines et des dégâts matériels, pourrait déboucher sur un conflit majeur à l’instar de la crise postélectorale que la Côte d’ivoire a connue en 2011 », relève Bloomfield dans son rapport.
Au risque politique, s’ajoute le contexte de la pandémie. La quasi-totalité (98%) des entreprises ivoiriennes ont été impactées par la pandémie de la Covid-19 selon une enquête réalisée par la CGECI, patronat ivoirien. En outre, 84% des entreprises enregistrent une baisse de chiffre d’affaires, près de 8 entreprises sur 9, soit 87%, ont vu leur activité réduite ou suspendue, plus de 50% des entreprises ne pourraient pas survivre au-delà de 3 mois en cas de continuité de la Covid-19 et 70% ont vu une baisse de leur trésorerie.
En clair, le pays qui voit sa croissance de 2020 ramenée à 1,8% (FMI) avant de reprendre un taux supérieur à 6% en 2021 doit négocier deux virages abrupts: celui de la maîtrise du covid-19 et celui, immédiat, de la bonne supervision des présidentielles à venir.