Par Samir Bouzidi, Ethnomarketer & expert international en mobilisation des diasporas africaines. Entrepreneur engagé – fondateur de la startup solidaire “Impact Diaspora”.
Faire parler les chiffres…et tenter de lever le flou concernant l’apport économique réel des Tunisiens résidents de l’étranger (TRE) pour être en mesure de comprendre et redynamiser la mobilisation de la diaspora, telle est l’approche avant-gardiste de la Tunisie via une dernière initiative du programme « ProGreS Migration » de la GIZ (UE/BMZ) associé aux institutionnels tunisiens (Ministère de l’industrie et Banque Centrale).
A ce stade pour apprécier la pertinence de cette première en Afrique, il est bon de rappeler que les datas et les statistiques publiques constituent le maillon faible traditionnel dans la connaissance des diasporas et à postériori dans les stratégies publiques d’engagement. Aussi paradoxal soit-il, alors que les diasporas représentent de 2 à 35% des PIB selon les pays africains, aucun Etat n’est aujourd’hui en mesure de répondre avec précision à ces deux interrogations pourtant essentielles : quelle et la taille de ma diaspora ? Quel est le montant de toutes les contributions économiques, financières et sociales de la diaspora ? Des manques qui présagent de l’étendue et surtout de l’urgence du chantier du profilage démographique et économique des diasporas africaines à l’heure où celles-ci sont ardemment invitées à investir et s’investir davantage au pays d’origine dans le cadre d’un nouveau « diaspora round » ( https://www.financialafrik.com/2020/10/02/conference-formation-la-mobilisation-des-diasporas-au-programme-des-agences-publiques-africaines-dinvestissement/ )
Ainsi, la Tunisie tout comme le Sénégal qui vient de lancer le recensement de sa diaspora, ouvrent chacun dans leur domaine respectif, une voie durable basée sur la science avec à la clé, des horizons nouveaux en matière de stratégies publiques d’engagement des diasporas africaines.
Pour revenir au fond de l’étude des contributions de la diaspora tunisienne, l’enjeu est ici essentiel puisqu’il s’agit de circonscrire avec une exigence d’exhaustivité, les apports économiques et financiers directs de la diaspora au-delà du cadre connu des transferts financiers formels (4,9% du PIB tunisien) : épargne, créations d’entreprises, immobilier, consommations dans le pays (vacances, e-commerce…) ou à l’export, impôts et taxes locales, recettes douanières, frais consulaires, taxes aéroports… Sur le plan méthodologique, la mission confiée à Deloitte prévoit de compiler, traiter et modéliser toutes les datas diasporiques à partir d’une centaine de sources publiques et privées. Et à la lumière des résultats obtenus, elle produira des recommandations suivant ces deux axes stratégiques : institutionnaliser des indicateurs diasporas et relancer l’engagement de la diaspora par de premières actions structurantes. Sur ces points, l’expertise de la startup Impact Diaspora, spécialisée dans l’engagement 2.0 des diasporas africaines, a été sollicitée.
Les conclusions du recensement sénégalais et de l’étude tunisienne sont attendues pour le premier trimestre 2021…espérons qu’elles en inspireront d’autres ailleurs !
Un commentaire
Oui c’est la bonne approche, faire parler les datas surtout qu’elles ne manquent pas sur les diasporas : transferts, billets d’avions, ouvertures de comptes bancaires…