Le numérique prend toute sa part dans l’émergence économique ouest-africaine. Et c’est une grande partie de l’économie qui a pris ce virage impulsée par de nombreux entrepreneurs qui ont fait leur classe entre l’Afrique et le reste du monde du monde. Face à l’éclosion de l’écosystème, certains entrepreneurs se démarquent à l’instar d’Ibrahima Kane co-fondateur de Gaynako.
L’Afrique de l’Ouest se numérise à vitesse Grand V et la propagation de cette tendance est bien alimentée par certains entrepreneurs aux ambitions sans limite. Et la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’accélérer la tendance. Chez Gaynako, entreprise spécialisée dans la production de contenus à destination du web, c’est une vision long terme qui prédomine. «Au Sénégal, les entrepreneurs sont davantage sensibilisés sur l’utilité d’une communication optimale sur le numérique et les réseaux sociaux. Et aujourd’hui, les données en terme de convertibilité client sont vérifiables», indique Ibrahima Kane, son cofondateur. Il s’agit d’une donnée non négligeable au Sénégal où selon un récent rapport des autorités de régulation, près de 80% du territoire est désormais couvert par la 4G. Et selon un rapport d’Hootsuite, 3,4 millions de Sénégalais sont inscrits sur au minimum un réseau social. Cela correspond à près d’un cinquième de la population totale que compte le pays.
Pour l’heure, la jeune start-up spécialisée sur l’animation des réseaux sociaux et productions de contenus mise sur le marché sénégalais avant une extension sur l’ensemble de la sous-région francophone.Si cette stratégie peut s’avérer risquer tant les marchés sont fluctuants. Les chiffres peuvent donner du crédit à cette vision.Selon certaines associations de consommations ouest-africaines, la communication via les réseaux sociaux pourraient être à l’origine d’une augmentation de 30 % du chiffre d’affaires des entreprises grâce au numérique par rapport aux ventes en physique.
Afrique IT News et Vudaf, des plateformes phares ?
Si la production de contenus n’est pas compliquée à réaliser, il faut en revanche créer des plateformes à fortes audiences capables de les accueillir en boostant la visibilité des entreprises. Et sur ce secteur, l’Afrique connaît une croissance exponentielle. Selon une étude menée par Ecommerce Europe, le nombre d’internautes auraient augmenté de 43% ces deux dernières années. L’impact est donc considérable au niveau des marchés publicitaires auprès d’un public jeune et davantage connecté. Les sites internet à fortes audiences se multiplient. Vudaf (contraction de Vu d’Afrique) est une illustration de cette tendance de fond. L’entreprise a ainsi enregistré une audience d’ 1,3 millions de visiteurs uniques en moins d’un an. Une tendance dans laquelle s’inscrit également Afrique IT News. «Si pour l’heure, elle ne compte que 10 000 lecteurs mensuels, son chiffre devrait rapidement croître sur le moyen et long terme», parie Ibrahima Kane. Si le Sénégal représente un bon marché, c’est toute l’Afrique francophone qui pourrait surfer sur la même tendance. «Nous avons des clients à Maurice, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie, au Mali ou encore en Guinée», indique-t-on au sein de Gaynako. Les marchés des pays francophones deviennent très prisés et les investisseurs commencent à s’y intéresser. Le rapport de Partech Africa indique que 250 levées de fonds ont été réalisées par 234 start-ups en 2019 contre 146 l’année précédente et le Sénégal arrive en tête des pays francophones avec 16 millions de dollars levées via six transactions. Même si le Sénégal est encore loin de certains mastodontes comme le Nigeria ou l’Egypte, la prise de conscience commence à produire son effet. « Les marchés dits francophones représentent d’importantes niches de consommateurs et d’entreprises. Mais les investisseurs s’en détournent en raison peut-être de la barrière linguistique», estime Ibrahima Kane qui a passé quelques années en France – un passage salutaire dans la construction de l’entrepreneur qu’il est devenu. «Au Sénégal, il y a une forme de créativité. En France, les jeunes entrepreneurs sont davantage encadrés et la notion de prise de risque calculée est très ancrée dans les mentalités », analyse-t-il. Puis il poursuit : «Dans l’espace francophone, en France et au Sénégal, il y a parfois des complexes face aux anglophones. Ceux-ci ne sont pas fondés car la francophonie regorge de potentiels et tout n’est pas positif dans les pays anglophones qui peuvent eux aussi tirer des enseignements de cette francophonie innovante et entreprenante », indique-t-il. Ce métissage des horizons constitue ainsi une véritable force pour Ibrahima Kane qui s’est également aguerri dans le business à New-York avant de retourner au Sénégal. Le métissage et la diversité des parcours est aussi un atout pour la tech et son expression dans la francophonie.