La société civile gabonaise, avec l’appui conjoint du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright et de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba, remettent ce mercredi 30 septembre, au gouvernement gabonais, une étude réunissant un ensemble de recommandations visant à promouvoir les droits de la femme et à réduire les inégalités femmes – hommes au Gabon.
Le Gabon peut s’appuyer sur des acquis réels pour améliorer la situation des femmes : parmi les états d’Afrique subsaharienne, le pays figure déjà̀ en bonne position en matière de participation des femmes à la vie politique avec le renforcement régulier ces dernières années de la règlementation et l’émergence à très haut niveau de personnalités féminines, parmi lesquelles Christiane Ossouka Raponda, actuelle Premier Ministre. Par ailleurs, le Gabon a également l’un des taux de scolarisation au primaire les plus élevés d’Afrique. Cependant, d’importantes inégalités juridiques, sociales et économiques subsistent.
Le rapport révèle particulièrement que la scolarité des gabonaises est fortement affectée par les grossesses précoces qui concernent près 50% des 15-19 ans, que les femmes gabonaises représentent 90% des victimes de violences sexuelles et 83% des victimes de violences économiques, ou encore que les femmes gabonaises sont deux fois plus touchées par le VIH que les hommes. Les travaux menés, résultat d’un processus de concertation de plus d’un an entre acteurs publics, privés et associatifs ont permis de faire émerger six domaines d’actions clés : les violences faites aux femmes, l’éducation, la santé, le droit de la famille, l’émancipation économique, l’émancipation politique. Cet ambitieux plan d’action permettrait de toucher 1,8 millions de bénéficiaires.
Parmi les recommandations majeures, le rapport met notamment en avant l’importance de corriger l’asymétrie des droits et les dispositions discriminatoires dans le domaine de droit de la famille gabonais. Le rapport révèle, par ailleurs, la nécessité de déployer un dispositif législatif, juridique et social pour protéger les victimes de violences, par la facilitation de l’accueil des victimes dans les commissariats, la mise en place de cliniques juridiques pour accompagner les victimes dans le dépôt de plainte et la création de refuges pour accueillir les mères victimes et leurs enfants les accompagnant vers l’indépendance économique.
La proposition de créer un Observatoire du droit des femmes s’inscrit également dans la volonté d’accompagner le déploiement de cette stratégie nationale par un outil de suivi des indicateurs sur les avancées en matière de droits des femmes. Alors que la place tenue par les femmes s’est révélée à la fois essentielle et fragilisée face au Covid-19, le Gabon fait ainsi le choix courageux de miser sur l’égalité des genres pour sa relance économique et sociale.