Par Khalid Cherkaoui Semmouni, Chercheur en sciences politiques et relations internationales
Le Dialogue inter-libyen au Maroc pourrait-il parvenir à un consensus sur les points de conflit et créer un climat propice pour adopter une solution politique globale, surmonter la crise en Libye et maintenir la stabilité et la prospérité en ce pays déchiré par la guerre civile ?
Le 6 octobre 2020 à Bouznika , ville côtière au sud de la capitale Rabat, les délégations libyennes représentant le Parlement de Tobrouk et le Haut Conseil de l’Etat, ont signé un accord en présence du Ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita , dans le deuxième round, qui intervient près d’un mois après un premier round ayant réuni les deux parties (06-10 septembre dernier) à la même ville , et qui a abouti à un accord global sur les critères et les mécanismes transparents et objectifs pour occuper les postes de souveraineté libyenne: la banque centrale, la commission anti-corruption, la Haute Commission électorale et le Conseil de la magistrature.
Ces accords interviennent en application de l’article 15 de l’accord politique libyen conclu à Skhirat en décembre 2015 et en confirmation des conclusions de la conférence de Berlin soutenant la solution politique et sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Les compromis doivent être soumis au Parlement de Tobrouk et au Haut Conseil d’Etat pour approbation.
Il est incontestable que ce dialogue inter-libyen de dialogue , qui s’est distingué par un esprit de responsabilité et de consensus , s’achemine vers une solution politique susceptible à mettre fin à la guerre civile qui n’en finit pas depuis l’intervention militaire occidentale menée en 2011 par l’occident , qui a abouti à la chute du colonel Muammar al-Kadhafi, et par conséquent , la Libye est plongée dans un chaos permanent , devenue un Etat éclaté , plus fracturé que jamais, entre régions, cités-Etats et tribus rivales, et la proie des ambitions concurrentes de puissances extérieures.
Ce qui est important , il s’agit d’un dialogue inter-libyen et non d’un dialogue sur la Libye et que ce dernier est mené par les Libyens eux-mêmes sans aucune ingérence. C’est une initiative marocaine , sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour parvenir à un consensus politique qui va contribuer à la stabilité et à la prospérité en Libye , et qui permettra à ce pays de sortir de la crise qu’il connaît depuis des années.
En effet , le Maroc adopte une position constructive, basée sur une neutralité positive. Et grâce à sa politique étrangère fondée sur les principes de paix et de sécurité, aussi bien en Afrique que dans le monde arabe, et aussi à son expérience en médiation , le Maroc a su jouer un rôle primordial dans le processus des négociations entre les parties belligérantes, en rapprochant les points de vue divergents entre elles , et en créant un climat propice pour parvenir à une solution politique globale.
Par ailleurs , le rôle constructif et actif du Maroc dans la facilitation du dialogue libyen a été largement salué et apprécié par les capitales occidentales et arabes et par plusieurs organisations internationales et régionales, à leur tête l’Organisation des Nations-Unies (ONU) qui soutient toutes les initiatives qui permettraient de faire progresser et de compléter les efforts de paix en cours pour la résolution de la crise libyenne, y compris les derniers efforts du Maroc qui a abrité les séances du dialogue inter-libyen.
De son côté, l’Union Européenne (EU ) a salué et encouragé l’initiative marocaine comme une contribution opportune aux efforts déployés par les Nations unies en vue d’une solution politique de la crise en Libye, de nature à garantir la cohésion du pays, son intégrité territoriale et sa souveraineté.
D’autre part , l’Espagne a salué l’initiative marocaine visant à renforcer le dialogue entre les différentes parties libyennes pour parvenir à une solution politique au conflit dans le cadre des efforts des Nations Unies à ce sens . Aussi , la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) a salué les accords conclus entre les parties libyennes .
D’autant plus , les accords de Bouznika représentent la feuille de route pour les nouvelles négociations qui se dérouleront à Genève mi-octobre pour entériner les recommandations prises au Maroc. Il s’agira, de confirmer la création d’un nouveau conseil présidentiel, un gouvernement d’union nationale avec un nouveau Premier ministre consensuel et la constitution d’une armée véritablement nationale.
Sûrement , le efforts déployés par la diplomatie marocaine vont récolter les fruits de la paix, de la sécurité et la démocratique en Libye . Cela aboutira à l’adoption d’une nouvelle Constitution permettant de créer le poste de chef de l’Etat qui n’existe pas en Libye.