Accusant, la chaîne française, M6, d’avoir diffusé un «documentaire biaisé» sur le Hirak lors de l’émission “Enquête exclusive”, intitulé “Algérie, le pays de toutes les révoltes ’’, les autorités algériennes ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Après avoir condamné avec la plus grande énergie l’attitude de M6, le ministère de la communication a déposé, mercredi 23 septembre, une plainte contre la chaîne de télévision privée. Motif : tournage de l’émission en Algérie, sans l’accréditation prévue par la législation en vigueur.
L’émission a abordé plusieurs thématiques, qui ont fâché les autorités algériennes, à savoir le chômage des jeunes, la corruption et le régime autoritaire …. La société algérienne est brocardée sur plusieurs thèmes. « Aux yeux de la loi, elles [les femmes] sont mineures à vie. Il leur est interdit de voyager ou de travailler sans l’aval d’un tuteur, leur père, leur frère ou leur mari», relate M6 qui fait le procès d’une société arabe figée dans une interprétation rigoriste de l’Islam. Certes, l’Algérie n’est pas l’Arabie Saoudite, mais dans l’un comme dans l’autre pays, les questions de l’héritage, de la femme, mineure à vie, se rejoignent comme du reste dans la plupart des pays musulmans. Pour autant, la femme algérienne n’a pas besoin d’une autorisation pour voyager.
Cette audace de la part du sixième réseau français de télévision n’a pas laissé indifférent les algériens, qui se sont vivement exprimés à travers les réseaux sociaux. L’une des participantes à ce documentaire a déclaré : « je suis vraiment déçue par votre manque de professionnalisme et je regrette vraiment d’avoir participé à votre reportage. Lorsque vous m’avez contacté, il a été question qu’on parle de l’émancipation de la femme algérienne. J’étais loin de m’imaginer que j’allais être utilisée, moi et mon mari, pour donner une mauvaise image des femmes et des hommes algériens et de notre pays».
Critiquant le reportage de M6, le ministère de tutelle a déploré qu’à l’approche de chaque rendez-vous électoral, “crucial” pour l’Algérie et son avenir, “des médias français s’adonnent à la réalisation et la diffusion de reportages filmés et autres produits journalistiques, dans le but de tenter de démotiver le peuple algérien, notamment sa jeunesse”. Pour sa part, la chaîne M6 a, dans son communiqué, contesté les accusations du ministère de la Communication et « demande aux autorités algériennes de revenir sur leur position de boycott afin de poursuivre de façon objective et sans aucune polémique sa mission d’information ». Des tensions sont souvent constatées entre les autorités algériennes et les médias français. Ces derniers sont accusés de vouloir s’ingérer dans les affaires intérieures du pays.
En restera-t-on là? Interrogé mardi 22 septembre à propos de la décision de l’Algérie d’interdire à M6 d’opérer dans ce pays, mais aussi sur les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune concernant l’ONG Reportes sans frontières (RSF), Agnès von der Mühll, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a affirmé que la France soutenait toujours « la liberté de la presse » et que le droit d’informer était un « droit fondamental ».