Anesthésié par un embargo en vigueur depuis 1997, le Soudan n’a pas le choix. Pour voir la levée des restrictions financières et économiques qui le frappent, le naguère plus grand pays africain par la superficie, doit indemniser les victimes du double-attentat de Nairobi et Dar Es Salam de 1995 (un montant de 300 millions de dollars est avancé), avancer dans le processus de paix au Darfour et reconnaître l’Etat d’Israël. C’est le message qu’avait porté Mike Pompeo de passage à Khartoum il y a quelques jours. C’est le même qui a été répété ce 23 septembre aux Emirats Arabes Unis à la délégation soudanaise venue assister aux pourparlers de paix arabo-israéliens.
Le président du conseil, Abdel Fattah al-Burhan, et son premier ministre, Abdellah Hamdok, ont tout d’abord prétexté que la reconnaissance de l’Etat Hebreu ne faisait pas partie de leurs pérogatives préférant refiler la patate chaude au futur gouvernement démocratiquement élu. Mais depuis quelques semaines, la reconnaissance d’Israël est en passe de se banaliser puisque dans le sillage des Emirats Arabes Unis et de Bahreïn, il se murmure que de grands pays « modérés » sont sur le point de basculer dans un schéma du nouveau Grand Moyen-Orient où l’ennemi commun ne serait plus sur les rives du Jourdain mais dans le territoire de l’ancien empire Perse. La Palestine et ce qui en reste passera par perte et profits, au nom de la pax americana. Le Soudan souscrira-t-il en échange du retrait de son nom de la liste des pays sponsors du terrorisme? Pour l’heure, c’est un niet catégorique qui est opposé aux américains. Pour combien de temps encore ?