La grande incertitude de l’économie mondiale risque de provoquer la plus grande catastrophe sociale jamais vue depuis le déluge. En effet, face à une probable deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 en Europe, ventre mou de la pandémie, les analystes ne tablent plus sur une reprise en V mais sur quelque chose de jamais vu jusque-là.
« Nous craignons désormais que les mesures de confinement qui doivent être prises par les autorités aient un impact sur cette reprise, et donc, au lieu de la reprise en V que nous attendons et espérons tous, nous craignons que la deuxième branche du V soit un peu plus tremblante », a déclaré mardi Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) dans une intervention préenregistrée lors d’une conférence organisée par le Wall Street Journal.
En dépit de ce pessimisme de la BCE, les signaux de reprise se dessinent. Premier pays touché par l’épidémie de coronavirus en Europe en février, l’Italie table sur une hausse de son déficit public à 10,8% du PIB en 2020 ramené à 7% en 2021, selon une mise à jour du projet de loi de finances adopté dans la nuit de lundi à mardi. La péninsule, où la pandémie a fait près de 36.000 morts, prévoit grâce à un vaste programme de relance européen une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 6% en 2021.
En dehors de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie, l’Afrique devrait tirer son épingle du jeu en tant que l’une des zones du monde les moins touchées. Mais la trop dépendance des 54 pays du continent par rapport à leurs clients et fournisseurs et les faibles échanges entre eux les prédisposent à être des importateurs nets de la crise, des peurs et des conséquences désastreuses du Covid-19.
Les économistes tablent sur une reprise en K
Dans un monde qui n’a jamais vécu une telle épreuve, des économistes parlent désormais de reprise en K selon l’économiste américain Joe Brusuelas, qui théorise une nouvelle analyse loin des L, V, W et U jusque-là usitées. Dans ce type de reprise chaotique, certaines branches sont privilégiées comme la tech et constituent la branche haute du K. Les cours de Amazon, Apple et Tesla, et Microsoft suffisent à le prouver.
D’autres broient du noir et s’accrochent à la branche basse du K. Cas de l’aérien avec un paquet de 800 emplois perdus à la Royal Air Maroc, la compagnie sud-africaine SA à la recherche d’un repreneur ou encore Ethiopian Airlines fonctionnant avec seulement 10% de son potentiel. La reprise en K fait le bonheur du porteur de l’action, petit ou grand porteur mais pas forcément de l’employé. De ce point de vue, le Covid-19 n’a rien inventé, creusant une tendance réelle depuis des décennies. Aux Etats Unis, temple des inégalités, 52% de la capitalisation boursière est détenue par les 1% les plus fortunés. La reprise en K va dans un premier temps accentuer les inégalités dans une sorte de destruction créatrice de Joseph Aloïs Schumpeter devant déboucher sur des aubes nouvelles. La question : c’est pour quand le printemps ?