Les lendemains de mariages sont souvent difficiles. Le géant sud-africain Sanlam, numéro un de l’assurance sur le continent africain, a provisionné 7,8 milliards de rand (453,33 millions de dollars) au premier semestre en charges de dépréciation liées principalement à l’acquisition de Saham Finance en 2018, selon S&P Global Market Intelligence qui relaye une information de Reuters.
Le groupe sud-africain a révélé une baisse de son résultat opérationnel, de 35% à 45%, en raison de la baisse des revenus de commissions et de l’augmentation du provisionnement dans ses activités de financement spécialisé et de crédit de détail. Selon nos informations, l’ex périmètre de Saham Finance fait l’objet de préoccupations au sein du management de Sanlam.
D’après le site marocain Telquel, « l’ex-groupe marocain a aussi engendré une dépréciation de 340 millions de dollars de ses actifs incorporels ». C’est dire que la dépréciation du fait de l’acquisition de Saham Finances représente près de 75% du total de la dépréciation provisionnée par le groupe. Cette décision marque le tempo du tout nouveau PDG de Sanlam, Paul Hanratty, lequel, apparemment, a décidé de remettre de l’ordre dans le groupe, en commençant par rectifier ce qui semble avoir été une acquisition « largement surestimée » de Saham Finance.
Une patate chaude pour Emmanuel Brûlé
En effet, le taux de retour sur investissement présenté est bien en deçà des attentes du groupe Sanlam et de ses actionnaires, et ce taux devrait se dégrader en 2021 avec le relèvement du capital social à 5 milliards de FCFA des compagnies d’assurances ayant leur siège social en zone CIMA comme exigé par le régulateur. D’après les analystes financiers, cette décision de provision pour dépréciation va permettre de corriger facilement le taux de retour sur investissement par rapport au montant investi au niveau de Saham Finances et à l’ anticipation du relèvement du capital des filiales de Saham Finances qui sont pour la quasi-totalité basées en zone CIMA. Mais cette ingénierie financière, qui peut ressembler à du window dressing pour estomper les erreurs d’appréciation des actifs de Saham Finance, sera-t-elle suffisante ? Certainement pas.
La question de la profitabilité couplée au risque ainsi qu’au rendement du capital va très certainement amener le Groupe Sanlam à se séparer de certaines filiales en Afrique subsaharienne, trop petites, difficiles à gérer et promises à une vente en pièces détachées. C’est un signal fort, qui risque d’être suivi par d’autres actions au sein de l’ex périmètre Saham Finances, qui finalement est arrivée au maximum de son potentiel, malgré les changements organisationnels qui n’ont pour l’heure accouché que de dirigeants réduits à jouer aux chaises musicales sans réellement apporter plus de valeur. Selon certains cadres, le Groupe Sanlam va très probablement se diriger vers une organisation en hub (CIMA, Afrique du Nord, Afrique de l’Est, Afrique Australe), afin de vider le poids de Casablanca dans le pilotage des filiales et diminuer les couches qui créent un véritable goulot d’étranglement.
Ce rapprochement à la base, entre les filiales et Sanlam SEM permettra enfin de faire ressortir les effets de la synergie tant attendue à laquelle l’organisation actuelle ne peut aboutir. Qui de Heinie Werth ou d’Emmanuel Brulé sera appelé à réaliser cette transformation ? Cet écran casablancais masquerait les vraies performances de l’ex périmètre de Saham Finance. Sans vision manageriale forte, avec des dirigeants historiques subtilement poussés sur le départ, Sanlam qui a acheté cher fait du surplace tant au Sud du Sahara qu’au Maroc où le secteur de l’assurance a été plombé par un confinement précoce et l’activité de Saham par un changement managerial toujours non digéré entre Nadia Fettah (actuelle ministre marocaine du Tourisme) et Emmanuel Brulé. Ce dernier, en charge de SPA GI (branche assurance dommages) voit une pression supplémentaire sur ses épaules.